TELEVISIONCe jeudi, un docu de France 3 prouve qu'on se souvient mal de Coluche

On se souvient mal de Coluche et France 3 nous en donne la preuve ce jeudi

TELEVISIONAlors que l’on commémore cette année les trente ans de la mort de l’humoriste, France 3 diffuse ce jeudi soir « Coluche : Le bouffon devenu roi », un documentaire riche en anecdotes géniales…
Fabien Randanne

Fabien Randanne

On a l’impression de la connaître par cœur, l’histoire de ce mec. Son éternelle salopette, ses punchlines d’anthologie, son Aile ou la cuisse, « son » Tchao Pantin, ses Restos du cœur et ce « putain de camion ». Et pourtant, Coluche : Le bouffon devenu roi, diffusé ce jeudi à 20h55 sur France 3, rouvre la boîte à souvenirs pour débusquer ce que la mémoire a oublié. Didier Varrod, coréalisateur du documentaire avec Nicolas Maupied, commente trois anecdotes pour 20 Minutes

  • Sa première couverture ? Celle du « Pèlerin magazine »

Tout prophète de l’humour soit Coluche, il est étonnant que ce soit un mensuel catholique qui ait offert à l’artiste sa première Une, en 1974. Le journaliste qui a signé l’article confiait à l’époque en être « resté interloqué ». Mais Le Pèlerin magazine est élogieux envers le « nouveau comique » : « Dix millions de personnes l’ont vu bafouiller à la télévision son histoire du mec qui regarde dans l’eau sur le pont de l’Alma. Que c’est bête. On pourrait en pleurer de désespoir mais, racontée par Coluche, cette histoire idiote a provoqué plus de fous rires que vous ne pouvez l’imaginer. » « On ne se rend pas compte à quel point Coluche a provoqué une rupture, souligne Didier Varraud. Il a rebattu les cartes du spectacle vivant, de l’écriture comique et de la façon de faire ce métier. »

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  • Un « Heil Coluche » très discret et impensable aujourd’hui

Le documentaire se replonge dans l’iconographie coluchienne et notamment dans le matériel de sa candidature à la présidentielle de 1981. Dans le coin d’une des affiches apparaît une caricature de l’humoriste disant : « Heil Coluche !" » « Vous imaginez voir la même chose aujourd’hui ? », interroge Didier Varrod. Le journaliste en est convaincu, s’il exerçait toujours en 2016, l’homme à la salopette, ferait grincer bien des dents. « Avec la montée du communautarisme, y compris dans l’humour, et avec le développement des réseaux sociaux, il lui serait plus compliqué de faire le sketch du CRS arabe, par exemple. Et puis, serait-il invité sur les plateaux ? » Le documentaire pose Coluche comme un précurseur du buzz.

  • Il s’est fait dézinguer en direct par Jean-Yves Lafesse (entre autres)

Trente ans après sa mort, Coluche a été placé sur un piédestal dans la mémoire collective. Il a été érigé en symbole d’une époque où l’on pouvait « rire de tout » sans que cela n’émeuve grand monde. Erreur ! « Il faut éviter le piège du "C’était mieux avant", insiste Didier Varrod, car dans la presse de l’époque, il y a des articles assassins à son encontre, sur ses excès, ses sketches, sa personnalité. Quand il est mort, il est devenu "intouchable" et on a oublié tout ça. »

Les uppercuts viennent aussi bien du Figaro, qui le qualifie de « Rimbaud du pipi-caca », que de L’Express, qui le désigne comme « l’idéologue de la chienlit »… En 1983, Michel Polac consacre même un Droit de réponse à la question « Peut-on se débarrasser de Coluche ». Au cours du débat, un certain Jean-Yves Lafesse assène au comique « Tu ne nous fais plus rire »… Décontenancé et peinant à rebondir avec humour, Coluche quitte le plateau sous les insultes (« Dégonflé ! », « Pot de chambre ! »…). Pas très rigolo.