«Anton Yelchin a rejoint le tristement célèbre "club des 27". » Cette phrase, vous l’avez lue partout, à commencer par 20 Minutes, à la mort brutale de « l’acteur de Star Trek ». Il avait 27 ans, à l’instar de Jimi Hendrix, Kurt Cobain et Amy Winehouse lors de leur disparition. Invoquer ce club maudit des 27 était donc tentant, lui qui a déjà donné lieu à nombre d’articles, chansons, livres, expos… Même s’il s’agit d’une légende urbaine, même si Anton Yelchin n’en fait pas partie.

« Maintenant il est parti, il a rejoint ce stupide club »

En moins de deux ans, entre l’été 1969 et l’été 1971, Brian Jones des Rolling Stones, Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison des Doors meurent à la suite, à l’âge de 27 ans. Quatre rock stars parties d’un coup, et violemment : noyade, overdose, crise cardiaque. Une coïncidence ? Impossible pour les fans, qui y voient un signe - et un chiffre - funeste du destin.

Mais ce n’est qu’avec le suicide de Kurt Cobain vingt ans plus tard que le « club des 27 » est « officiellement » créé, ou plutôt qu’il s’impose dans l’inconscient collectif. La responsabilité en incomberait à la mère du chanteur de Nirvana, qui a déclaré à l’époque à un journal local : « Maintenant il est parti, il a rejoint ce stupide club. Je lui avais dit de ne pas rejoindre ce club. » Tout le monde y a vu une allusion au « club des 27 », alors que les auteurs du livre The 27s : The Greatest Myth of Rock & Roll affirment qu’elle faisait référence aux oncles et grand oncle de Kurt, qui s’étaient eux aussi suicidés.

Le club des 56

Les conspirationnistes, et les médias, s’emparent de l’événement, et d’autres musiciens sont ainsi intronisés, parfois a posteriori, au sein du club, comme le bluesman Robert Johnson décédé en 1938, Alan Wilson du groupe Canned Heat, Amy Winehouse bien sûr en 2011, ainsi que des dizaines d’autres, moins connus. Mais, vous aurez bien lu, il ne s’agit que de musiciens, pas d’acteurs ou autres artistes. Anton Yelchin ne peut donc faire partie du « club des 27 », c’est un abus de langage, un raccourci médiatique.

Et encore faudrait-il que le « club » existe lui-même. Car il part du principe qu’avec leur mode de vie rock’n’roll, leur consommation de drogue et d’alcool et leur comportement borderline, les musiciens flirtent davantage avec la mort que les autres. Or, une étude statistique du British Medical Journal de 2011 a montré qu’il n’y avait pas de pic de décès à 27 ans chez les musiciens, tandis qu' une autre publication a prouvé que le « club » était plutôt celui des 56. A vous de voir qui en fait partie…