NEVROSESWhatsapp ou SMS: ces petites fonctions qui rendent fou

Sur Whatsapp ou par SMS… Ces toutes petites fonctions qui nous rendent fous

NEVROSESSavoir que la personne est en train de répondre ou savoir qu’elle est en ligne, mais ne répond pas : est-ce bien nécessaire ? Il peut pourtant suffire d’un clic pour abréger cette souffrance…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Elles n’ont pas l’air bien méchantes comme ça, ces fonctionnalités. Sauf qu’elles turlupinent, agacent voire obsèdent beaucoup d’entre nous. Ce qui serait anecdotique, on vous l’accorde… si plusieurs milliards de personnes sur cette planète n’étaient pas concernées. Et s’il n’existait pas une foule de témoignages sur le sujet un peu partout (ici, ici ou ici.)

Un double V sans la victoire

Prenez le double check bleu de Whatsapp, qui vous informe que votre interlocuteur s’est connecté et a bien lu votre message. Vous attendez alors la réponse, un jour, deux jours, trois jours. Et d’un coup, le double V de la victoire l’est… beaucoup moins.

Sorry.
Sorry.  - GQ

Vous convoquez en urgence une cellule de crise (vos amis). « Il/elle a VU mon message et il/elle est pas foutu de répondre ? ! ». Ajoutez à ça que Whatsapp vous permet de scruter, sans que celle-ci le sache, à quelle heure la personne s’est connectée à l’application (« en ligne à 23:07 »), et vous tenez l’une des nouvelles névroses de notre merveilleux 21e siècle.

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En témoignerait cette amie (le vrai « cette amie », pas celui qui veut dire « moi ») qui luttait avec une force admirable contre l’envie de prendre des nouvelles de son ex, et m’expliquait fièrement qu’elle parvenait à s’y tenir. Avant de préciser qu’elle vérifiait quand même jusqu’à 5 fois par jour sur Whatsapp à quelle heure il s’était connecté. Et les yeux fuyants : « Je sais. C’est nul. »

Le stalking avant Whatsapp
Le stalking avant Whatsapp - Les Simpson

Insomnie ?

C’est via cette même fonctionnalité qu’une journaliste de Mashable UK s’est découverte cocue. « Whatsapp lui a dit ». En trahissant via des « vu à 3:45 », « vu à 4:03 » sur le profil de son copain une activité nocturne louche, « alors qu’il n’a jamais été insomniaque ». Les soupçons étaient justes : il la trompait bien.

L’homme en question aurait peut-être dû écouter la bonne parole des conseillers conjugaux, ou love coachs : « Etre infidèle et ne pas se faire prendre est devenu quasi impossible aujourd’hui, avec toutes les traces que l’on laisse sur les réseaux », confirme Florence Escaravage, représentante bien connue de la profession. Et dont le quotidien est d’écouter bon nombre de personnes jalouses. « Toute (elle insiste) personne jalouse va vérifier les comptes Facebook, Whatsapp, Skype, etc. de son conjoint. C’est devenu un automatisme. Parce que c’est facile. Et ils viennent me demander ensuite : il ou elle était en ligne à telle heure, il a ajouté tel (le) ami(e), qu’est-ce que vous en pensez ? C’est un énorme problème, les réseaux sociaux dans le couple aujourd’hui. »

Vu, lu, pas répondu

Si encore les jaloux-en-couple étaient les seuls concernés. N’importe quelle personne en attente d’un message peut en réalité vivre un jour cette indication d’activité d’autrui avec inquiétude. L’équivalent se produit sur Facebook, et surtout Messenger, particulièrement gourmand quand il s’agit de traquer notre activité, comme l’avait montré un développeur danois en février dernier, en partageant un outil permettant de récolter toutes les 10 minutes ces données et donc de tracer avec une précision effrayante les habitudes de ses amis, jusqu’à leur sommeil.

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Reste que si chacun a vaguement conscience des données personnelles qu’il laisse en buffet libre à Messenger, chacun a aussi pu en tirer « profit ». Que celui qui n’a jamais consulté le statut d’un ami/mari/amant lève la main, et que tous les autres l’applaudissent pour cette absence de voyeurisme exemplaire. Vous aurez également remarqué que Facebook a ajouté la fonction « Vu » sur les événements. Plus de doute possible désormais : ces ingrats qui n’ont pas daigné vous dire s’ils viendraient à votre anniversaire demain ont bien vu l’invite, oui, oui. Hélas.

L’insoutenable lourdeur de l’attente

Trêve de pessimisme, un peu de joie, un peu de soleil, imaginons maintenons qu’on vous répond. Ou plutôt, on est en train de vous répondre. Vous voyez où on veut venir.

Les trois petits points de la terreur
Les trois petits points de la terreur  - DR

Sur iMessage – et sur Messenger et Google Chat : les fameux trois petits points clignotants. Ceux capables de vous tenir en haleine et de jouer avec vos nerfs mieux qu’un bon Hitchcock. Surtout si vous venez de poser une question, toutes importances confondues, de « Tu peux prendre une baguette tradi ? » à «Tu veux boire un verre ? ». La réponse s’écrit sous vous yeux, de l’autre côté de l’écran, et tout peut basculer, mais aussi aboutir à… rien. Comme quand vous couriez ado vers la boîte aux lettres le cœur affolé et la trouviez VIDE.

Dès 2005, sur BBM

Dans un article consacré à cette petite bulle apparue dès 2005 sur les Black Berry et deux ans plus tard chez Apple, un journaliste du New York Times confiait en 2014 que son psy lui avait ordonné de désactiver la fonction sur son téléphone. Motif : « Ca provoque trop de stress chez vous ». Un autre chroniqueur américain décrivait cette même bulle comme « probablement la source la plus importante d’espoir, mais aussi de déception ultime de nos vies quotidiennes ». Un autre encore, « comme l’élément le plus perturbant des conversations en ligne ». Tandis que l’inventeur de la bulle sur iMessage expliquait à Slate que non, il n’était « pas désolé ».

Dans l’histoire de l’humanité, « aucun autre média que le média informatique n’avait jamais donné à l’écrit la possibilité d’être interactif, explique Isabelle Tellier, professeur de linguistique informatique. L’écrit était un média asynchrone, sans temporalité imposée. Il permettait de maîtriser le temps. »

Oubliée, la maîtrise. On répond sous surveillance. Un peu comme si la personne d’en face vous entendait bafouiller et reformuler dans votre tête ce que vous allez lui dire… Au secours.

Et maintenant, le « ghosting »

Les trois petits points s’interrompent ? On aligne toutes les hypothèses. Alors qu’il/elle est sans doute simplement en train de faire 10.000 choses à la fois. Comme vous. Comme toute personne du 21e siècle. Et qu’il/elle n’a pas forcément l’intention de disparaître à jamais, et de vous confronter au « ghosting ». Soit l’autre mal des temps modernes, consistant à faire le mort en ne répondant plus à aucun SMS, Whatsapp, Messenger. Auquel cas l’époque des petites bulles ou du double check Whatsapp pourrait bien vous apparaître… douce.

Comment s’en débarrasser

Les statuts d’activité sur Whatsapp : Libérez-vous en allant dans Réglages > Compte > Confidentialité > « Vu à » et en décochant « tout le monde ». Whatsapp vous prévient : « Si vous ne partagez pas la fonction Vu à, vous ne pourrez pas voir la fonction Vu des autres ».

Les statuts d’activité sur Messenger : C’est plus complexe. Il faut déjà s’assurer d’être « hors ligne » dans Messenger quand on consulte le site Facebook. Supprimez définitivement l’application dédiée, et passez par le site mobile. Ou oubliez Facebook, comme fortement conseillé ici.

Les petites bulles «…» sur iMessage : C’est simple, vous ne pouvez pas. A moins de désactiver les iMessage et ne passer que par les messages. Sinon, des applications proposent de vous venir en aide.

Option bonus :

Si vous vous ennuyez un jour de pluie
Si vous vous ennuyez un jour de pluie  - http://miscellaneousmischief.com/textinprogress.html