Jeu vidéoOccupation, chasseur de jouets vidéo

Ils traquent les jouets vidéo pour les collectionner

Jeu vidéoPikachu, Mario ou Zelda, le seul intérêt des jouets vidéos n'est pas de jouer avec, mais aussi de les exposer...
Thomas Weill

Thomas Weill

«Harmonie est un peu délicate à trouver, même avec la réédition de la figurine par Nintendo. Avant elle était quasi impossible à dénicher. » Axel Nizard, étudiant en école de commerce de 24 ans a une passion. Les Amiibos, des figurines Nintendo à l’image de héros de jeux vidéo, qui, posées sur un socle rattaché à une console, permettent d’incarner de nouveaux personnages ou de débloquer des niveaux. Sauf que pour le jeune homme, les Amiibos sont plutôt des objets de collection parfois difficiles à trouver.


Cela fait des mois qu’Axel Nizard traque ces petits personnages. Sur la chaîne YouTube qu’il anime sous le pseudonyme Conkerax, il a documenté sa quête des Amiibos, et dévoile ses trucs et astuces. « Il n’y a pas de secret, il faut se lever tôt ! Et ne pas hésiter à aller s’informer en magasin, ou à regarder sur les forums de discussions. C’est avec des contacts qu’on obtient des informations ».

Ces relations, il les trouve aussi au sein d’une communauté développée. « La chasse au trésor, ça nous motivait à nous lever le matin. Avec la communauté on échangeait nos trouvailles. On avait des forums de discussions où on parlait de leurs raretés. Le Mario gold par exemple est exclusif à certains pays. J’ai pu l’avoir mais pour certaines figurines il faut chercher sur Internet », raconte Axel Nizard. Sur une de ses vidéos YouTube, Conkerax évoque d’ailleurs des échanges. « J’ai deux Zelda, déclare-t-il en brandissant des statuettes identiques. J’en avais pris une en plus exprès, je vais l’envoyer pour l’échanger contre un Lucario », un Pokémon inspiré du Dieu égyptien Anubis présent dans plusieurs jeux Nintendo.



Un marché bien exploité

Nintendo n’est pas le premier à s’installer sur ce marché de la technologie Near field communication (NFC, ou « communication en champ proche » en français). Avec ses personnages Skylanders, c’est Activision qui ouvre la marche des figurines NFC dès 2011. Suivent Disney Infinity qui puise dans les univers Star Wars et Marvel, Nintendo avec les Amiibos en novembre 2014, et Warner dont les Legos Dimensions ont investis les étals en septembre dernier.

Si ces entreprises ont su flairer le filon, c’est aussi le cas de Micromania, spécialiste de la vente de jeux vidéo et accessoires, qui a bien perçu l’importance de la communauté et de la chasse. « Le taux d’attache est supérieur quand on stimule le jeu, quand on anime la communauté. Par exemple Micromania a créé le club Skylander qui permet d’avoir des personnages en exclusivité. Aujourd’hui, il compte tout de même 187.000 membres », rapporte Christophe Maridet, directeur marketing et communication chez Micromania.

Le sens de la collection

Au terme de sa chasse à l’homme en plastique, Axel Nizard possède aujourd’hui soixante Amiibos de la collection Smash Bros., qui regroupe les personnages de tout un pan de l’univers Nintendo. Une grande partie de son tableau de chasse se trouve encore dans l’emballage d’origine. « J’aime bien avoir des objets intacts, neufs. Je les trouve plus jolis dans leur boîte, avec un aspect un peu design », déclare-t-il. A 14,99€ pièce, sa collection représente un investissement, alors Conkerax en prend soin.

« Voilà ! J’ai enfin pu déballer mes amiibos : 3 pic.twitter.com/W901NOMw3Z — Sanji (@BakaSanji) 11 Février 2016 »

Si Nintendo avait du mal à faire face à la demande dans les premiers temps, l’entreprise nippone s’est mise au pas et développe ce segment du marché. « Nous avons une centaine de figurines disponibles. Et nous voulons continuer à accélérer la production à la faveur de la sortie de grands jeux comme Animal Crossing, qui correspond à une cible plus féminine. Le 4 mars prochain, un grand jeu Zelda Twilight Princess sort accompagné de la figurine Link Loup qui ouvre l’accès une nouvelle grotte dans le jeu », annonce Philippe Lavoué, Directeur général (DG) de Nintendo France.

Choix stratégique, puisque cette réédition d’un jeu de 2006 mise sur un trait particulier à sa clientèle évoqué par Philippe Lavoué : « Nos joueurs sont avant tout des grands fans, ils collectionnent les jeux. » Il s’agit bel et bien du cas d’Axel Nizard, qui en plus de sa passion pour les Amiibos fait état de sa collection de jeux Gamecube riche de près de 150 titres. « J’aime l’univers Nintendo de la collection, explique-t-il. Quand j’ai vu les Amiibos ça m’a rappelé des souvenirs de mes premières années de joueur, et de certains personnages avec nostalgie. » Les Amiibos, ces jouets avec lesquels on ne joue pas.


Quelques chiffres

Face à la baisse des ventes des consoles de salon en France, à hauteur de 7 % en volume et 6 % en valeur, les éditeurs de jeux vidéo peuvent continuer de compter sur les jouets vidéos. Ces petites figurines interactives continuent de séduire le public, avec un chiffre d’affaires de 40,5 millions d’euros en 2015, d’après les chiffres GFK.

En tête des ventes, les Skylanders d’Activision, des monstres à incarner dans l’univers du dragon Spyro, qui occupent 38 % des parts de marché. « Activision a lancé ce segment-là, rappelle Christophe Maridet, directeur marketing et communication chez Micromania. Aujourd’hui, cet acteur reste leader mais se fait rattraper. » En deuxième après seulement 14 mois dans les magasins, les Amiibos de Nintendo occupent 28 % des parts de marché. Suivent les Disney Infinity (25 %) grâce aux collections Star Wars et Marvel, et les Legos Dimensions, lancés en septembre dernier, avec 9 %.

Parmi les clients de Micromania sur le marché des figurines, Christophe Maridet compte une écrasante majorité de garçons (92 %). Parmi les tranches d’âge les plus intéressées, Micromania relève les 21-25 ans à hauteur de 16,8 % et les 26-30 ans à 14,1 %. Des chiffres qui diffèrent de ceux du marché du jeu vidéo pris dans sa globalité, où il est plutôt question de 56 % de joueurs garçons pour un âge moyen de 35 ans.