Kayane, Luffy, Broken, Dioud... ils sont champions d'e-sport et Français
JEU VIDEO•Les rendez-vous de e-sport s'enchaînent actuellement en France...Vincent Jule
Le Red Bull Kumite, l' Electronic Sports World Cup, le Stunfest… les rendez-vous de e-sport s’enchaînent actuellement en France, alors même que le Sénat vient de voter la création d’un statut de joueur professionnel et l’assouplissement de l’organisation des compétitions. A partir de vendredi et tout le week-end, le Zénith de Paris accueillera d’ailleurs l’ESWC Call of Duty, l’un des plus grands tournois consacrés au célèbre jeu de guerre - dont le nouvel épisode Infinite Warfare vient d’être dévoilé. L’occasion pour 20 Minutes d’aller à la rencontre d’e-sportifs français, champions de Call of Duty, Street Fighter ou League of Legends. Fight !
Kévin « BroKeN » Georges
Âge : 24 ans
Jeu : Call of Duty
Palmarès : Champion de France et d’Europe 2013 en équipe
A huit ans, Kévin touche sa première manette, et bat son frère pourtant expérimenté à NBA Live. A l’époque, il préfère les jeux de sport aux jeux de tir, mais atteint un tel niveau, que ses potes se vengent sur Call of Duty. « Ca me soulait de perdre, donc, par rancoeur, j’ai continué, je me suis adapté, j’ai appris à apprécier le jeu. » Le gamer découvre également le système des LAN (pour « Local Area Network »), des tournois en réseau, et monte sa propre équipe avec des amis. Dès leur première participation, totalement inconnus, ils finissent deuxième. La carrière de Kévin prend un détour par New York, pour ses études, mais à ses premières vacances en France, il se refait la main sur tournoi et est approché par la structure française Millenium pour devenir joueur pro. « J’ai fait le grand saut. »
Avec Gotaga, le joueur de Call of Duty le plus réputé d’Europe, et Néo, son manager, Kévin alias BroKeN s’émancipe vite et créé la Team Vitality, dont il devient le capitaine. L’équipe est aujourd’hui incontournable sur la scène e-sport mondiale. Tous vivent quasiment sous le même toit, dans une « gaming house » mi-colocation mi-bureau : « L’entraînement commence vers 19h, jusqu’à très tard, le plus souvent ensemble, surtout à l’aube d’une compétition. » Kévin évoque une vie « cool », mais sait aussi que tout a une fin, et pense déjà à sa reconversion. Peut-être sur un nouveau jeu, comme Overwatch ou Battleborn.
Olivier « Luffy » Hay
Âge : 29 ans
Jeu : Street Fighter
Palmarès : Champion du monde EVO 2014
Son entrée dans l’e-sport ? « Un hasard total », avoue Olivier. Lorsque cet amateur de jeux d’aventures achète la PS3 en 2008, il prend aussi Street Fighter IV : « C’était le seul jeu du magasin que je connaissais ». Quelques mois et combats plus tard, il participe à son premier tournoi et le remporte haut la main. Sa percée dans le top 5 des meilleurs joueurs, Olivier ne l’explique pas vraiment. En revanche, ce qui est sûr, c’est qu’il « comprend » le game, tel Néo dans Matrix : « Street Fighter est un jeu très minutieux. Il faut faire le bon choix au bon moment, parfois à un 1/33ème de seconde près, ça va très vite. »
Le 13 juillet 2014, Olivier alias Luffy (oui comme le héros de One Piece) réalise l’impossible et devient le premier Français et Européen à gagner l’EVO, le plus grand tournoi du monde. Pourtant, pendant des années et malgré les partenariats, le champion garde son boulot de responsable des achats, et joue le soir et le week-end. « Le versus fighting est encore une discipline de niche, moins grand public. Il est plus difficile d’en vivre, mais ça bouge. » C’est pourquoi l’ahtlète, signé chez Redbull, a pris une année sabbatique afin de se consacrer à sa passion. Avec des compétitions toutes les semaines, aux quatre coins de la planète. « Pas si différent qu’un joueur de foot ou de tennis. »
aMarie-Laure « Kayane » Norindr
Âge : 24 ans
Jeux : Soul Calibur, Dead or Alive, Street Fighter
Palmarès : Championne du monde féminine EVO 2010, record féminin mondial du nombre de podiums (53)
Pour Marie-Laure, le jeu vidéo est une histoire de famille. Ses frères sont champions de Tekken, et remarquent très jeune son potentiel. « A neuf ans, ils m’ont emmenée à ma première compétition, mais pas un truc de fou non plus », se souvient celle qui devient vite vice-championne de France de Soul Calibur et de Dead or Alive 2. Elle découvre aussi un univers de petits machos et de mauvais perdants. « J’étais une fille, jeune et je les battais. Je cumulais », sourit-elle aujourd’hui.
Les victoires s’enchaînent jusqu’au titre de championne du monde féminine Super Street Fighter IV en 2010, jusqu’à lui ouvrir les pages du Guinness Book des records. Son parcours en fait également une ambassadrice de choix, que ce soit comme animatrice télé sur Game One ou organisatrice d’évènements. Elle a même été consultée par le gouvernement dans le cadre du projet de loi numérique. Si Kayane a « délaissé » un temps la compétition et multiplié les activités, « c’était pour pouvoir en vivre, pour faire de sa passion son métier ». Un risque qui a payé, dans tous les sens du terme : « Aujourd’hui, je peux même rembourser mon prêt étudiant. » Elle a également écrit son autobio, éditée chez 404 Editions, et s’est remise à s’entraîner, plus que jamais. Préparez-vous les gars.
Hugo « Dioud » Padioleau
Âge : 25 ans
Jeu : League of Legends
Palmarès : 1er Second SPLIT Brasil 2015, 1er IWCI Desafio Internacional 2015, 9ème World Championship 2015
Alors que l’Etat français légifère sur le statut de joueur professionnel, Hugo est déjà un « Pro Esports Player ». C’est même marqué sur son visa… brésilien. « Dans le monde entier, je suis le seul Européen à avoir tenté sa chance au Brésil, raconte-t-il. Je suis aussi le seul Français à avoir une carrière en dehors de l’Europe sur League of Legends. » LoL de son petit nom est un jeu d’arène de bataille en ligne multijoueur (MOBA), devenu l’événement e-sport le plus regardé du monde, avec des dizaines de millions de spectateurs en ligne et des stades pleins à craquer.
Tombé dans le jeu vidéo à l’adolescence, Hugo y trouve une passion, mais aussi un refuge suite au divorce de ses parents. « Après de nombreuses heures seul devant mon PC, j’ai atteint un niveau décent et ai pu rejoindre une équipe d’amis, avec laquelle j’ai fait mes premières compétitions, avant de passer pro. » Pour lui, être bon et pro sont d’ailleurs deux choses différentes : « Pour être bon, il faut de la patience, de la minutie, de la passion et beaucoup d’heures de jeu, alors que pour être pro, il faut de la rigueur, de la discipline, une gestion du stress, un minimum de sociabilité et du caractère (mais pas trop). » Et pourquoi le Brésil ? Plus un choix de vie que de carrière, même s’il n’aurait pas pu rencontrer le même succès ailleurs : « La communauté est gigantesque ici. Ce sont les fans les plus impliqués du monde, voilà la plus grande différence. »