INNOVATIONL'art par l'intelligence artificielle, un bon achat?

Est-ce le moment d’acheter l’art produit par l’intelligence artificielle?

INNOVATIONDe plus en plus d'œuvres d'art issues de l'intelligence artificielle sont à vendre...
Coralie Lemke

Coralie Lemke

Confortablement assis sur une chaise imaginée par un algorithme, vous écoutez un morceau de musique créé aléatoirement grâce à un programme tout en admirant un tableau psychédélique imaginé par ordinateur. La situation n’est pas impossible. L’intelligence artificielle a commencé à produire de l’art sous plusieurs formes.

« Comme tous les mouvements artistiques naissants, il peine à trouver le soutien du grand public », explique Yann Ollivier, chercheur spécialisé en intelligence artificielle au CNRS. Un peu comme un Van Gogh, incompris à son époque mais dont les œuvres valent aujourd’hui des millions. Alors faut-il acheter aujourd’hui des œuvres produites par l’intelligence artificielle dont la valeur risque d’exploser dans quelques années ?

27 œuvres vendues à San Francisco

En Californie, les curieux ont commencé à jeter leur dévolu sur les premières peintures produites par une intelligence artificielle. Des tableaux imaginés par le logiciel Deepdream de Google, capable de créer des œuvres originales à partir d’images vides. « Nous avons utilisé le programme comme un outil technologique mais il s’avère qu’il produit des résultats intéressants d’un point de vue artistique », explique Mike Tyka, un ingénieur chez Google, qui travaillé sur Deepdream.

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27 œuvres ont été exposées à San Francisco en février à la fondation Gray Area. « Et l’intégralité des images ont été vendues lors d’une soirée caritative », poursuit Mike Tyka. La plus chère valait 8 000 dollars. Les premières œuvres sont donc désormais accrochées dans les demeures d’amateurs d’arts californiens.

Si le projet semble anecdotique, cette technologie s’est pourtant bien installée dans le domaine artistique. « Ce n’est pas du gadget. L’intelligence artificielle est devenue un réel outil pour la création. Elle est aujourd’hui au service du message de l’artiste », estime Alexia Guggémos, critique d’art spécialisée dans le domaine du digital. Elle cite l’exemple de Maurice Benayoun et de son œuvre Brain Factory Prototype, qui utilise les données fournies par l’activité du cerveau pour produire de l’art de manière aléatoire.

Des productions artistiques difficiles à conserver

La véritable barrière qui freine la vente d’art produit par une intelligence artificielle n’est pas sa valeur artistique mais la pérennité des œuvres. « Difficile de conserver une œuvre quand elle est à ce point liée à l’ordinateur. A titre d’exemple, les œuvres qui tenaient dans 25 mètres cubes de processeurs il y a dix ans tiendraient dans un Ipad aujourd’hui. Comme par exemple le Tunnel sous l’atlantique de Maurice Benayoun », nuance Alexia Guggémos.

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Avant d’être réellement commercialisable, l’art issu de l’intelligence artificielle a donc encore du chemin à faire. Notamment à cause de la technologie, difficile à maîtriser. « L’art, ce n’est ni la priorité des informaticiens, ni la priorité des grandes entreprises comme Google. Tous les deux utilisent les algorithmes exclusivement pour leurs recherches. Voilà pourquoi la collaboration entre les milieux scientifiques et artistiques est indispensable », souligne Yann Ollivier du CNRS. L’art produit par l’intelligence artificielle ne prendra peut-être jamais de valeur mais ceux qui en achètent,