En quoi la réalité virtuelle fera date dans l'histoire du jeu vidéo
JEUX VIDEO•La réalité virtuelle va-t-elle révolutionner le jeu vidéo au-delà de la curiosité qu'elle suscite? Oui, à condition de proposer des jeux à la hauteur...Jean-François Morisse
Réalité virtuelle et jeux vidéo sont-ils compatibles ? La question se pose au moment où le tout nouveau casque PS VR de Sony sort en fanfare ce jeudi. Car on trouve, pour accompagner ce lancement, plus de mini-jeux expérimentaux que de véritables aventures ludiques.
PlayStation Worlds propose ainsi cinq expériences de jeux distinctes : de la street luge, une plongée au milieu des requins ou bien encore une espèce de casse brique géant dans lequel on repousse un ballon avec la tête.
De son côté (disponible gratuitement sur PS Store), véritable initiation aux plaisirs de la réalité virtuelle, se compose de six mini-jeux. Sports Bar VR et Hustle King VR vous inviteront à de rapides parties de billard ou de fléchettes. Quant à , considéré par de nombreux critiques comme « le » meilleur jeu disponible au lancement et vendu 20 euros, il se bouclera en une petite heure, pas plus.
Idem pour le train fantôme sur lequel on ne passera pas ses nuits.
Les séquences VR introduites dans le tout nouveau ne constituent pour leur part qu’un bonus, en marge de l’aventure principale. Ce qui sera aussi le cas du prochain , disponible fin novembre et qui bénéficiera d’un mode dédié au nouveau casque de Sony. Autant d’expériences courtes aux antipodes des titres classiques sur lesquels on peut, à l’instar d’un ou d’un passer des centaines d’heures.
Des expériences de jeu de courte durée
L’expérience VR ne se prête aujourd’hui pas à une pratique prolongée. Sony ne manque d’ailleurs pas de rappeler sur son site qu’en « raison de l’intensité des expériences de VR, nous vous recommandons de faire une pause de 15 minutes pour chaque heure d’utilisation ». En termes d’ergonomie et de confort, et outre l’isolement qu’ils imposent, les casques de réalité virtuelle ont aussi un poids. Si l’ ne pèse que 380 g, le PS VR tout comme le flirtent avec les 600 g.
Un poids qui fatigue et qui n’est pas de facto sans incidence sur la durée des parties, même ces casques devraient s’alléger au fil des années. « La VR à l’heure actuelle est effectivement limitée, on peut difficilement y passer beaucoup de temps, ne serait-ce que parce que les casques sont encombrants commente Jehanne Rousseau directrice du mais ils ont déjà pourtant bien évolué, et si le public s’y intéresse ils évolueront encore plus vite ».
Le point noir de la « VR sickness »
S’ajoute à cela la fameuse « VR sickness », ce malaise qu’éprouvent certains joueurs en expérimentant les casques de réalité virtuelle. Une pathologie semblable au mal des transports ou . « Pour que la réalité virtuelle soit vraiment viable et procure une sensation d’immersion, explique Nicolas Doucet développeur PS VR, il faut, entre autres, un taux de rafraichissement de l’image très haut (de 90 à 120 images par seconde, là où les jeux classiques se limitent à 30). » La qualité graphique des jeux, et les effets de flous toujours présents, augmente aussi la possibilité d’être malade en jouant longtemps. Des problèmes techniques néanmoins en passe d’être résolus. De quoi permettre aux joueurs de prolonger les sessions de jeu en évitant le malaise.
Premiers balbutiements
Ces contraintes technologiques imposent aux développeurs de réaliser de véritables prouesses. Mais n’oublions pas non plus que la VR n’en est qu’à ses balbutiements. Aujourd’hui, les créateurs de jeux prennent tout juste la mesure des possibilités et des contraintes induites par cette nouvelle façon de jouer.
« Il y a 15 ans, quand on commençait à faire des jeux pour les téléphones, personnes ne maîtrisait vraiment le sujet, se souvient Jehanne Rousseau. On s’est mis à concevoir des expériences de jeu différentes de celles qu’on connaissait et on a dû tout adapter à ces nouveaux supports : contrôles, narration, déplacement des personnages etc. Ce sera la même chose avec la réalité virtuelle ».
VR, une date dans l’histoire du jeu vidéo
ne ressemble pas à tout en constituant une expérience de jeu spécifique. Les premiers jeux VR, souvent plus proches de l’expérience ludique, ne ressembleront sans doute pas aux jeux disponibles d’ici deux ou trois ans. De même, les titres VR auront bien évidemment leur spécificité. « L’immersion totale de la VR entraîne une envie d’interactivité inédite, avoue Jehanne Rousseau ; une envie que les œuvres plus contemplatives ne peuvent combler. » Aussi imparfaites soient-elles, ces premières réalisations VR n’en demeurent pas moins inédites. Et on imagine, qu’à l’aube de cette révolution technologique, le meilleur reste à venir pour les joueurs de jeu vidéo.