GLISSELa trottinette a envahi les skateparks

La trottinette est-elle vraiment devenue aussi cool que le skateboard?

GLISSEOmniprésentes dans les skateparks, les trottinettes bousculent les habitudes des autres riders...
Coralie Lemke

Coralie Lemke

Dimanche après-midi au skatepark de Bercy, deux skaters peaufinent tour à tour leurs figures sur un rail. Autour d’eux, une quinzaine d’enfants en trottinette s’aventurent dans les half pipe, sous les yeux de leurs parents. Bien plus qu’un simple phénomène de récré, cette nouvelle pratique a un nom, la trottinette freestyle.

« Aujourd’hui, près de 70% des utilisateurs des skateparks sont des trottinettes », chiffre Rémi du Peloux, président de la commision de roller freestyle à la Fédération française de roller (FFR). Pourtant, les trotti-riders sont mal aimés par leurs voisins en skate, roller ou BMX.

A Montpellier, Précilia Verdier a lancé des cours de trottinette freestyle en plus des cours de rollers. La présidente de l’association Roll'school sait que les trottinettes incommodent souvent les utilisateurs historiques des skatepark. « Il y a eu des coups de tensions avec les autres riders du parc qui étaient assez récalcitrants. »

Sur du plat ou des bosses, les trotti-riders sont à l'aise partout.
Sur du plat ou des bosses, les trotti-riders sont à l'aise partout.  - C. LEMKE

Elle espère installer une cohabitation plus pacifique grâce à des séances de rappel. « On leur donne des cours de sécurité avant de commencer pour leur apprendre à se placer là où ils ne dérangent personne et à se déplacer sans couper un autre rider dans son élan. »

Rejeté par les fédérations officielles

La mauvaise image dont le sport souffre se ressent à tous les niveaux. « Quand la discipline a commencé à s’organiser, le ministère a refusé de leur créer une fédération. Ensuite ils ont toqué à la porte de la Fédération française de skate, qui a dit non, tout comme la Fédération française de cyclisme qui comprend le BMX. Puis ils se sont tournés vers nous, et nous avons accepté », raconte Rémi du Peloux.

Pas de diplôme agréé pour enseigner la discipline, pas de championnat officiel. Pour l’instant, le monde de la trottinette est encore très underground. Et mal organisé. « Dans la fédération, nous avons 60 000 licenciés en roller et 250 en trottinette », explique Rémi Du Peloux.

La glisse facile

Mais la trottinette a bien des atouts. « C’est vraiment le moyen le plus facile pour avoir accès à des sensations de glisse. Voilà pourquoi il y a autant de pratiquants », commente Précilia Verdier. « Pas besoin de s’entraîner pour trouver l’équilibre, comme en skate ou en roller. Tout le monde est capable de descendre un plan incliné avec une trottinette. »

La discipline profite aussi des premières générations de trotti-riders, devenus des exemples pour les plus jeunes. « Ceux qui n’ont pas abandonné sont devenus adultes. Ils ont aujourd’hui entre 16 et 25 ans », explique Grégoire Hénin, directeur général français de Micro, une marque suisse de trottinette.

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C’est le cas de Bill, 18 ans, qui enchaîne les figures d’un bout à l’autre du parc. A son âge, fini le look d’écolier. Il a tous les codes du rider, pantalon baggy et large t-shirt. Il a commencé la trottinette freestyle à 16 ans, en pleine adolescence. « Au départ, mes amis ne me prenaient pas au sérieux. Mais petit à petit, ils ont vu mon niveau monter », explique le jeune homme. Au skatepark, il sait qu’il doit montrer le bon exemple pour les plus jeunes.

Trop nombreux et trop jeunes

Si la trottinette est mal aimée, c’est d’abord une question d’antériorité. Alan, qui skate depuis 5 ans à Paris, s’est peu à peu habitué à leur présence. Assis sur une rambarde, il observe les enfants qui détalent dans tous les sens. « C’est bien parce-que ça leur donne une première expérience de glisse. Mais le skate existe depuis bien plus longtemps. C’est toujours lui qui dominera dans le monde de la glisse. » A tel point qu'à travers les memes, la trottinette est la risée d'internet.

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*Je pourrais avoir des amis mais je fais de la trottinette.

Premier reproche que les skateurs font aux trotti-riders, ils sont trop nombreux. A tel point que ça devient difficile de skater correctement. « J’ai passé l’après-midi en skatepark. Enfin je devrais dire, au parc pour trottinettes. Franchement, c’est juste impossible de skater pendant les vacances là-bas », regrette Icantskateboard.

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« Sans leur guidon ces mecs ne sont plus rien »

A côté du skate, qui demande de la détermination pour simplement tenir sur la planche puis pour réussir des figures, la trottinette semble trop facile aux yeux de certains riders. « J’étais au skatepark avec mon frère et une bande de gamins en trottinette est arrivée. Mon frère m’a dit ‘sans leur guidon ces mecs ne sont plus rien’ », raconte Madison Williams. Le guidon est vu comme un appui supplémentaire qui leur enlève tout mérite.

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Dernière incompatibilité avec trotti-riders : ils sont trop jeunes. Difficile de devenir amis quand on est issus de deux générations bien différentes, comme le souligne J. Taylor. « Je vais aller au skatepark pendant que tous les gosses qui font de la trottinette sont à l’école. » D’autant plus que les trotti-riders ne se laissent pas marcher sur les pieds. « Aujourd’hui y’a un petit de douze ans qui m’a défiée et il m’a donné rendez-vous au skatepark pour me montrer comment il sait faire des backflips », raconte Jess.

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Pourtant, au-delà de la notion de cool, la trottinette a l’avantage de structurer les moins de 12 ans. Précilia Verdier était moniteur de roller depuis 8 ans quand les enfants en trottinette qui traînaient autour du skatepark sont venus la voir, un peu dépités. « Ils m’ont dit : ‘Préci, y’a rien pour nous ici !’ Alors j’ai créé des cours pour eux.» La monitrice préfère les savoir en train de se dépenser sur les rampes plutôt que devant la console de jeux-vidéo. Et qui sait, peut-être qu’une fois devenus adultes, ils pourront enfin sympathiser avec les autres riders.