BDPreview BD: Loisel (ré)anime Mickey dans «Café Zombo»

Preview BD: Loisel renvoie Mickey à ses origines dans «Café Zombo»

BDLes éditions Glénat et 20 Minutes vous présentent les premières pages de l'album que Régis Loisel consacre au héros emblématique de Walt Disney…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

L’avenir appartient à la jeunesse ? On peut en douter lorsqu’on constate la fascination que continue d’exercer ce vieillard (il aura 90 ans en 2018) qu’est , le rongeur le plus célèbre de la bande dessinée : La collection des « » - au sein de laquelle des auteurs français s’approprient, le temps d’un album, l’univers de la souris - n’a pas un an qu’elle s’offre un Grand Prix d’Angoulême (édition 2003) en la personne de , auteur de séries BD cultes comme La quête de l’oiseau du temps, Peter Pan ou, plus récemment, Magasin général. À l’occasion de la sortie de « », SON aventure de Mickey, l’artiste, qui vit désormais à Montréal, a raconté à 20 Minutes la genèse de sa nouvelle production. Retrouvez ses révélations à la suite de la Preview ci-dessous. Bonne lecture !

En raison du format « à l’italienne » de la preview, il est conseillé de la consulter en mode plein écran.
En cas de consultation sur mobile ou tablette, le mode paysage procurera le meilleur confort de lecture.



Résumé : 1930. Alors que les États-Unis subissent la Grande Dépression, Mickey et Horace cherchent, en vain, du travail. Dépités, ils décident d’aller rendre visite à leur copain Donald. Au programme, camping au bord de la rivière avec leurs compagnes Minnie et Clarabelle ! Mais à leur retour, la ville a complètement changé : un banquier véreux a racheté toutes les maisons du quartier et compte les remplacer par un terrain de golf. Pire encore, les travailleurs embauchés en masse pour ce grand projet sont devenus accros à une mystérieuse substance, le « Café Zombo », qui fait d’eux de véritables… zombies !

R. Loisel, Glénat/© Disney 2016

Une critique du capitalisme

Hyper rythmée et débordante d’humour bon enfant, l’interprétation de l’univers de Mickey par Régis Loisel semble répondre au cahier des charges des , qui ne tolèreraient pas que l’on écorne l’image - un peu lisse - de leur icône universelle. Sauf qu’à y regarder de plus près, « Café Zombo » n’est pas si enchanteur que ça car sous le vernis de la farce s’y révèle une discrète mais virulente critique de nos sociétés capitalistes : quand Mickey essaie de déjouer les plans du vil banquier qui veut construire un parcours de golf, il faut y voir le soulèvement des masses populaires contre les puissants qui les exploitent. Rien moins. « Je voulais m’adresser à un public le plus large possible, alors les gamins n’y verront probablement qu’une aventure de Mickey qui combat des méchants… alors que les adultes y décèleront des références plus engagées », confirme Régis Loisel.

Dès lors, on imagine que l’artiste a dû marcher sur des œufs pour ne pas provoquer l’ire de la Disney Corp. ? « Pas du tout, précise-t-il, j’ai eu totale carte blanche. Tout au plus ai-je dû supprimer les pipes et les cigares qui figuraient dans mes crayonnés. Je m’attendais plus à ce qu’on me fasse des remarques sur l’aspect « politique » du récit ou la relative violence de certaines scènes - parce que ça bastonne pas mal -, mais non… Du coup, j’ai vraiment fait le Mickey que j’avais envie de faire – un Mickey très “cartoon”, finalement ».

R. Loisel, Glénat/© Disney 2016

Des personnage « roots »

Vus par Loisel, Mickey et compagnie ont effectivement un aspect très « roots » car proche des personnages tels qu’ils sont apparus pour la toute première fois, au début des années 1930. « Je tenais beaucoup à ça parce que je voulais absolument rendre hommage aux strips – des épisodes de quatre ou cinq cases - que produisaient quotidiennement, pour les journaux de l’époque, des auteurs de génie comme ». Car si Régis Loisel n’était pas né à l’époque, il confesse avoir lu de « vieux » Mickey lorsqu’il était enfant et en être resté, depuis, un fan inconditionnel. Et pour présenter ses strips dans les meilleures conditions de lecture, Loisel a choisi de les publier au format dit « », c’est-à-dire horizontal.


« Durant toute ma carrière, je me suis répété « je dessinerai Mickey un jour ! », sourit-il. « Et j’ai toujours pensé que je le mettrais en scène dans un récit respectant ses origines : il est né en 1928, soit un an avant la dramatique , et à ses débuts il évoluait dans une amérique très rurale. Alors j’ai eu envie de dessiner des palissades, des terrains vagues, des vieux tacots etc. Et d’inscrire mon histoire dans celle de l’époque – dont la nôtre est un peu le reflet, finalement, avec un fort taux de chomage, l’exploitation du peuple par les puissants, les problèmes de pollution… et une certaine zombification dans le processus “métro-boulot-dodo”. Pour autant, mon récit n’est pas un pamphlet politique… il redit juste la réalité de l’époque de la naissance de Mickey ».

R. Loisel, Glénat/© Disney 2016

Retour en enfance

Lorsqu’on lui demande ce qu’un maître de la BD comme lui a, artistiquement et personnellement, retiré de cette expérience, les yeux de Régis Loisel se mettent à briller : « Je crois que de toute ma carrière, je n’ai jamais pris un pied pareil à dessiner ! Durant toute la réalisation de l’album, je pensais Mickey toute la journée, je me couchais en y pensant et me précipitais fébrilement vers ma table à dessin à peine sorti du lit. J’ai tout fait de A à Z, du synopsis à la maquette finale, parce que je ne voulais partager ce plaisir avec personne (rires). C’est un peu une réaction de gosse, mais c’est normal puisque je réalisais un rêve de gosse. Non ? ».

Mickey vu par… « Café Zombo », de Régis Loisel - éditions Glénat, 19 euros
En vente le mercredi 23 novembre 2016

Déja parus dans la même collection :
- « Une mystérieuse mélodie », de Cosey - éditions Glénat, 17 euros
- « Mickey’s craziest adventures », de Lewis trondheim & Kéramidas - éditions Glénat, 15 euros
- « la jeunesse de Mickey », de Tébo - éditions Glénat, 17 euros