Angoulême : En 2016, le monde de la BD est toujours Charlie
BD•Le festival d’Angoulême, qui pleurait le journal satirique l’an dernier, n'a pas tout à fait séché ses larmes…De notre envoyé spécial à Angoulême, Olivier Mimran
Un an après les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, comment se positionne le festival de la BD d’Angoulême ? On se souvient combien sa dernière édition avait été marquée par des événements qui avaient directement frappé la « famille » de la bande dessinée (Wolinski, par exemple, avait reçu le Grand prix du festival en 2005). On se souvient aussi qu’un Prix spécial « pour la liberté d’expression » avait été spécialement créé - et décerné à Charlie Hebdo. Si tout le monde s’était alors accordé à penser que la démarche avait été dictée par l’émotion, personne ne s’était risqué à la dénoncer.
La direction du festival a, cette année, décidé d’ajourner cette distinction… pour le moment (des échanges sont en cours avec Reporters sans frontière, qui devraient déboucher sur la création d’un nouveau prix, remis dès l’an prochain et supposé « ne pas exposer ses récipiendaires »).
Tout le monde ne l’entend pourtant pas de cette oreille dans le petit monde de la BD. Ainsi, Yan Lindingre (auteur et rédacteur en chef du magazine Fluide Glacial) a-t-il annoncé la création d’un Prix « couilles-au-cul » qui récompensera le courage artistique d’un ou d’une auteur(e) de BD, de dessin de presse ou d’humour.
Si l’intitulé du Prix est « volontairement trivial et provocant », Lindingre le justifie en rappelant que « le métier des humoristes est de faire rire, même si certains l’ont payé de leur vie ». Le premier Prix « couilles-au-cul » sera donc décerné – à une femme, murmure-t-on- samedi 30 janvier, dans le cadre du festival off, juste avant la remise du Prix Charlie Schlingo qui honore l’humour « gros nez ».