HUMOURJérémy Ferrari: «Mon objectif est de mettre le doigt là où ça fait mal»

Jérémy Ferrari: «Mon objectif est de mettre le doigt là où ça fait mal»

HUMOURActuellement en tournée dans toute la France avec son spectacle « Vends 2 Pièces à Beyrouth », Jérémy Ferrari s’impose peu à peu comme le nouveau maître de l’humour noir et corrosif…
Clio Weickert

Propos recueillis par Clio Weickert

Depuis le « clash » avec Manuel Valls dans On n’est pas couché sur France 2, son nom circule sur toutes les lèvres. Jérémy Ferrari, celui qui a osé pousser son coup de gueule face au premier ministre. Mais l’humoriste de 30 ans existait bel et bien avant cette séquence, et s’échine depuis des années à faire entendre sa voix et son art. En tournée dans toute la France avec son spectacle « Vends 2 Pièce à Beyrouth », l’artiste impose peu à peu son franc-parler et son humour corrosif, à tel point que certains le considèrent déjà comme le fils spirituel du regretté Desproges. 20 Minutes a rencontré l’artiste.

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Dans votre spectacle, vous vous attaquez avec force notamment à Daesh, aux puissants et à certaines ONG. D’où vous vient cette rage ?

Je ne sais pas vraiment. L’injustice m’a toujours mis très en colère, ça vient peut-être du fait que j’ai grandi dans un quartier populaire (à Charleville-Mézières dans les Ardennes), là où on voit de tout : de la solidarité, du courage, mais aussi des gens qui sont écrasés par la vie. J’ai appris à ne pas juger, à prendre du recul, et à force, je me suis rendu qu’il y avait beaucoup de gens qui étaient victimes d’un système ou d’un monde trop dur pour eux. Et qu’il n’y avait pas vraiment de justice. Ça m’a mis en colère et j’ai eu envie d’en parler sur scène. J’ai vu que ça faisait du bien aux gens et depuis je ne vois plus mon art autrement. Je ne me vois plus ne pas prendre de risque et ne pas dénoncer.

Depuis quelques semaines, on vous compare à Desproges, qu’est ce que cela vous inspire ?

Ça me fait plaisir, mais c’est un peu gênant parce que c’est quelqu’un que j’admire énormément et je ne crois pas que je mérite cette comparaison. J’y vois plutôt une volonté des gens d’essayer de retrouver quelqu’un qui prend vraiment des risques sur scène. C’est très cher une place de spectacle, et j’essaye de faire en sorte que les gens n’ont pas l’impression qu’on se soit foutu de leur gueule. Même quelqu’un qui n’aimera pas le show et n’adhérera pas à l’humour, je crois qu’il se dira qu’on ne s’est pas moqué de lui.

Malgré toute cette colère et le tableau plutôt sombre de notre monde que vous dépeignez, êtes-vous encore optimiste pour l’avenir ?

Oui, sinon je ne me battrais pas ! Mon objectif est de mettre le doigt là où ça fait mal, mais tout n’est pas noir. Même si c’est difficile, on vit aussi des chouettes moments, nous ne sommes pas en dictature, on ne se prend pas des obus sur la tronche… Il y a beaucoup de choses à améliorer pour que ce monde aille encore mieux. Moi j’ai foi dans les gens et dans leur intelligence. Je pense que sur le long terme, on ira en s’améliorant.