BDLucky Luke se réinvente à 70 ans

Lucky Luke se réinvente à 70 ans

BDMatthieu Bonhomme inaugure la nouvelle collection «Lucky Luke par…»…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

Comment mieux fêter les 70 ans du cowboy le plus célèbre de la bande dessinée qu’en lui permettant de s’offrir une seconde jeunesse ? C’est précisément le pari qu’ont fait les éditions Lucky Comics en confiant le héros créé par Morris en 1946 à des auteurs qui n’étaient pas nés à l’époque (un pari prudent, puisque le principe a déjà fait ses preuves avec « Spirou par… » et la récente collection « Mickey vu par… »).

Il s’agit d’un événement dans la mesure où cette initiative est éditorialement indépendante, et qu’elle n’empiète donc pas sur la série officielle, toujours en cours et désormais animée par Achdé (dessin) et Jul (scénario).


Matthieu Bonhomme publie donc L’homme qui tua Lucky Luke, le tout premier volume de la collection, un second signé Guillaume Bouzard étant annoncé pour le mois de juin.

Lucky Luke meurt-il vraiment ?

Un rêve de gosse

Ce faisant, l’auteur d’Esteban (et dessinateur de Messire Guillaume, Le marquis d’Anaon, Texas cowboys etc) réalise un rêve de gosse : « Lucky Luke est vraiment LA bande dessinée de mon enfance. Ses albums trônaient dans la bibliothèque de mes parents, alors je les ai tous lus 50, 100 fois ! », confie-t-il à 20 Minutes. « Du coup, je m’imaginais qu’on était copains, lui et moi. Il m’a accompagné toute mon enfance : je jouais aux cowboys déguisé en Lucky Luke, il m’apparaissait en rêve… Il était devenu une base, un repère. Finalement, c’est bien Lucky Luke qui m’a amené à faire de la BD mon métier. »

Une série à records

Son expérience n’a, pour autant, pas été un long fleuve tranquille car on ne peut pas se permettre n’importe quoi lorsqu’on s’approprie un personnage dont les 80 albums se sont vendus à plus de 300 millions d’exemplaires, sont traduits en 29 langues, ont été adaptés trois fois au cinéma et quatre fois en animation, ont inspiré cinq séries télévisées et 16 jeux vidéo… « J’avais carte blanche », souligne matthieu Bonhomme. « Enfin, sauf pour cette histoire de cigarette, que Lucky Luke a abandonnée en 1983 et qu’il ne reprendra plus jamais. Ça tombait mal, j’avais envie d’aborder le sujet… et je l’ai quand même fait, mais en contournant la difficulté (rires) ».


L’homme qui tua Lucky Luke a effectivement pour fil rouge le tabac… ou plutôt, le manque de tabac, auquel notre cowboy est confronté dès son arrivée à Froggy Town où, suite à une pénurie, personne n’a plus de quoi se rouler le moindre début de mégot. La tension est donc à son comble, ce qui n’empêche pas notre justicier légendaire d’accepter d’enquêter sur une attaque de diligence qui convoyait l’or des mineurs… et le ravitaillement en tabac ! Épaulé par un porte-flingue (qui crache continuellement ses poumons), Lucky Luke, dans ses investigations, se met bientôt à dos la fratrie qui dirige la ville…

Carte blanche absolue… ou presque

« Mon intention de départ, c’était bien de trouver une explication plausible à l’arrêt de la cigarette par Lucky Luke », rigole Matthieu Bonhomme. « J’ai donc développé mon idée en respectant la seule interdiction qui m’avait été faite puisqu’on ne voit jamais Lucky Luke fumer. Pour le reste, je pouvais vraiment faire ce que je voulais car l’éditeur avait bien compris le respect que je portais au personnage. Finalement, j’ai eu beaucoup plus de liberté que n’en ont les repreneurs de la série principale, dont les albums sont lus, relus, décortiqués pour parfaitement coller à l’esprit Lucky Luke ».

Lucky Luke à travers les âges

Une liberté qui a porté ses fruits, tant L’homme qui tua Lucky Luke (titre hommage au film de John Ford L’homme qui tua Liberty Valance) est une réussite totale. Magnifiquement dessiné (avec, là aussi, des clins d’œil graphiques – un duel, notamment — au western spaghetti de Sergio Leone, par exemple), le récit, fort de dialogues enlevés et de multiples rebondissements, captive de bout en bout.
Bien sûr, il sort du cadre de la série mère en s’adressant implicitement à un public plus mûr – après tout, si l’on en croit le titre, il est question de la mort de Lucky Luke. Mais comme il en respecte la plupart des codes (l’humour est omniprésent, les méchants ne le sont pas totalement…), l’album, ô combien rafraîchissant, devrait légitimement faire l’unanimité.

« L’homme qui tua Lucky Luke », de Matthieu Bonhomme/éditions Lucky Comics, 14,99 euros

Un anniversaire à rallonge

Outre la sortie de ce premier album de la collection "Lucky Luke par...", les évènements autour du célèbre cowboy solitaire vont s'enchaîner durant toute l'année.

Ça a commencé an janvier, pendant le festival d'Angoulême, avec la (magnifique) exposition L’art de Morris (Musée de la BD d'Angoulême, jusqu’au 18 septembre 2016). Puis 3 longs métrages et la nouvelle saison des Dalton ont été diffusés, sur Teletoon, de février à mars.

Aujourd'hui sort donc L’homme qui tua Lucky Luke, l’hommage de Matthieu Bonhomme à Morris, et Lucky Luke sera parrain des 48hBD, qui auront lieu les 1er et 2 avril.
En juin devrait sortir l'album hommage de Guillaume Bouzard.
Après un break estival, le héros de Morris sera la "star" de la fête de la BD de Bruxelles du 2 au 4 septembre, puis l'on fêtera son anniversaire officiel le 10 octobre.
Un numéro spécial du journal de Spirou sera consacré à lucky Luke en novembre, alors même que sera publié le nouvel album de Lucky Luke de ses aventures "officielles'.