Tinder stimule la fréquentation des bars et restaurants branchés
Rencontres•L'application de dating pousse ceux qui recherchent l'âme soeur à sortir, mais pas n'importe où...Thomas Weill
Une application, un « match », un « date ». Pour le premier rendez-vous, de nombreux utilisateurs de Tinder optent pour un bar ou restaurant, lieux neutres par excellence. Une tendance remarquée par les gérants d’établissements.
C’est à leurs « petits manèges » que Marcel Benezet repère les utilisateurs de Tinder. « La première personne arrivée lors d’un rendez-vous Tinder se place souvent de façon à bien voir l’entrée. Si le prétendant ne plaît pas, elle fait l’autruche », constate le président des cafés, bars et brasseries au Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat).
« J'ss posé au golden y'a une meuf qui vient me voir et qui me fait "Pierre? Tinder? T'es bcp mx en vrai qu'en photo" et elle m'fait la bise — Naire_lav (@Valeriangover) 30 mars 2016 »
Ce type de comportement, c’est aussi celui de Camille, 27 ans et utilisatrice de Tinder qui a « rencontré une dizaine de mecs » grâce à l’application. « Le meilleur compromis c’est le bar, souvent un que je connais. Ca me rassure d’aller en terrain connu, ça me permet d’avoir un peu plus confiance en moi », commente la jeune femme. Si Marcel Benezet a peut-être déjà observé Camille et de nombreux autres serials daters, il estime que « cela reste une niche, pas une affaire commerciale. Cela ne nous fait pas gagner d’énormes recettes. C’est difficile à quantifier mais je dirais à peine 1 ou 2% ».
Les restaurants, « un peu hasardeux »
Même constat autour de l’assiette. A écouter Camille, les utilisateurs de Tinder ne fréquentent pas si souvent les restaurants. « C’est un peu hasardeux pour le premier rendez-vous. Pour le deuxième, comme j’aime bien cuisiner je propose qu’on fasse une bouffe à la maison », confie-t-elle. Laurent Frechet, président des restaurateurs au Synhorcat ne compte d’ailleurs pas sur Tinder pour faire exploser ses chiffres. « La fréquentation de nos restaurants est impactée par plusieurs facteurs : la conjoncture économique, la météo, les événements récents… Mais qu’ils se rencontrent dans des bars ou en virtuel, les couples finiront par venir chez nous. Toute forme de convivialité rime avec la fréquentation de nos établissement », évoque le restaurateur.
Tous les établissements ne semblent pourtant pas logés à la même enseigne. Ainsi, Paris New-York (PNY), restaurant à hamburgers situé rue Oberkampf à Paris (11e) enregistre un certain succès auprès de cette cible. « Ils se retrouvent souvent le soir. Je dirais que sur 100 couverts, il y en a quand même 20 à 30 pour des rencontres Tinder », évoque la manageuse du restaurant, Clara Rimize.
« This Bushwick bar will give you a free shot if you can prove you're on a Tinder date https://t.co/4OyAvESNSX pic.twitter.com/IbsaTm417d — Brokelyn (@Brokelyn) 27 mars 2016 »
Effet de mode et marketing
Pour Marcel Benezet, l’affluence de « daters » est une question d’emplacement. « Ils vont surtout se retrouver dans des lieux stratégiques, près des gares, ou des endroits que l’on trouve facilement, comme à proximité de la station Opéra à Paris. » Camille quant à elle, privilégie les établissements « qui proposent des boissons de qualité, soit des bars à cocktail soit des endroits plus classiques mais avec une bonne sélection de vin ». Proposer un rendez-vous galant au PMU du coin risque donc de porter préjudice à la relation naissante.
Il s’agit aussi d’une question de mode. PNY est souvent cité parmi les meilleurs burgers de la capitale par exemple. D’ailleurs, le directeur du restaurant n’avait pas hésité à surfer sur la mode avec humour en janvier dernier. « Winter is coming…. Bring ur Tinder date here », pouvait-on lire inscrit à la craie sur l’ardoise de l’établissement [« L’hiver arrive… Amenez votre rendez-vous Tinder ici »]. En matière de séduction, les restaurateurs aussi ont du pain sur la planche.