Trump: Le monde de la tech entre craintes, coups de gueule et résignation
WEB SUMMIT•«Quel est votre p***** de problème si vous n'êtes pas énervé par le résultat», a réagi le Californien Dave McLure. La victoire de Trump pèse sur le «Davos des geeks» qui se tient à Lisbonne...Annabelle Laurent
Au Web Summit, à Lisbonne,
C’est peu dire que la Silicon Valley ne voulait pas d’un Trump président. Nombreux à venir du microcosme californien unanimement pro-Clinton, les participants américains du sont arrivés sonnés. La plupart rivés sur leur smartphone – encore plus que d’habitude- pour accuser le choc en échangeant avec leurs proches.
« Continuer à construire un monde meilleur »
C’est ainsi en sorte de thérapie de groupe que s’est momentanément transformée la scène principale de la grand-messe de la technologie. D’abord quand Paddy Cosgrave, l’organisateur irlandais du Web Summit, a invité le public à faire briller dans la salle ses smartphones « face à l’obscurité qui s’annonce », avant d’appeler les entrepreneurs à « travailler dur pour continuer à construire un monde meilleur ».
La thérapie s’est poursuivie lors d’un débat qui « devait initialement être le petit débat sympa où on allait parler de Clinton », ironisait David Patrikarakos, du Daily Beast, qui l’animait, puisqu’il devait être question de l’impact qu’aurait l’élection sur les quatre années à venir pour le monde de la tech. Sans que personne n’envisage sérieusement l’option Trump.
« Sa victoire est le résultat de la colère qui grandit depuis des années dans nos sociétés, comme l’a été le Brexit, comme l’est en France la montée de l’extrême-droite, a commenté Owen Jones du Guardian. Invitée pour son engagement politique avec la plateforme Up to Us, l’actrice Shailene Woodley (Divergente) a de son côté jugé que les « médias de masse avaient servi de porte-voix à Trump ».
« Quel est votre p***** de problème »
La question de la responsabilité des réseaux sociaux s’est aussi invitée dans la discussion. « Trump n’a pas seulement gagné grâce à sa stratégie sur Twitter ! a vivement réagi Bradley Tusk, le CEO de Tusk Holdings. Ce qu’il faut réaliser, c’est surtout que la moitié du pays est désabusée ».
Mais aussi « bouleversante soit la nouvelle, nous sommes une nation forte, et nous allons survivre », a-t-il ajouté.
Avec un fatalisme qu’était loin de partager, quelques heures plus tard, le business angel et cofondateur de 500 Startups, l’un des accélérateurs les plus réputés au monde, Dave McLure, qui s’est offert un joli coup de gueule :
« Quel est votre p***** de problème si vous n’êtes pas énervé, là tout de suite ? J’ai peur, je suis triste, j’ai honte, je suis en colère ». On frise la dizaine d’occurences du mot « fuck » :
Sur Tinder, seule la Russie votait Trump
Le dernier intervenant de la journée, le CEO de Tinder Sean Rad, qui avait passé avec son équipe « toute la nuit devant la télévision », s’en est lui remis à « la formidable démocratie dans laquelle nous vivons ». « Il va falloir désormais soutenir la décision des Américains ».
Tinder avait organisé ces dernières semaines sa propre « élection », avec l’option « Swipe the vote » (tout juste ) qui permettait aux utilisateurs des Etats-Unis mais également de 14 autres pays de choisir leur candidat préféré.
« C’est la toute première fois que les millenials atteignent l’âge de voter, a commenté Sean Rad. Nous en comptons beaucoup parmi nos utilisateurs. Nous avons jugé qu’il était de notre responsabilité de les sensibiliser au vote en les aidant à identifier leur candidat préféré ».
De quoi fournir à l’application de rencontres un sondage géant sur les intentions de « centaines de milliers de personnes » à travers le monde, mais qui était loin d’annoncer le vote final des Américains. .