Une chorale de lapins à l'opéra

Une chorale de lapins à l'opéra

CULTURE – Un spectacle féerique...
Alice Antheaume

Alice Antheaume

Un opéra avec des lapins et une liaison Wi-fi? Le spectacle a beau sembler surréaliste, il existe. Les interprètes ne sont pas de véritables bêtes à poils vivantes mais des lapins-gadget en plastique d’une trentaine de centimètres de haut qui, reliés par ondes Wi-fi, ont le nombril qui s’éclaire, les oreilles qui gigotent et émettent des sons. Cela s’appelle le «Nabaz'mob», contraction de Nabaztag — lapin en arménien — et flashmob, ces rendez-vous éclair organisés dans des lieux publics.


Au final, une chorégraphie à la fois étonnante et, n’ayons pas peur de le dire, féerique. Mais attention, «on a perverti le lapin, explique Jean-Jacques Birgé, designeur sonore et co-auteur de la pièce avec Antoine Schmitt. Seul, le lapin, en tant qu'objet, a l'air mignon. Mais là, rassemblé avec d'autres, ça change: les lapins deviennent maléfiques. C'est une parodie de la démocratie.»



Nabaz'mob, opera for 100 smart rabbits

«Les lapins sont devenus des rock stars»

Cet opéra, créé en 2006 à Beaubourg, à Paris, est maintenant en tournée internationale, à Nantes dès ce jeudi soir, à Amiens le 6 octobre, à Amsterdam le 20 octobre et bientôt, aux Etats-Unis. «Le phénomène nous échappe un peu: désormais, la prestation s’arrache de ville en ville, sourit Olivier Mével, co-fondateur de la société Violet, qui fournit les lapins Wi-fi. Au fil du temps, nos lapins se sont professionnalisés et sont devenus des rock stars. On les trimbale en camion dans leur caisson, et on a même une accompagnatrice qui les installe en tournée.»


Appareillage

Le dispositif est mastoc: cent lapins (soit 130 kilos au total) voyagent ainsi, avec leurs câbles d’alimentation et les cent prises associées, plus six routeurs Wi-fi et deux ordinateurs régis par les auteurs de cette pièce écrite. Oui, écrite. Antoine Schmitt et Jean-Jacques Birgé envoient via leurs ordinateurs la partition aux lapins qui la jouent ensuite sur la scène, en remuant les oreilles. Parfois en décalé. Car les interprètes restent des lapins, pas des moutons.