JEUX VIDEONeuf ans de réflexion pour obtenir «The Last Guardian»

E3 2016 : Neuf ans de réflexion pour mener à bien «The Last Guardian»

JEUX VIDEOTitre événement de cet E3, The Last Guardian est une œuvre à part imaginée par un créatif japonais que nous avons rencontré en exclusivité...
Jean-François Morisse

Jean-François Morisse

Quand il faut neuf mois pour la conception d’un être humain, il aura fallu pas moins de neuf ans à Fumito Ueda pour mener à son terme l’aventure The Last Guardian. Neuf années de développement, une gestion de longue haleine pour un titre attendu par des millions de fans sur la planète. Fumito Ueda est un créateur à part derrière des jeux emblématiques et uniques comme Ico ou Shadow of the Colussus (PlayStation 2).

Des jeux intelligents et poétiques à des années-lumière des jeux où il fait bon tirer sur tout ce qui bouge. Des titres à part qui ont forgé la notoriété de Ueda alors attendu de pied ferme.

Shadow of the Colossus sort en 2005 et depuis… Plus rien. Initialement prévu sur PlayStation 3 The Last Guardian a longtemps disparu des radars pour réapparaitre l’an passé lors de la conférence E3 de Sony. La salle du Los Angeles Memorial Sports Arena où se tenait la conférence est alors en ébullition.

Fumito Ueda, un créateur simple, humble un peu superstar malgré lui que nous avons pu rencontrer, en exclusivité pour 20 Minutes.
Fumito Ueda, un créateur simple, humble un peu superstar malgré lui que nous avons pu rencontrer, en exclusivité pour 20 Minutes. - JFM

Fumito Ueda, présent sur place, est un peu malgré lui mis en avant. « J’aurais pu et du me réjouir de ce moment, confie-t-il à 20Minutes. Mais à cet instant, pour être honnête, alors que salle était en liesse, je me disais surtout "c’est trop tôt, mais je ne suis pas prêt, ne vous emballez pas, le jeu n’est pas encore terminé" ».

The Last Guardian enfin jouable à l’E3

A peine dévoilé, The Last Guardian séduit par son concept comme toujours avec cet auteur, original. Dans ce jeu, un petit garçon va, avec l’aide d’une créature gigantesque à plumes baptisée Trico, devoir traverser un monde immense parsemé de dangers. Les joueurs ont pu lors de cet E3 2016 essayer pour la première fois le jeu, éprouver ses mécaniques et savourer son ambiance très particulière à la lisière des contes pour enfants. « Dans ce jeu, le lien qui unit le jeu garçon à cette bête sauvage est unique explique Arnaud de Keyser rédacteur en chef adjoint à Jeux Vidéo magazine. On ressent vraiment l’appréhension de l’enfant face au monstre, cela crée un sentiment unique et très fort dans un jeu vidéo ».

Neuf ans de développement, un record sans équivalent

Mais The Last Guardian a été pour Fumito Ueda un développement de longue haleine pour ne pas dire un véritable chemin de croix. De mémoire, jamais un jeu vidéo n’aura été aussi long à développer (seul Diablo III doit s’en approcher). Neuf ans, un véritable record. « C’est effectivement très long, confie-t-il on passe par des hauts et des bas durant toutes ces années et l’on se demande vraiment si on va y arriver. Heureusement, la sortie des versions remasterisées de Ico et Shadow of the Colossus a été un véritable boost pour nous pousser à terminer The Last Guardian ».

Le titre est ainsi devenu dans l’industrie un véritable serpent de mer faisant dire à certains spécialistes qu’il ne verrait sans doute jamais le jour. Et pourtant, Fumito Ueda, et Sony, derrière le projet, ont persévéré pour ne pas dire se sont obstinés.

Une vraie vision artistique pour un style unique

Le résultat est au final étonnant. L’étrange animal Trico semble plus vrai que nature. « Même s’il s’agit d’une créature imaginaire, confie Ueda, j’aimerais qu’à la fin du jeu, le joueur ait ressenti la présence de Trico, qu’il ait pu expérimenter une espèce de connexion avec cette créature. C’est vraiment ce que j’ai voulu faire avec The Last Guardian ».

Ico, Shadow of the Colossus et maintenant The Last Guardian, les jeux de Fumito Ueda possède une touche unique poétique.
Ico, Shadow of the Colossus et maintenant The Last Guardian, les jeux de Fumito Ueda possède une touche unique poétique. - Sony C.E.

Une gestation longue, visiblement compliquée car Ueda est un auteur avec une vision claire de ce qu’il souhaite faire. Quand on l’interroge sur le pourquoi d’un si long développement, il répond simplement : « Depuis le tout début, j’ai juste voulu faire le jeu auquel j’ai personnellement envie de jouer, rien de plus, avoue-t-il mais cela m’a pris un certain temps. »

Enfin disponible en octobre

Presque une décennie. Un développement sans équivalent qui arrive désormais à son terme puisque ce jeu exclusif à la PlayStation 4 sortira a priori le 25 octobre prochain. La dernière ligne droite pour Ueda pourtant pas encore soulagé qui nous glisse avant de partir : « Je suis ravi de discuter là avec vous, mais pour être honnête, une partie de mon cerveau me dit qu’au lieu d’être à Los Angeles, je ferai mieux de filer à Tokyo finir ce que je dois faire. » Un vrai perfectionniste comme le sont, en définitive, de très nombreux artistes.