Crowdfunding : Cinq conseils pour réussir sa levée de fond sur Ulule
Innovation•Dans le cadre du concours Make It Happen, découvez cinq conseils pour réussir votre financement participatif...Jean-Jacques Valette
Le , ça peut sembler magique. On crée sa page sur un site et des inconnus vous donnent de l’argent. « Dans les faits c’est beaucoup plus compliqué. C’est un vrai travail de séduction », assure Margaux Thierrée, directrice du pôle Projets chez Ulule.
Depuis sa création en 2010, ce site a permis de collecter plus de et s’est imposé comme le leader du financement participatif en Europe. A l’occasion du concours qui doit faire émerger 11 projets à fort impact social et écologique et dont 20 Minutes est partenaire, nous avons cherché à comprendre les secrets d’une campagne réussie.
1-Avoir une communauté forte
On a tous des amis Facebook à qui on ne parle plus vraiment… Anciens collègues ou camarades de classe, ils peuvent s’avérer précieux le jour où l’on souhaite lancer sa campagne de financement participatif. « Savoir mobiliser sa communauté, c’est ce qui fait toute la différence entre un échec et un succès », assure Margaux Thierrée.
Pour preuve : la web-série , le plus gros succès à ce jour sur la plateforme, a réussi à lever près de 700.000€ au lieu des 35.000 initialement demandés. « Pour comprendre ce phénomène, il faut savoir qu’ils avaient déjà 130.000 fans sur leur page Facebook ! », explique Margaux.
Et si on n’a pas une telle communauté ? « Il suffit de la créer », assure Nicolas Sadoc, créateur du skateboard pliable , l’un des projets en lice du concours Make It Happen. Plusieurs mois avant sa campagne, le jeune maker a créé une dédiée à son projet de skateboard sur Facebook. « J’ai rapidement rassemblé plusieurs dizaines de fans de glisse qui ont eux-mêmes invité leurs amis », raconte-t-il. Encore faut-il savoir comment s’adresser à eux et ne pas les faire fuir à coup de spams…
2-Bien gérer sa communication
« Le deuxième secret d’une campagne réussie, c’est la communication », assure Margaux Thierrée. Il faut se demander qui sont les potentiels contributeurs, comment les toucher et surtout à quel moment de la campagne le faire. » Dans le financement participatif, il y a ce qu’on appelle la règle des trois cercles. Le premier est composé de la famille et des amis proches : ils seront les premiers à croire en vous et à investir dans votre projet.
« C’est très important car le crowdfunding, c’est comme le paradoxe du resto vide et du resto plein. Le moins il y a de clients, le moins ça en attire », constate Nicolas Sadoc. Une fois son projet financé à 20 % par ses proches, il a commencé à démarcher au-delà, vers le second cercle : les amis d’amis.
« C’est l’étape la plus difficile car il faut commencer à recentrer la communication sur le projet plus que sur la personne. » La vraie magie opère quand des inconnus commencent eux aussi à investir. « C’est le troisième cercle. Ce qu’on appelle l’effet boule de neige », explique Margaux. « C’est le moment où la campagne décolle et peut attirer la presse et dépasser son objectif. »
3-S’impliquer durant toute sa campagne
Sur Ulule, une campagne dure en moyenne 44 jours. « Ça ne sert à rien de la faire durer plus longtemps. Il vaut mieux qu’elle soit courte et bien rythmée », indique Margaux. D’autant que c’est un vrai travail à plein-temps pour le porteur de projet, qui peut se révéler épuisant. « Si on veut réussir sa campagne, il faut tous les jours envoyer des e-mails, faire des relances, répondre aux questions des internautes… ». On gagne ici a être bien organisé et à avoir préparé tous ses supports de communication en avance…
4-Créer une jolie page
Il ne suffit pas que le projet soit pertinent, il faut aussi savoir bien le présenter. « L’histoire doit être engageante. Le plus simple est de regarder les pages des autres et de voir ce qui marche. Avec 15.000 projets financés, il y a de quoi piocher », indique Margaux. En plus de soigner son orthographe, il faut aussi créer de beaux visuels et une vidéo.
« J’ai tourné la mienne tout seul et je l’ai montée avec un logiciel gratuit », explique Nicolas Sadoc. « Si je peux donner un conseil, c’est de publier sa vidéo directement sur Facebook ainsi elle reçoit beaucoup plus d’audience que sur Youtube. La mienne a fait 25.000 vues ! »
5-Avoir des chouettes contreparties
Quand on sait que le don moyen est de 50 euros, il faut savoir choyer ses contributeurs avec des contreparties alléchantes. « Ça va de la carte postale jusqu’à la rencontre avec les créateurs en passant par toutes sortes de goodies », explique Margaux. « J’ai fabriqué moi-même des porte-clés en bois à la découpeuse laser, ainsi que des lunettes de soleil en skateboard recyclé et 6 prototypes de pour les donateurs les plus généreux », explique Nicolas.
Pour ceux qui ne sont pas aussi bricoleurs, Ulule a aussi créé des partenariats avec des entreprises qui fabriquent et expédient les goodies. « Mais il n’y a rien d’obligatoire », assure Margaux. Attention cependant à ce que l’addition ne s’envole pas. « Sur les 3.500€ que je collecte, 20 % partent en TVA, 8 % vont à Ulule et 35 % servent à payer les contreparties. Ça ne me laisse que 1.295€ pour mon projet », constate Nicolas.
Mais l’important pour lui n’est pas de faire du profit, sinon de rembourser une partie de ses frais de recherche et développement et surtout de faire parler de son produit. « Le crowdfunding est avant tout un outil de communication et non de financement comme on le pense ! », explique le bricoleur. Sauf quand on réussit à lever 700.000€…