Longtemps, la BD s’est prescrite de 7 à 77 ans. La déferlante des Adèle, Ariol et autres Anatole Latuile, héros des jeunes écoliers et cours de récré, a déjà sérieusement secoué le fameux adage du Journal Tintin. Dès mercredi, le Salon du livre de jeunesse de Montreuil va profiter de la tendance pour consacrer un « vrai pôle » à la BD. Et samedi 3 décembre, de 17h à 19h, tout le salon portera haut les couleurs de la bande dessinée.

Avec sa nouvelle collection Mini BD Kids, les éditions Bayard soulignent encore le trait, s’adressant à de tout jeunes lecteurs, dès 3 ans. Et même 2 ans pour le poétique Voyage de Polo de Régis Faller, superbe traversée initiatique sans textes ni paroles.

Retrouver ses héros préférés

Les petits lecteurs des Belles histoires connaissent bien Polo, dont les aventures sont publiées chaque mois au sein du magazine. Ils trouveront, avec ce nouveau label, un écrin souple, maniable, et un format série. « C’est vraiment une transition entre l’album et la bande dessinée », relève Isabelle Bézard, directrice éditoriale Petite enfance chez Bayard.

De la BD, les livres adoptent le découpage narratif, la succession de cases, le sens du rythme. De l’album, l’univers émotionnel des 3-6 ans. « A la maternelle, on est centré sur soi-même, poursuit Isabelle Bézard. Ce n’est pas encore l’âge des bandes de copains, on découvre les émotions, on aime retrouver son quotidien, ses héros préférés qui nous ressemblent, qui font rire. Les jeux de mots aussi sont importants. »

Une forêt peuplée de contes

Ainsi, pour l’auteur Michel Van Zeveren, « les contes se sont vite imposés ». C’est dans une forêt peuplée de personnages et d’histoires bien connues (le petit poucet, l’ogre, boucle d’or, la petite poule rousse, le loup, le chaperon rouge, etc.) qu’il met en scène Les trois cochons petits, autre album paru sous le label Mini BD Kids. Le tout en détournant avec humour les codes et présupposés de ces contes. « Les parents sont de grands naïfs, ils passent à côté des rencontres et aventures surprenantes, qui sont vécues par les petits », explique-t-il.

Né à Gand, il a grandi avec la bande dessinée franco-belge et reste un grand amateur du genre. « Très longtemps, je n’ai pas lu les textes des BD, confie-t-il. L’image suffit en grande partie pour se plonger dans les histoires. Pour cette série, j’ai ressenti une vraie liberté à créer des images légendées. J’aime bien les histoires qui prennent le lecteur par la main, j’aime que cela sonne juste et amuse. » « Il y avait un chaînon manquant entre le livre pour enfants et la BD classique, ajoute Michel Van Zeveren. A mon sens, il n’y a pas d’âge pour la BD, juste des niveaux de lecture différents. »

Du kiosque à la librairie BD

« A 7 ans, on commence à lire seul, en autonomie, souvent on s’affranchissait avec la BD des lectures prescrites, observe de son côté Isabelle Bézard. Ce qui est sans doute nouveau, c’est de lire ce type de livre à 3-6 ans, avec ses parents. Ce sont des mini-BD où les parents s’amusent aussi, il y a de la complicité qui circule. » Un credo de lecture que Bayard connaît bien à travers ses différents magazines jeunesse, où l’éditeur a puisé plusieurs héroïnes de ses nouvelles mini-BD, la brunette bourrée d’énergie Adélidélo et la petite sorcière inventive Zouk en tête.

Avec La famille Choupignon, joyeuse sitcom familiale parue entre 1997 et 2008 chez Pomme d’Api, tous ces titres sont désormais aussi présents dans les librairies spécialisées en BD. « Il était temps de donner une vie à cette collection, sourit Isabelle Bézard. Et puis les papas qui vont acheter leurs bandes dessinées pourront encore plus transmettre et partager leur plaisir de lecture ! »