MUSIQUELes festivals sont dans la galère et c'est une bonne nouvelle

Les festivals n’ont jamais été autant dans la galère: Pourquoi c'est quand même une bonne nouvelle

MUSIQUELa concurrence entre événements estivaux force les festivals à améliorer sans cesse leurs prestations…
Scène principale du festival Le rock dans tous ses états, en 2015
Scène principale du festival Le rock dans tous ses états, en 2015 - Benoit Darcy
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

C’est la merde. Euro de foot, temps pourri, état d’urgence et situation financière déplorable des collectivités territoriales. Les festivals d’été sont dans la mouise. Et pourtant, ils sont de plus en plus nombreux (selon une étude de la Sacem, 92 festivals se sont arrêtés en 2015 pendant que 109 étaient créés), et attirent de plus en plus de monde.


Et on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a là un lien de cause à effet. Soumis à une très rude concurrence, les festivals français se réinventent sans cesse et améliorent considérablement leur offre. C’est donc une époque bénie que vivent actuellement les fans de musique en plein air. Le premier week-end de juillet est un feu d’artifice : Eurockéennes de Belfort, le festival de Beauregard, le Main Square à Arras, Le Maki Music Festival, la Douve Blanche, Astropolis à Brest… Dès ce week-end, il y aura, entre autres, Solidays à Paris et Le Rock dans tous ses états, à Evreux. Le festival eurois fête sa 33e édition. Une longévité qui force le respect.

« Il y avait la queue aux toilettes »

Hedi Hassouna, directeur artistique du festival, a accepté de jouer à notre webdocumentaire interactif Balance ton festival qui propose aux internautes de se glisser dans la peau d’un organisateur de festival pour sa première édition. « C’est bon, j’ai gagné, rigole, Hedi Hassouna. Il y a eu un peu la queue aux toilettes mais sinon tout le monde était content ! C’est sympa comme jeu, ça cerne assez bien certains enjeux des festivals. Mais ça reste virtuel… Aujourd’hui, je ne lancerais pas un gros festival d’été en indépendant. Il faudrait un très gros investissement de départs, donc des partenaires privées. »

Sebastien Farran, fondateur du Big Festival à Biarritz a aussi passé le test avec succès : « Lorsque tu démarres l’organisation d’un festival, la réalité des enjeux ne se présente généralement qu’à la troisième ou quatrième édition. Avant on ne se rend pas forcément compte ni des risques ni des problèmes qu’une telle idée peut engendrer. »

On aime son petit confort

« L’exigence des festivaliers a augmenté » constate Hedi Hassouna dont le festival a toujours innové pour être au plus près des attentes de ses festivaliers. « On a mis en place des pratiques eco-responsables depuis longtemps. On réévalue sans cesse nos choix. Pareil avec les stands de restauration diversifiés ou le paiement cashless. Tout ça maintenant, c’est indispensable. On a tous les mêmes ficelles… Tout est important. Tout. S’il y a un truc qui cloche, tu te le prends dans la gueule. Les festivaliers veulent bien manger, avoir des espaces verts de détente, ne pas faire la queue, avoir un super son… Ils veulent tout. Il faut être à la hauteur de la valeur du billet. »

Par ailleurs, les campings de festivals n’affichent plus systématiquement complet. D’abord parce que les festivaliers ont pris l’habitude de privilégier les événements de proximité, ensuite parce qu’ils ont augmenté leurs standards en matière de confort. Plusieurs festivals ont ainsi noué des partenariats avec des chaînes d’hôtel ou Airbnb.

Les petits poissons nagent aussi bien que les gros

Autre bonne nouvelle : la défection des têtes d’affiche. Les stars internationales sont depuis plusieurs années devenues hors de portée des festivals français. Et les têtes d’affiches françaises se comptent sur les doigts d’une main. Les programmateurs doivent donc se creuser la tête pour concocter leurs plateaux. Même si quelques noms se retrouvent un peu partout, il y a très peu de festivals qui se ressemblent vraiment.

Même les Francofoliesinvestissent dans des créations. Cette année, le duo Brigitte rendra hommage à Balavoine. « On fait ce genre de créations depuis dix ans mais il y a une lisibilité depuis quatre ou cinq ans seulement, explique Florence Jeux, directrice artistique du festival. Il s’agit forcément d’une création éphémère et ponctuelle, un moment d’exception. Economiquement, ce n’est pas viable mais c’est ça qui rend le spectacle unique et précieux pour le public. C’est une manière de se renouveler artistiquement et de se démarquer des autres festivals. »