Bouzard signe une BD poilante sur les poilus
BD•L’auteur des délirants Plageman , Le bras qui bouge et The autobiography of me too rend un hommage désopilant aux poilus de la première guerre mondiale…Olivier Mimran
Vous trouvez les commémorations officielles de 1914-1918 trop solennelles ? Guillaume Bouzard aussi. Du coup, cet auteur qui a fait de la bonne grosse rigolade son fonds de commerce rend hommage aux soldats de la Grande guerre à sa façon : s’il met bien en scène les poilus dans l’horrible environnement de leur époque – les tranchées —, il leur fait vivre des situations si loufooques qu’on en oublierait presque le tragique que les pauvres bougres ont réellement dû affronter.
Trash mais respecteux
Ses gags – car c’est bien ce dont il s’agit- se situent en 1916, dans une campagne ravagée qui pourrait être celle de Verdun. Dans les tranchées qui la transpercent se terrent des milliers de « monsieur tout le monde », tous habités par une petite folie ordinaire sur laquelle s’accoude Bouzard pour nous faire rire de ce qu’il y a de plus affligeant.
« Attention ! Je traite le drame de manière humoristique, mais respectueuse », précise l’auteur. « D’ailleurs, comment pourrait-on ne pas respecter ces gens qui ont sacrifié leur vie pour assurer notre avenir ? Toujours est-il qu'on peut et qu'on doit rire de tout. Après, j'espère que ça ne heurtera personne mais pour être sincère, je ne me suis jamais posé cette question en réalisant cet album».
Clins d’œil et anachronismes assumés
«Bien sûr, mes récits sont déconnants et parfois un peu trashs, mais je pense qu’on sent quand même toute la tendresse que j’ai pour ces pauvres hommes». C’est évidemment le cas : les poilus de Bouzard nous apparaissent couards, teigneux, stupides… mais aussi fraternels, héroïques et clairvoyants. Sauf qu'ils le manifestent évidemment dans des circonstances abracadabrantesques !
Qu’on les voit jouer au foot, à la faveur d’une trêve de Noël, contre leurs vis-à-vis allemands (et devinez qui gagne à la fin ?) ou s’adjoindre les services de guerriers navajos pour décrypter les signaux ennemis (un fait avéré… durant la seconde guerre mondiale !), l’humour des dialogues et l’absurdité des situations nous convient à prendre un peu de recul sur l’horreur, hélas bien réelle, elle, du passé.
Vraiment cocasse – pour peu qu’on ne l’appréhende pas au 1er degré —, ce recueil de courts récits prépubliés dans les pages de Fluide Glacial aura-t-il une suite ? « Je ne sais pas », tempère Bouzard. « C’est un tome 1, donc ça en appelle normalement d’autres. Surtout qu’avec mon angle « d’attaque », le sujet est inépuisable… Mais pour l’instant, je bosse sur d’autres projets (NDLR : il travaille à une version personnelle de Lucky Luke), alors on verra plus tard… ».
Les Poilus t1 « Les poilus frisent le burn-out », par Guillaume Bouzard - éditions Fluide Glacial, 10,95 euros