A VOS RIMESMais où se cache la poésie?

Printemps des poètes: Mais où se cache la poésie ?

A VOS RIMESLe Printemps des poètes fédère des centaines d’initiatives dans toute la France…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Le jury du Grand Prix de la poésie RATP attend vos vers. Le concours lance sa deuxième édition sous sa forme actuelle mais la RATP organise des concours de poésie depuis vingt ans, et affiche des poèmes dans ses trains depuis 1993. En 2014, ce sont 6000 poèmes qui avaient été reçus. Cette fois, la RATP en attend beaucoup plus, du 14 mars au 17 avril 2016. Les lauréats verront leurs œuvres lues par des centaines de millions de voyageurs.

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« On avait beaucoup de retours spontanés très positifs sur nos opérations poésie, explique Pierre Audiger, en charge du Grand Prix poésie au sein de la RATP. Les voyageurs estiment que ça humanise leur trajet. Ça les change de toutes les autres sollicitations visuelles, notamment publicitaires, du métro. Cette année, on a intégré les opérations poésie à notre enquête d’opinion annuelle. Et les résultats sont très positifs. Seuls 3 % des personnes interrogées associent la poésie à quelque chose de négatif. » Le sondage met aussi en avant que 53 % des Franciliens ont accès à la poésie… grâce au métro. Loin devant les 48 % qui lisent de la poésie dans les livres.

Poésie partout

« Mais les livres de poésie se vendent quand même », s’étrangle Jean-Pierre Siméon quand on suggère que la poésie a disparu des librairies. Le directeur artistique du Printemps des Poètes, qui se tient dans toute la France jusqu’au 20 mars, énumère les nombreuses maisons d’éditions spécialisées en poésie. « Ce n‘est pas parce que la poésie n’a pas une forte place dans les médias qu’elle n’existe pas dans la vie des gens. » Outre les 18 millions d’exemplaires de la collection Poésie Gallimard vendus ces 50 dernières années, Jean-Pierre Siméon en veut pour preuve les nombreuses lectures de poésie organisées un peu partout : « Il n’y a pas un seul jour dans l’année où il n’y a pas une lecture de poésie quelque part. »

D’ailleurs, ce sont les poètes qui ont popularisé la pratique de la lecture publique. « Comme ça marchait, le monde du roman y est venu, analyse Jean-Pierre Siméon. La force et la faiblesse de la poésie, c’est son décalage dans notre monde contemporain. La poésie se vend sur un temps long et lent, tout le contraire de notre mode d’existence. La poésie, c’est une effraction, une brèche dans le continuum bruyant de nos vies. La poésie suscite l’attention alors que tout concourt à diluer notre attention aux choses. »

Poésie nulle part

Evidemment séduit par l’opération de la RATP, à laquelle le Printemps des Poètes apporte sa contribution logistique, Jean-Pierre Siméon estime malgré tout que « la vraie poésie, c’est dans les livres ». Pierre Audiger va dans le même sens quand il explique les poèmes dans le métro visent « à donner envie aux gens d’aller plus loin, d’aller lire ou écouter de la poésie. »

« La poésie nous rappelle qu’il y a une autre intensité de vie que le train-train quotidien, explique Jean-Pierre Siméon. Toutes les opérations qui favorisent l’effraction de la poésie dans le quotidien sont les bienvenus. » Pour autant, un tweet, une fleur ou un regard, ce n’est pas de la poésie. « Il y a une ambiguïté autour du terme poésie, explique Olivier Chaudenson, le directeur de la Maison de la Poésie, à Paris. La poésie, ce n’est pas un coucher de soleil ou un oiseau qui s’envole, ce n’est pas un cliché vaporeux, c’est un travail sur la langue. »

Le mot lui-même en effraye certains. « Certains auteurs ont peut-être intérêt à ne pas dire qu’ils font de la poésie. D’autant qu’aujourd’hui, on retrouve la poésie largement au-delà des seuls recueils, elle participe à d’autres formes de création comme la littérature, la musique, l’art contemporain, le théâtre… La poésie existe sans qu’elle ne se revendique. »