Jean de Loisy: «Nuit Blanche est un projet exigeant mais je crois que ça vaut la peine d’essayer»
ART•Le directeur artistique de Nuit Blanche 2016 espère que les visiteurs feront le parcours en entier et dans le sens du courant de la Seine...Benjamin Chapon
Nuit Blanche 2016, ce ne sera que, à partir de 19h, mais, quelque part, ça a déjà commencé. Il y a, tout d’abord, la nouvelle écrite pour l’occasion par Yannick Haenel et que 20 Minutes prépublie, toute la semaine.
Il y a, surtout, des artistes qui débutent leur performance dès le lundi 26 septembre, et Alain Séchas qui investissent la gare de Lyon et son parvis. « Nuit Blanche est un rituel laïc qui est devenu très populaire, explique Jean de Loisy, directeur artistique de cette édition. Je trouve ça beau de l’annoncer comme si on l’attendait vraiment. J’ai demandé à ces artistes de travailler sur l’attente. »
Le directeur du Palais de Tokyo a composé cette Nuit Blanche , héros d’un roman de la fin du 15e siècle. « Ce personnage oublié de l’histoire, je veux en faire un super-héros », affirme Jean de Loisy. Poliphile poursuit l’image d’un amour vu en rêve. Le roman, dont l’auteur est resté anonyme, a été très populaire au 16e siècle et a influencé de nombreux artistes. « On rentre dans un conte. Il y a là les archétypes légendaires mais les gens vont être surpris par le suspense de l’histoire. »
Une « tombe liquide qui ne se referme pas »
Parce que Nuit Blanche raconte une histoire, une quête, un combat pour l’amour, qu’il convient donc de « lire » du début à la fin, et dans le bon sens. Le parcours suit la Seine, d’amont en aval. « Je demande aux gens de le faire de bout en bout, et dans le bon sens : de l’Hôtel de ville et vers la mer. Il y a que l’on peut faire en 2h30. C’est un projet exigeant mais je crois que ça vaut la peine d’essayer. Ce n’est qu’une proposition, ça n’a rien d’impératif ni d’autoritaire. Chaque œuvre offre son moment de volupté. J’ai voulu un parcours d’œuvres très intenses et enchaînées pour que le récit puisse se créer. Il y a une œuvre tous les 300 mètres et tout est ouvert et accessible sans attente, nulle part. J’ai fait en sorte qu’il y ait un lien entre les lieux et entre les histoires des lieux. »
Jean de Loisy cite naturellementqui créera , intitulé Descencion, face au square du Vert Galant, pointe de l’île de la Cité. « Cette œuvre est qui ne se referme pas. Ça avait du sens de la faire là parce que c’est là qu’ont été, par exemple, jeter les corps après la Saint-Barthélemy, c’est aussi là que s’est suicidé Gherasim Luca ou » Si elle fonctionne, cette cuve immergée assortie d’une turbine, sera assurément le clou du spectacle.
Le rêve et le réel
Serein, Jean de Loisy confesse sans peine que pour cette œuvre comme pour d’autres, il existe « une exquise part d’incertitude ». Comme pour le bon déroulement de la première Nuit Blanche post-13 novembre. « Je veux raconter une . Mais bien sûr, le passage au réel demande des efforts. C’est spectaculaire, l’énergie que ça demande, d’organiser tout ça. Mais le succès des précédentes éditions, avec un million de personnes l’an dernier, fait que tout le monde, - chez les partenaires publics, les artistes, les agents - y va avec pas mal d’enthousiasme. On n’a eu aucun blocage caractériel alors qu’on demandait des choses compliquées, par exemple aux voies navigables de France ou au port autonome de Paris. Il y a une volonté d’être dans le coup. J’ai le sentiment que, précisément parce qu’on sait que c’est compliqué, les gens qui sont partie prenante du projet acceptent de donner deux fois plus d’énergie. »
Outre l’œuvre d’Anish Kapoor, plusieurs installations devraient retenir l’œil des visiteurs. « C’est essentiel que les gens mémorisent certaines choses, c’est pourquoi on scande le parcours avec quelques œuvres très fortes, des œuvres qui feront parler. Nuit Blanche, ce n’est pas juste une marche, c’est un moment d’échange. »