Tu veux pourrir les vacances de tes potes ? Offre-leur ces polars…
LIVRES•Il n'y a pas de raison que vous soyez le (la) seul(e) à déprimer cet été...Benjamin Chapon
En vacances, j’oublie tout. L’adage, en cet été 2016 particulièrement horrible, sonne comme un mantra salvateur. Mais pour ceux qui ne partent pas en vacances ? Ceux qui n’iront pas à la plage, dans une jungle exotique ou pour un trek de l’extrême ?
Ceux-là ont une solution à leur tourment : pourrir les vacances de leurs proches grâce à la méthode éprouvée du « Tu devrais lire ce polar, il est gé-nial ». Et là, patatras, vous refilez un polar bien déprimant. Sélection garantie 100 % kill fun.
Travailler tue, Yvan Robin
L’histoire ordinaire d’un employé chargé de la sécurité des chantiers dont le zèle à cacher les erreurs de sa hiérarchie ne l’empêche pas d’être rétrogradé après un accident mortel. D’un banal burn out, notre héros va passer au stade tueur en série. Le roman de ce jeune auteur est noir, très noir, et évite tous les clichés du genre très casse-gueule du polar social. Où qu’on regarde, il n’y a aucun espoir. Cette société transforme en monstres ses éléments les plus bienveillants.
De quoi envisager sereinement le retour au taf.
Le désert ou la mer, Ahmed Tiab (éditions de l’Aube)
Kémal Fadil, enquêteur algérien créé par l’auteur dans un précédent roman, infiltre les réseaux de passeurs entre Magreb et Europe. On suit le calvaire des migrants qui, bien qu’ayant tout quitté, tout perdu, même l’espoir et la dignité, sont mis encore un peu plus bas que terre par les mafias et les flics corrompus.
Sinon, ton séjour à Lampedusa, ça va, tu le vis bien ?
Rural noir, Benoit Minville (Gallimard - La Série Noire)
Souviens-toi l’été dernier, on s’était bien fait chier. Une bande de quatre potes trompe son ennui lors de vacances dans une campagne anonyme. Il ne se passe pas grand-chose alors on fait une montagne de la moindre anicroche. Puis, quelques années plus tard, après une petite vie à la ville loin du Nivernais, Romain revient. La désertification rurale a des effets dramatiques sur les âmes. Lui-même apporte dans ses bagages le bacille de la peste urbaine, qui ruine tous les rapports humains. Ce polar des champs tisse peu à peu son drame, à partir de presque rien. Difficile d’en dire plus sans gâcher l’ensemble mais à la fin, tout va mal.
Ouais, vas-y, profite, respire le bon air de la campagne.
Surtensions, Olivier Norek (Michel Lafon)
Les flics aussi ont leurs limites. Manque de moyens, manque de perspective, dérisoires magouilles politiques et arrangements avec la morale du côté du palais de justice… Le flic idéal de ce polar commence à vaciller. Et c’est là que commence le drame, dans les brèches dans son illusion. Extrêmement bien écrit, ce polar interroge la légitimité du principe répressif et les limites d’un système où l’humain est sans cesse malmené.
Ahah, tu te rappelles les manifs contre la loi Travail où on criait « CRS = SS » ? Lol.
Les salauds devront payer, Emmanuel Grand (Liana Levi)
Encore un polar social extrêmement bien fichu et glaçant. Pour les besoins d’une enquête sur le meurtre de la jeune Pauline Leroy, un duo de flic mal assorti fouille le passé de ce coin de Nord de France marqué par un lourd passé de luttes syndicales, de racisme latent, de misères endémiques. Ce roman dur, dramatique à tous points de vue, n’offre aucun répit aux lecteurs.
Mais sinon c’est cool, ton CDD sera sans doute renouvelé à la rentrée.
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