Trans Musicales de Rennes: Les artistes de 2016 sont-ils tous transgenres ?
LEXIQUE•House, synthpop, funk soul… Les artistes programmés aux Trans Musicales de Rennes accumulent des étiquettes de genre…Benjamin Chapon
Pour recruter les internautes qui accompagneront les journalistes de 20 Minutes aux Trans Musicales de Rennes du 1er au 4 décembre, nous avions mis en place un questionnaire. L’une des questions portait sur les « genres musicaux préférés » des candidats. C’était une question piège.
A quelques exceptions près, comme le reggae ou le metal (encore que…), il est devenu impossible de définir les genres musicaux des artistes de 2016 avec les bonnes vieilles étiquettes rock, rap, folk, soul… La preuve avec la programmation 2016 du festival de découvertes rennais. En parcourant les fiches artistes, on est assommé de noms de genres et sous genres, que ce soit « l’électroclash » de Rebeka Warrior, le « post-dubstep » d’Aïsha Devi ou la « PC music » de Sônge.
Les Rencontres Trans Musicales ont ainsi développé un lexique musical exhaustif en ligne avec le jeu de l’ouïe. Hélas, comme rien n’est jamais simple, la plupart des artistes de 2016 cumulent les genres musicaux. Mome navigue ainsi entre downtempo et synthpop. Khidja fait mieux et cumule les références space disco, acid house, krautrock, et new wave. Dernier exemple, Owl Vision, parfois désigné « roi de la death électro » se situe quelque part entre synthwave et techno martiale…
Minimale rétrofuturiste
Lire le programme du festival permet tout à la fois de redécouvrir des genres musicaux historiques remis au goût du jour par les artistes mais aussi d’identifier les mentions récurrentes. La scène Ghetto House sera ainsi bien représentée, notamment avec Slowbody. C’est surtout la synthwave qui s’impose. Julien Manaud, co-fondateur de la maison de disques Lisbon Lux Records, vient de Montréal jusqu’à Rennes pour accompagner son artiste Das Mortal : « La synthwave est clairement le son électro du moment, héritier de la French Touch en quelque sorte, mais tout de même assez difficile à définir. » Comme de nombreux autres genres musicaux du moment, la synthwave est obsédée par les sons et outils des années 1980 et affirme une sorte de philosophie rétrofuturiste.
Pour mieux définir leurs musiques sans subir les étiquettes, certains artistes s’inventent des genres. BCUC désigne sa musique comme une « funky soul indigène », No Zu revendique sa « Heat Beat », Anna Clue parle de sa techno comme d’une « high-tech minimale » et le très attendu Comah a inventé le terme « minimale progressive ». L’adjectif « minimale », hérité de l’histoire de la house, est d’ailleurs l’un des termes récurrents dans les genres musicaux du moment. Etrangement, ces genres musicaux désignent de moins en moins la musique jouée en elle-même mais plutôt le matériel musical utilisé et la tradition dans laquelle l’artiste souhaite s’inscrire. Quand Hraach identifie sa musique comme de la Deep House, il fait un clin d’œil aux connaisseurs mais ne se gêne pas pour en trahir les standards, notamment en accélérant largement le rythme traditionnellement compris entre 120 et 130 BPM.
Jean-Louis Brossard, programmateur des Trans Musicales, est ainsi tout à la fois embêté et amusé quand il s’agit de définir la musique des groupes qu’il est allé chercher de par le vaste monde : « Les genres musicaux changent, évoluent, reviennent… Mais ce qui n’a jamais pas changé, c’est mon mode de sélection : le plaisir que j’ai à écouter une musique, quelle qu’elle soit. »