BDTiteuf, ambassadeur des bonnes oeuvres

Titeuf, ambassadeur des bonnes oeuvres

BDDe nombreux héros de papier prêtent leur image à des projets caritatifs ou culturels. Zep raconte à « 20Minutes » comment il gère cet aspect de son métier d’auteur…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

Quand vous êtes, comme Titeuf, la star des cours de récré et un véritable phénomène éditorial (il s’est vendu, depuis sa création en 1992, plus de 20 millions d’exemplaires de ses aventures), il est fatal que certains cherchent à « profiter » de votre popularité pour leur propre promotion. Zep, le créateur du gamin à la houppe blonde, en sait quelque chose : son héros est certainement l’un des personnages de BD qui s’associent le plus régulièrement à des campagnes, publiques ou privées. Pour 20 Minutes, l’artiste explique ce qui l’amène à accepter ou refuser les nombreuses sollicitations qui lui sont adressées.

« D’abord, précise Zep, contribuer à des projets caritatifs est une démarche assez évidente pour moi : quand j’ai commencé à faire de la bande dessinée, je n’avais aucun succès donc j’avais pas mal de temps libre, que j’ai naturellement et spontanément mis au service d’associations, de maisons de quartier etc. Sauf qu’en tant que bénévole, je proposais, plutôt que de servir de la soupe ou je ne sais quoi, de rendre service avec ce que je savais le mieux faire, à savoir dessiner ».

L’école de la vie

« Je me suis donc trouvé à illustrer des débats, animer des ateliers de dessin, raconter des choses par le biais de la BD autour de sujets pas forcément communicatifs. Par exemple l’intégration de personnes handicapées, la réinsertion d’anciens psychiatrisés, etc. Et ça m’a appris énormément de choses, en tant que citoyen, en tant qu’humain mais aussi en tant que dessinateur : ça m’a permis de comprendre comment éviter d’être larmoyant, comment parler de notre quotidien sur un mode humoristique, mais sans occulter certains de ses aspects comme la maladie, le handicap, la mort, la pauvreté etc. »

Mais son talent a vite été reconnu, et le succès venant, on imagine que Zep a eu moins de temps à consacrer à cette activité bénévole ? « C’est sûr, acquiesce l’intéressé, mais j’ai vite décidé de continuer, quoiqu’il arrive, à offrir systématiquement 10 % de mon temps à des causes citoyennes, caritatives, de toutes sortes et de toutes envergures. Ça peut autant être la campagne d’Amnesty ou d’Handicap International qu’un microprojet, comme l’achat d’un fauteuil roulant pour un enfant handicapé ou celui d’un panneau solaire pour une ferme éducative du fin fond du Cantal… »

Une sélection rigoureuse

Pour autant, avant d’accepter une collaboration, le Suisse procède à son examen minutieux. Comme pour sa dernière contribution en date, l’AbracadaBox (un cache-perfusion à destination des enfants hospitalisés - voir l’encadré), qui répond parfaitement à ses critères de sélection : « Je choisis en fonction de l’intérêt qu’un projet suscite en moi, mais aussi en regard de ce que je crois pouvoir apporter. Car je peux parfois avoir le sentiment que ma contribution ne servira pas une cause, notamment lorsqu’il ne s’agit que de présence physique. En revanche, je sais qu’un dessin peut dire quelque chose, véhiculer un message, comme dans le cas de l’AbracadaBox pour laquelle j’ai dessiné un Titeuf et ai participé, avec Tebo (Captain Biceps) et Julien Neel (Lou), à la réalisation d’un petit livret, une petite BD qui explique l’importance des perfusions mais de manière un peu rigolote, histoire de faire sourire ces enfants hospitalisés qui n’ent ont, hélas, pas souvent l’occasion ».


SI Zep reçoit personnellement « près de 500 demandes par an », il ne donne suite qu’à une dizaine d’entre elles. « Les gens dont je décline la proposition comprennent généralement très bien, confie Zep. Je leur explique que j’ai peu de temps, et que je dois faire preuve d’une certaine cohérence : admettons que Titeuf participe à une opération sur la prévention du VIH au mois de juin, il ne peut pas, le même mois et sur les mêmes supports, figurer dans une campagne de promotion pour des crèches, par exemple. Et puis il faut veiller à l’effet de saturation ! »

Le dessin comme acte citoyen

Alors qu’on lui témoigne notre admiration pour son dévouement - systématiquement désintéressé, il est bon de le préciser -, Zep rougit : « Je n’ai aucun mérite ! Je ne me sens pas plus respectable que des gens qui vont pousser des lits à l’hôpital, apporter des paniers de légumes aux personnes âgées par exemple. Participer à ce genre de projets est d’abord, pour moi, un acte citoyen. Mais comme je dessine mieux que je ne sers de la soupe, je suis citoyen avec mes crayons et mes pinceaux car le dessin est le médium idéal pour communiquer, raconter une chose ou en dédramatiser une autre. »

AbracadaBox, une boîte pour rendre le sourire aux enfants hospitalisés

📷Imaginée par l'association Coucou Nous Voilou (créée par un ancien responsable de l'hôpital Necker - enfants malades), l'AbracadaBox est une boîte cache-perfusion aux couleurs de héros de BD (Titeuf, Captain Biceps, Lou, les Schtroumpfs). L'objectif est d'en distribuer gratuitement aux hôpitaux pédiatriques français afin d'améliorer le quotidien d'enfants hospitalisés, «pour les séances de chimiothérapie notamment, et qui leur permettent de mieux accepter et vivre ces séances souvent longues, répétitives et parfois douloureuses».

«C'est un joli projet que m'a soumis mon copain Tebo (créateur de Captain Biceps). J'espère sincèrement qu'il réussira à voir le jour !», soupire Zep. Car malgré le parrainage de nombreuses 📷personnalités (parmi lesquelles Zep, Tebo, Julien Neel, Louane, Jeff Panacloc, Roselyne Bachelot, Michaël Youn, Philippe Candeloro etc), le projet en question est encore en phase de financement.

Pour le voir aboutir, l'association Coucou Nous Voilou a donc mis en place une opération de financement participatif sur le site Ulule.com proposant, en contrepartie d'une contribution, des cours de patinage artistique avec Philippe Candeloro, la possibilité d'assister au tournage du nouveau film d'Emmanuelle Bercot (Prix d'Interprétation Féminine à Cannes 2015), des rencontres avec Jeff Panacloc, Eric Antoine, Enora Malagré, etc.

Le site de l'association Coucou Nous Voilou : http://coucounousvoilou.fr
L'appel à financement participatif sur Ulule : http://fr.ulule.com/abracadabox/