Les breakers français entrent dans la danse au Japon
DANSE•Deux français sont en lice au Red Bull BC One, l’équivalent du championnat du monde solo de breakdance, qui se tient samedi à Nagoya...Ingrid Shéyen Gamboa
A plus de 9600 km de chez eux, un Stéphanois et un Lyonnais attendent leur tour. Dans la grisaille nipponne, 15 des danseurs hip-hop les plus remarqués du circuit international de bbboying (breakdance) se scrutent dans la « Bboy room » installée pour l’occasion à l’Hôtel Crowne Plaza au cœur de Nagoya.
Parmi eux, Soso, 28 ans, de Saint-Etienne. Son regard, toujours aussi difficile à capter sous sa visière de casquette, semble pourtant plus déterminé que jamais. Dans le lobby de l’hôtel, ce compétiteur de battles depuis 15 ans se confie : « Mon approche technique a évolué. Mon expérience du monde du spectacle (il a participé à plusieurs créations) m’a beaucoup apporté dans le jeu de scène notamment. C’est toujours le SOSO style, aérien et technique, powermoves (figures de performance) et tricks avec la touche en plus : mon caractère. J’ai le style français : de l’arrogance et du rentre-dedans, toujours respectueux, mais c’est un battle et il faut aller au bout ! »
D’autant qu’il n’en est pas à sa première fois. Le BC One à Moscou en 2011 lui laisse un goût amer. « J’étais jeune et c’était l’une de mes premières grandes compétitions internationales. J’ai dansé dès le premier tour contre l’américain Roxrite, l’une des figures emblématiques de la compétition. J’ai voulu faire un question-réponse au lieu de montrer réellement mes capacités. Je ne referai pas ça samedi ! » L’invitation officielle pour la finale internationale du Red Bull BC One, à Nagoya, est pour lui. Une nouvelle chance de briller. « J’ai été fier qu’on me refasse confiance. J’ai plus de maturité aujourd’hui. Je suis prêt. Je ne pense plus aux autres, c’est un défi contre moi-même. »
Un programme sur mesure
A battle d’envergure, entraînement idoine auprès de Sylvain Thomas, préparateur de combattants professionnels de MMA. « Pendant 21 jours, j’ai suivi un programme conçu spécialement pour ma danse. J’ai travaillé aussi pas mal la proprioception, un travail des petits muscles proches des tendons. » Après les tribulations de la grève chez Lufthansa, l’autre opportunité française doit encore passer une épreuve : celle du Last Chance Cypher.
Willy, 21 ans, originaire d’Annonay dans la région lyonnaise vient tout juste d’arriver en terre nipponne. Il lui reste quelques heures pour avaler le jet lag et jouer sa dernière carte, ce jeudi 1er décembre, pour rejoindre les 15 sélectionnés d’office pour la finale de samedi. Qualifié au Cypher France en juin dernier à Paris, il rencontrera les bboys qui ont suivi le même circuit dans les 38 autres pays de la compétition.
Des étoiles dans les yeux, le sourire aux lèvres et sa valise encore à la main, il raconte « Depuis que je suis tout petit, je regarde toutes les vidéos du BC one. Mon rêve c’était de venir au Japon, et aujourd’hui, ces deux rêves se réalisent. Je ne veux pas me mettre la pression… » Depuis quelques mois sur la tournée du spectacle Flying Illusion, c’est dans les coulisses des théâtres qu’il s’est préparé. « Je me suis entraîné avec des danseurs du spectacle d’autres styles comme Ukay et Robozee en hip-hop new style. Ils m’inspirent. Mon point fort, c’est la technique mais aussi le fait que personne ne me connaît vraiment. Je suis l’effet de surprise… et j’ai envie de me surprendre moi-même ! » Réponse tout à l’heure… Kôun à tous les deux ! (Bonne chance en japonais)
>>>Pour ceux qui voudraient regarder le Red Bull BC One en live depuis leur salon, ça se passe ici