Sur place ou à emporter ? Vaut-il mieux aller en festival ou écouter les concerts, tranquille, chez soi ?
LIVE•Arte Concert propose de revoir une soirée du festival parisien The Peacock Society…Benjamin Chapon et Betteline Mimran
Les malheureux qui, pour une raison ou pour une autre, n’ont pas pu se rendre au festival parisien The Peacock Society, où était présent sur scène le meilleur de la musique électro contemporaine, ont un moyen de se rattraper. Arte Concert a filmé quatre prestations complètes, soit plus de quatre heures de show, le 15 juillet 2016, au Parc Floral.
Les esprits chagrins diront que « c’est pas pareil », que rien ne peut remplacer « la magie du live » et la joie de vivre l’instant. Mais en est-on vraiment sûr ? Le plaisir de vivre un moment unique, dans la communion avec d’autres adeptes de musique, justifie-t-il les désagréments d’un concert ?
Nuit Debout ou Après-midi Assis
Nous avons mené l’expérience - complètement subjective, cela va sans dire - et cherché à comparer les émotions de festivaliers présents lors des concerts avec nos propres impressions devant les vidéos d’Arte Concert. Cette expérience de réalités comparées porte sur trois shows en particulier, ceux de Helena Hauff, Sven Vath puis Maceo Plex.
La techno de la jeune Allemande a bien chauffé les esprits au Peacock Festival. Sur Snapchat, une certaine Melissa filme son groupe d’amis en transe. Les montées bien bourrines mettent les festivaliers en transe avec une rapidité déconcertante. Sur place, notre journaliste constate même des comparaisons flatteuses de la part de festivaliers qui voient dans Helena Hauff la nouvelle reine de la techno hardcore.
De mon côté, j’ai regardé son show en plein d’après-midi, et même écrasé de chaleur, Helena Hauff m’a laissé de glace. Son album Discreet Desires, sombre et sobre, m’avait laissé un plaisant souvenir mais, derrière mon ordi, son live me semble emphatique et caricatural.
aMais, si on danse pas ?
Vient ensuite Sven Vath, DJ de 51 ans et figure incontournable de la techno. Là encore, les réactions des festivaliers sont globalement enthousiastes même si on trouve, ça et là, quelques râleurs qui trouvent le show trop prévisible. Il faut aussi supporter les blasés qui se vantent de l’avoir vu à plusieurs reprises à Ibiza… De notre côté, ce set fiévreux colle parfaitement à l’atmosphère étouffante du salon. Mieux, les quelques envolées lyriques, voire psychédéliques que ménage Sven Vath sont très rafraîchissantes. Malgré tout, le fait de ne pas pouvoir danser rend le spectacle un peu vain.
Enfin, Eric Estornel, présent au Peacock sous le nom de Maceo Plex, blaze qu’il traîne depuis quelque temps, monte sur scène. Dans la salle, l’enthousiasme semble retomber de manière assez inexplicable. Passés les cinq ou six premiers rangs de fans hardcore, de nombreux festivaliers boudent le show, bavardent, s’attardent au bar. Incompréhensible depuis notre canapé. On a monté le son à fond pour profiter à plein des impros groovy de Maceo Plex qui, tout en restant fidèle aux basiques techno ose des incartades funk. C’est encore meilleur quand il calme le tempo pour nous laisser nous dandiner paresseusement.
Le bilan de l’opération est contrasté. Globalement, la soirée, clairement pas la plus mémorable du festival (qui a vu défiler DJ Shadow, Laurent Garnier et Tale of Us), a été appréciée à sa juste valeur par les spectateurs de même que par le glandu derrière son ordinateur. Mais les enthousiasmes, de même que les déceptions, ne sont pas survenus aux mêmes moments. La fatigue des festivaliers les a détournés de Maceo Plex là alors que je commençais tout juste à me mettre dans l’ambiance. A l’inverse, la techno froide de Helena Hauff ne collait pas du tout à une après-midi de glandouille mais a parfaitement lancé la soirée des festivaliers.
Et il semble bien que le relatif confort d’un canapé ne compense pas l’excitation suscitée par la foule, même quand cette même foule est bruyante et pénible. Misanthrope convaincu, ça fait un peu mal de l’admettre mais pour les jours à venir, que ce soit au Midi festival ou à Cabourg mon amour, ceux qui aiment vraiment la musique bougeront leur cul.