FESTIVALPour leur programmation, les Francofolies se creusent la tête (d'affiche)

Pour leur programmation, les Francofolies se creusent la tête (d'affiche)

FESTIVALLes Francofolies de La Rochelle ont annoncé leur programme pour l'édition 2016...
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Les Insus, bien sûr. Louise Attaque, et quoi d’autre ? La révélation 2015 Jain, Nekfeu et Maître Gims pour la soirée hip-hop, Miossec, Jeanne Added, Rover… L’affiche des Francofolies 2016 ne ménage aucune fausse note, pile là où on l’attend, et donc peu de surprises également. Deux ou trois choses, tout de même, intriguent. Une carte blanche à Youssoupha ? Tiens, tiens… Une nuit électro avec Ed Banger ? Etonnant. Et surtout, une création où le duo Brigitte rendra hommage à Balavoine. « On fait ce genre de créations depuis dix ans mais il y a une lisibilité depuis quatre ou cinq ans seulement, explique Florence Jeux, directrice artistique du festival. Une création Francofolies, c’est un artiste qui reprend un répertoire spécifique. On essaye de tenir une ligne éditoriale. »

Après Gaëtan Roussel qui reprenait l’album Play Blessures ou Julien Doré et son hommage à Etienne Daho, Raphaël avait chanté Manset l’an dernier. « Il en a fait un album et Gaëtan Roussel a repris sa création à plusieurs reprises sur scène. Les créations Francofolies deviennent un label. » Cette année, Bernard Lavilliers va reprendre en live un de ses premiers albums, de 1979. « C’est lui qui en a eu l’idée et l’envie et est venu nous voir parce qu’il savait qu’il serait bien accueilli », se félicite Florence Jeux. Bernard Lavilliers a marqué l’histoire des Francofolies. D’un autre point de vue, les Francofolies ont marqué la carrière de Bernard Lavilliers.

Créer une famille

« Ces créations, c’est aussi l’occasion pour nous de créer des liens forts avec les artistes, raconte la directrice artistique des Francos. Chaque année, on lance une dizaine de pistes pour avoir un « oui ». C’est un travail colossal et coûteux. Avec les Brigitte, on a réfléchi ensemble. Elles avaient l’envie et ont décidé de prendre le temps de s’y consacrer. Une création, c’est plusieurs mois de travail ensemble et une grosse marque de confiance réciproque. C’est un choix fort pour des artistes. C’est très difficile de trouver des artistes qui acceptent de se mettre en danger. »

En contrepartie de cet intense travail, le festival espère créer une connexion particulière avec les artistes ayant participé à une création. « Depuis sa création, le festival a voulu créer une famille artistique. Les créations et d’autres projets à l’année, comme le chantier des Francos, nous permettent de garder le contact avec les artistes. »

Sortir de l’ordinaire

Proposées dans une salle à la jauge réduite, pour une seule représentation, ces créations ne sont pas rentables pour le festival. Pas question pour autant de changer la formule. « Il s’agit forcément d’une création éphémère et ponctuelle, un moment d’exception, affirme Florence Jeux. Economiquement, ce n’est pas viable mais c’est ça qui rend le spectacle unique et précieux pour le public. » Même si une écrasante majorité du public n’entendrait même pas parler du spectacle en question, les oreilles tournées vers la grande scène et ses tonitruantes têtes d’affiche.

Parfois accusées d’être devenu un événement sans âme, les Francofolies travaillent aussi leur image avec ces spectacles inédits. « C’est une manière de se renouveler artistiquement et de se démarquer des autres festivals, reconnaît Florence Jeux. Les Francofolies ont un lien particulier avec le patrimoine musical français. Pour la création des Brigitte, le choix s’est arrêté sur Balavoine pour tout un tas de raisons mais aussi parce que les Francos n’avaient jamais rien fait sur ce répertoire. Ces créations nous permettent d’affirmer l’identité propre du festival qui ne se contentent pas de programmer des artistes qui tournent partout ailleurs. »