Nuit Blanche : Oliver Beer nous fait écouter le chant de la Seine
ART•L’artiste britannique a installé micros et lumières sous le pont des Arts pour capturer et restituer les sons subaquatiques de la Seine…Benjamin Chapon
Le , 31 ans, ne cache pas une certaine appréhension : « C’est une grosse installation pour moi, même si j’ai déjà expérimenté ce procédé à plusieurs reprises. Il faut installer des lumières et des micros sous l’eau. Et la Seine est un fleuve tumultueux… » prend place sur, et sous, pour Nuit Blanche. « Je vais créer un concert avec les sons sous-marins de la Seine, annonce Oliver Beer. Ça va être intéressant d’entendre le bruit des péniches qui vont créer un effet doppler. Mais j’espère aussi entendre les poissons. Les lumières doivent les attirer, normalement, puisque ce sont . »
Les sons captés sous la Seine seront restitués via des haut-parleurs sur le pont. Oliver Beer confesse sans peine ne pas trop savoir à quoi s’attendre : « Ce sont des sons merveilleux, indescriptibles. C’est à la fois toujours pareil et en changement perpétuel. Le son voyage beaucoup plus vite dans l’eau que dans l’air. Il n’y a rien de plus conducteur que l’eau. Sous le pont des Arts, dans l’eau, on entend très bien le métro par exemple. On pourra aussi très bien entendre le bruit de l’œuvre d’Anish Kapoor et des plongeurs qui vont l’installer. » anglais sera installé à quelques dizaines de mètres, en face de la pointe de l’île de la Cité.
La danse des poissons
, a d’ailleurs anticipé que Live Stream resterait comme l’une des œuvres emblématiques, « visuellement forte, ouverte, accessible, immersive », de cette Nuit Blanche. « Je veux créer une atmosphère particulière, explique Oliver Beer. J’adore cet endroit, . J’ai choisi ce pont parce qu’il est piéton et qu’on peut voir l’eau sous nos pieds à travers les planches en bois. J’espère qu’on ne verra pas les micros, qui sont installés à deux mètres de profondeur. J’espère aussi que les poissons viendront passer au-dessus des projecteurs. »
Comme la plupart des artistes présents à Nuit Blanche, Oliver Beer a eu assez peu l’occasion de tester son dispositif in situ : « Je suis venu faire des essais pour savoir à quelle profondeur il fallait immerger les micros pour obtenir des sons intéressants. Mais à peine trente secondes après avoir commencé, des policiers sont venus me demander ce que je fabriquais. Vous pouvez avoir confiance en votre police ! Ils ne laisseront jamais un Anglais bizarre faire n’importe quoi dans la Seine. »
Au rang de ses espoirs, à faire passer : « Entendre cette musique, c’est une révélation. Nous sommes à la fois si proches et si loin de ce monde-là. Il y a toute une mythologie du monde sous-marin. On l’appelle « le monde du silence » parce que le silence nous effraye, que le silence n’est pas naturel. Cette installation est , c’est une sorte d’amplification du silence. » Oliver Beer est persuadé que son Live Stream va rendre encore plus romantique la promenade nocturne sur le pont des Arts : « La Seine est un fleuve romantique. Parce que c’est un lieu à la fois artificiel, civilisé, raisonnable mais aussi sauvage, brutal et effrayant. Comme l’amour. »