Des artistes français racontent leur crush pour Bruxelles
CAPITALE•De nombreux artistes français se sont installés à Bruxelles ces dernières années… Ils témoignent pour « 20Minutes »…Benjamin Chapon
«Bruxelles, ma belle », chantent les artistes, d’autant plus fort que la ville a été frappée par des attentats. Ville d’adoption de nombreux Français, Bruxelles n’accueille pas que des expatriés fiscaux opportunistes. Les artistes français ont depuis longtemps une histoire d’amour avec la capitale belge. Parce qu’elle est…
Pas belle, mais charmante
« À rebours de tant de capitales qui se prennent pour le centre du monde, Bruxelles sait qu’elle ne constitue le centre et ne s’en fait pas tout un monde », raconte Eric-Emmanuel Schmitt sur sa page Facebook pour expliquer qu’il s’y soit installé. « Bruxelles n’offre pas une séduction immédiate, mais insinuante, captieuse, lente, poursuit l’écrivain. Ses rues frappent par leur disparate, capables du plus beau et du plus laid, accolant un bâtiment art nouveau à un immeuble en verre fumé, indifférentes à la rigueur et à l’harmonie qui caractérisent généralement les glorieuses cités. »
Comme un amoureux, pas terrible terrible mais abordable sur le plan sentimental, de nombreux Français se maquent avec Bruxelles pour ses loyers abordables puis y restent par amour. Là où Rome, sa Dolce Vita, ou Madrid, sa Movida, sont plus intimidantes…
Drôle, si drôle
Le leader et plusieurs musiciens de François & the Atlas Mountains se sont installés à Bruxelles pour avoir un appartement à bon prix, bien sûr, mais aussi pour sa position centrale. « On donne la plupart de nos concerts dans le nord de l’Europe. On a beaucoup moins de succès dans le Sud. » Surtout, le surréalisme belge a attiré François Marry, « un état d’esprit ouvert et léger » loin des Parisiens « sérieux et moralisateurs », explique-t-il à 20Minutes.
Dominique A, qui a vécu à Bruxelles de nombreuses années avant de revenir à Nantes, y avait lui aussi trouvé « un détachement taquin vis-à-vis des choses éprouvantes de la vie ». Là où Berlin est sans doute trop branché, et Londres trop cool pour être honnêtes.
Attentionnée, et paisible
Ville d’artistes, ni plus ni moins que la plupart des capitales européennes, Bruxelles reste, aux yeux de Dominique A, une cité à part : « C’est difficile de capter l’atmosphère d’une ville quand on y vit. Maintenant que j’ai quitté Bruxelles, je remarque que je m’y sentais en paix. »
Guillaume Bottazzi, artiste peintre, a installé un nouvel atelier à Bruxelles il y a trois ans : « C’est un lieu intéressant pour commencer quand on est un jeune artiste. Les loyers ne sont pas chers, on peut avoir un lieu intéressant en centre-ville. C’est important l’espace, d’autant plus que moi, je fais des toiles de trois mètres… Il n’y a plus d’artistes qui vivent dans Paris. »
Après avoir vécu aux Etats-Unis et au Japon, Guillaume Bottazzi se sent bien dans la capitale belge : « Autant à New York, c’était compliqué d’être Français, autant à Bruxelles on est bien reçus en tant que Français. Je vis dans le Brabant, ici personne ne parle français. Je me sens un peu touriste. Mais bon, j’ai vécu à Tokyo, j’ai l’habitude. »
« Institutionnellement, rien ne se passe pour faire venir les artistes », note encore le peintre. Et pourtant ils viennent. On va à New York ou Tokyo pour se faire remarquer, vivre une expérience bigger than life, on décide de vivre à Bruxelles pour se trouver soi-même, tout simplement.
Un peu folle, et inattendue
La chanteuse Françoiz Breut vit à Bruxelles depuis seize ans. Venue « par amour, pas pour le travail », elle a trouvé « une ville qui grouille dans le bon sens du terme, un grand bazar joyeux et désordonné. On peut discuter avec des inconnus dans la rue. Du moment qu’on a le sourire, c’est facile. »
Après avoir vécu à New York et Beyrouth pendant de nombreuses années, le chanteur Rover a composé plusieurs chansons de son dernier album à Bruxelles : « C’est une ville qui m’intrigue et m’attire. Le gros point fort de la ville, ce sont les Belges, des gens exquis, fins, drôles. Il y a pas mal de parisiens qui emménagent là-bas mais qui n’y apportent pas leur état d’esprit. Ça reste une ville assez légère. »
Au milieu des cités séductrices de stature internationale, Bruxelles a été, pour de nombreux artistes, l’amoureuse idéale. Aujourd’hui blessée, elle n’en est, à leurs yeux, que plus désirable.