Le street art et le graffiti primés
CONCOURS•Un prix récompense les meilleures œuvres d’art urbain autour de l’écologie…Coralie Lemke
Ils ont convoqué tout un bestiaire. Des gorilles, des éléphants et des mandrills, pas vraiment leurs personnages de prédilection. Mais pour participer au , 60 artistes se sont pliés au jeu pour proposer une œuvre sur le thème de cette année: l’écologie. « En cette année de ratification de , l’équipe s’est dit que l’écologie serait un thème bienvenu », explique Cédric Naimi, l’organisateur de l’événement.
A la , la salle d’exposition est parsemée de panneaux de signalisation, de plots de marquage orange et blanc, ainsi que de fausses interdictions d’afficher. Un décor censé rappeler les conditions premières de la création dans le street art: la rue, le vandalisme, le danger. Des circonstances bien éloignées de la création pour des galeries. Pourtant, ce prix représente un tremplin pour les participants.
« Leur école, c’est la rue »
Le but de Cédric Naimi : « mettre en lumière des gens de l’ombre, des gens qui n’ont pas les relations nécessaires pour se faire connaître. Leur école, c’est la rue mais ils ont besoin d’une vitrine. » Une chance qu’a voulu saisir l’artiste . « Moi, à la base, je viens plutôt du monde associatif », raconte le jeune homme. « Mais j’ai aimé pouvoir m’emparer de ce thème et proposer une toile. »
Contrairement à d'autres disciplines d'art moderne, il existe peu de prix dans le monde du street art en France, mis à part le prix Bernard Magrez et le prix Mix'art pour les lycéens. Cédric Naimi, l’organisateur, y voit lui-même deux mondes qui ont tendance à s’opposer. « Le graffiti, c’est tout sauf institutionnel. Je comprends que certains n’avaient pas envie de participer. »
aUne différence également ressentie par les participants. « Ce n’est pas la même vision. Là j’ai travaillé chez moi, alors qu’en temps normal, le street art engage le public autour. C’est comme une sorte de show pour les gens qui passent », explique .
Le grand vainqueur de cette année a été primé pour une toile représentant un éléphant, de face, dont la peau est recouverte d’inscriptions taguées, comme « ne me tuez pas » ou « donnez-moi de l’espoir ».Tout est fait à l’aérosol, à main levée. Une performance impressionnante au vu du réalisme de l’œuvre.
Pochoirs, collage, coulures, toutes les techniques de street art sont rassemblées sur les toiles. Un espace de travail réduit comparé à l'envergure d'un mur. Puisque d’habitude, les participants ont toute la ville comme terrain de jeu.
L’art d’un côté, l’art commercial de l’autre
Les candidats sont évalués sur plusieurs critères : la technique, le respect du thème et la vision d’ensemble. La contrainte principale du concours reste le thème imposé, l’écologie. Un sujet large qui a permis à certains d’élargir leurs horizons. « J’ai essayé de nouvelles techniques éloignées de mon travail habituel. Pour rester en lien avec le thème, l’écologie, j’ai incorporé des morceaux de cartons à ma toile pour évoquer le thème du recyclage », explique . Un matériau qui vient structurer son personnage rouge au regard contrarié.
aRebus, lui, nuance le débat. « C’est quand même différent d’imaginer une toile pour un prix et en créer 50 à la chaîne pour ensuite les vendre à des maisons de vente aux enchères », explique-t-il d’un regard malicieux. Une façon de mettre l’art tout court d’un côté et l’art commercial de l’autre.
Car pour se démarquer, il existe bien sûr les prix, mais aussi des endroits où il fait bon se montrer. « Je pense par exemple au Festiwall, un festival dédié aux cultures urbaines qui offre la possibilité à des artistes de réaliser des fresques murales », explique Jungle. Comme quoi, en matière d’art urbain, le mur reste roi.