JEUX VIDEOMafia 3 : l'expérience du racisme

Mafia 3 : la violente expérience du racisme ordinaire

JEUX VIDEOMafia 3 n'est sans doute pas le jeu que les joueurs adeptes de GTA 5 attendaient. Pourtant, le titre se distingue par le reconstitution d'une époque et de l'esprit qui allait avec. Direction la fin des annes 1960 en pleine Louisiane.
Jean-François Morisse

Jean-François Morisse

Imaginez un jeu qui vous invite à expérimenter, pour ne pas dire subir, le racisme ordinaire ? glisse le joueur dans la peau d’un jeune noir (métis en fait), Lincoln Clay, au cœur de la Louisiane et d’une ville fictive, New Bordeaux, fortement inspirée par la Nouvelle Orléans. Nous sommes en 1968. Une période qui n’a pas été choisie au hasard.

« L’année 1968 est l’une des années les plus tumultueuses de notre histoire avec les assassinats de Martin Luther King et de Robert F. Kennedy, explique Bill Arms, scénariste du jeu chez , mais aussi les émeutes raciales, le mouvement des droits civiques ou encore les remous causés par la guerre du Vietnam. » Une période que les créateurs américains ont tenue à reproduire le plus fidèlement possible.

Architecture, véhicules, vêtements tout est fait pour reconstituer une époque et une ville, fut-elle fictive. Mieux encore, conscients que la musique illustre l’esprit d’une époque, plus de 100 titres cultes des années 1960-1970 viennent accompagner l’action parmi lesquelles Running Scared de Roy Orbison, Baby Love des Supremes ou bien encore et des Rolling Stones.

Plongée dans la Louisiane des années 1960

Alors que le joueur déambule entre bayou et quartier chaud de la ville, les insultes et le mépris de la population blanche viennent ponctuer chacune ou presque de ses actions. La ville de New Bordeaux est aussi le cadre parfait pour l’intrigue. « Nous avons choisi la Nouvelle Orléans, à travers sa version fictive de New Bordeaux, raconte Bill Arms car il s’agit de la première ville américaine dans laquelle la mafia italienne s’est établie au 19e siècle ».

Un cadre historique qui renforce le côté authentique du jeu alors que de nombreuses images archives historiques présentes dans le jeu achèvent de planter le décor. Une drôle d’expérience pour le joueur qui se retrouve ainsi de facto insulté à tout bout de champs sans même être coupable de quoi que ce soit.

Un jeu violent et vulgaire, reflet d’une époque ?

Et pourtant, Lincoln Clay est loin d’être un enfant de chœur, bien au contraire. Dans ce titre fortement inspiré par et son univers de gangsters, le joueur va intégrer la pègre et petit à petit gravir les échelons à force de trafics, meurtres et braquages variés.

A ce titre, Mafia 3 est un jeu dans lequel la violence semble exacerbée, tout comme la vulgarité des dialogues comme pour mieux faire écho à la rudesse d’une époque où le racisme est constant, banal et presque général. Une agression permanente pour l’antihéros à laquelle celui-ci semble répondre par la violence la plus outrancière. L’occasion pour de nombreux joueurs d’expérimenter quelque chose de nouveaux du moins dans le fond.

Un jeu imparfait avec un véritable propos

Au-delà du jeu finalement assez classique et plutôt répétitif (Lincoln se rend d’un point A à un point B pour y accomplir ses missions généralement placées sous le signe de l’assassinat) pâtissant d’une intelligence artificielle défaillante, Mafia 3 reste une expérience à part. Tout comme , le titre interroge le joueur sur l’autre, sur la différence et sur la tolérance. Un jeu qui malgré ses défauts à le mérite de faire réfléchir et d’immerger le joueur dans une époque rude dont, au regard de l’actualité récente, nous ne sommes finalement peut-être pas tout à fait sortis.