« Je n'ai jamais été en panne d'inspiration »
•Riad SattoufRecueilli par Olivier Mimran- ©2007 20 minutes
Riad Sattouf
Auteur-dessinateur de BD.
Quelle est la part de réalité dans vos anecdotes ?
Je n'invente absolument rien, contrairement à ce que pensent de nombreux lecteurs. Sortez et tendez bien l'oreille : vous verrez que ce n'est pas la matière qui manque !
N'est-il pas troublant d'être soupçonné de forcer le trait ?
C'est surtout contraignant. Parfois, je me dis : « Ah, cette anecdote est tellement énorme qu'on va me prendre pour un mytho. » Le doute vient aussi de mon dessin, plutôt expressif, qui ajoute une dimension caricaturale à des situations déjà comiques en elles-mêmes.
On vous sent parfois choqué par ce qui se passe sous vos yeux...
Ça arrive, mais c'est plus de la surprise qu'un choc. Notamment quand je vois comment certains parents se comportent avec leurs enfants... Pour eux, ça peut paraître naturel de gifler un môme un peu largué. Mais je doute qu'ils aient conscience de la portée que peut avoir cette violence sur le développement de leur enfant.
Il se dégage d'ailleurs du recueil une certaine morale...
Je ne m'en rends pas compte. J'essaie juste de donner un sens à ce que je raconte. Je décris la scène telle que je l'ai vue et je laisse les lecteurs se faire leur propre opinion. Si je décris une engueulade entre une mère et son fils, un lecteur trouvera la mère immonde tandis qu'un autre applaudira sa fermeté face à son « p'tit con » de rejeton.
Quand trouvez-vous le temps de vous livrer à vos observations ?
Je ne suis pas rivé à ma table de dessin : je prends le métro, je fais mes courses, je sors avec des potes... Et puis il y a un collège juste à côté de mon atelier, ce qui est très pratique pour observer les jeunes.
L'obligation de sortir une page hebdomadaire ne vous pousse-t-elle pas à traquer les sujets ?
Honnêtement, non. Je n'ai jamais été en panne d'inspiration. Chaque semaine, j'assiste à des dizaines de situations qui peuvent devenir une BD. Parfois, je les note... mais la première qui me revient en tête au moment d'attaquer une planche est souvent la plus intéressante.