Au Salon du livre jeunesse de Montreuil, l'heure est à la battle littéraire
KIDS•A la manière des booktubeurs, collégiens et lycéens s’affrontent sur scène ce vendredi pour défendre leur livre préféré…Caroline Delabroy
Trois minutes pour convaincre. Trois minutes pour défendre le livre de son choix, seul ou en groupe, devant d’autres collégiens et lycéens. Depuis cinq ans, le Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis organise ces battles littéraires, inspirées du succès des booktubeurs.
« Nous avions envie de mettre en avant la parole des jeunes lecteurs, et la façon dont ils inventent de nouvelles formes, indique Nathalie Donikian, directrice littéraire. A chaque fois, c’est un grand moment de dynamisme dans le salon. Les ados sont très investis dans la lecture et dans la façon de convaincre les autres. »
Rendez-vous est donné à 17h30
Ce vendredi 2 décembre, cela se jouera sur la Scène des Pépites, de 17h30 à 18h30. Elèves en 6e au collège Valmy à Paris (10e), Emma, Dahlia, Issambre ou encore Azadée vont porter les couleurs de Miss Peregrine et les enfants particuliers, roman de Ransom Riggs paru chez Bayard.
« Ils ont aimé le côté fantastique et plein d’aventures, la belle histoire d’amour et les photos en noir et blanc qui donnent, disent-ils, un effet mystérieux au livre, et puis aussi qu’il y ait une suite et une adaptation au cinéma », explique Marylène Guarino, leur professeur documentaliste.
De la théâtralité pour donner envie de lire
Dans le cadre du club de lecture qu’elle anime chaque semaine au collège, le groupe a travaillé la présentation avec une comédienne. En s’appuyant sur un canevas écrit par les élèves : deux minutes pour résumer le livre, et une minute pour donner envie de le lire.
« Lors de notre précédente participation, nous avions axé sur le côté critique littéraire, on s’est rendu compte que les autres avaient fait quelque chose de beaucoup plus théâtral, ils n’hésitaient pas à incarner les personnages, c’était drôle », poursuit-elle.
Maëlle et Louise, élèves en 3e, ont choisi de leur côté Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers, de Benjamin Alire Saenz (chez Pocket Jeunesse), « un très beau roman, très touchant ». On quitte là l’intrigue complexe de la série de Ransom Riggs, inscrite dans une boucle temporelle, pour une histoire d’amitié (et d’amour ?) entre deux adolescents en quête de leur identité.
« Le défi va être de tenir en trois minutes », sourit Marylène Guarino, ravie à l’avance de ce nouveau challenge. « On y était allés il y a deux ans pour découvrir l’exercice, les élèves avaient adoré. C’est une performance, et il y a un vrai échange avec le public. »
Le gagnant désigné à l’applaudimètre
« Nous faisons en sorte que les éditeurs ou les auteurs soient présents », abonde Nathalie Donikian, qui se souvient « d’une discussion à bâtons rompus » qui s’est l’an passé nouée entre les auteurs de la série à succès U4 et le groupe de jeunes ayant défendu leur livre. « Cela créée des moments forts de proximité et de convivialité entre jeunes, qui ont un vrai enthousiasme à s’écouter les uns les autres, et entre les auteurs et les ados », affirme la directrice littéraire du Salon. Un enthousiasme qui se mesure à l’applaudimètre, l’unité retenue pour désigner le gagnant de la battle.
La 2e édition du concours BookTube Power
Cette année, et pour la deuxième fois, le public pourra aussi voter pour le concours BookTube Power. Les vidéos des 5 finalistes en lice seront projetées à l’issue de la battle, et visibles pendant toute la durée du Salon dans l’espace de la ruche Transbook. Le format est un peu différent, puisque ces interventions durent une minute et sont moins mises en scène.
Le nom des lauréats - l’un dans la catégorie des 11-14 ans, l’autre dans celle des 15-20 ans - sera annoncé sur la scène vocale à 12h45, le lundi 5 décembre, autrement dit lors des journées professionnelles. Comme pour montrer, si besoin était encore, que les ados, et les jeunes en général, sont bel et bien au centre de la lecture jeunesse. « Ce moment des battles, c’est vraiment leur donner cette confiance-là », conclut Nathalie Donikian.