KIDSSalon du livre de Montreuil: Les animaux bizarres dopent l'imagination des enfants

Salon du livre de Montreuil: Les animaux bizarres dopent l'imagination des enfants

KIDSTapirs, tamanoirs et blobfishs ont enfin droit de cité dans les livres pour enfants…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Après Le loup est un loup pour l’homme, le duo Julien Baer et Philippe Katerine publie un nouveau livre-disque pour enfants : La vérité sur les tapirs (Actes Sud Junior). « On sait tellement de quoi il est question avec le loup que je pouvais tordre les idées reçues, explique Julien Baer. Mais comme le tapir est un animal mal connu, on peut, respectueusement bien sûr, lui inventer toutes sortes de comportements. On projette des choses sur lui, c’est un ferment pour l’imaginaire. »

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Le tapir n’est pas le seul animal étrange à avoir enfin un livre qui lui soit dédié. Le succès des livres Blob, de Joy Sorman et Olivier Tallec en témoigne. Ce Blobfish affiche fièrement son titre d’animal « le plus laid du monde », trait physique et de caractère qui devient l’argument dramatique des livres dont il est le héros. Il y eut aussi Slurp (P’tit Glénat), hilarante histoire d’un tamanoir par Nicolas Digard et Nob. « Les parents sont rassurés par les livres qui pourraient leur servir de base pédagogique, a noté Germaine Firmin, bibiothècaire jeunesse à Paris. Des livres avec des animaux étranges ou méconnus, ça amuse avant tout les parents. Les enfants, eux, ne voient pas forcément la différence avec un livre sur les lapins ou les éléphants. »

On est parti sur un tapir

La différence, pour Julien Baer, c’est l’inspiration. Lui-même a été « fasciné par le mélange de hideur et de beauté du tapir. Tapir, le nom lui-même est une invitation au délire. » Le livre propose de valider ou invalider de prétendus cliché sur les tapirs. « Je me suis documenté. Il existe deux livres de références sur les tapirs, j’ai les deux. Pour autant, mes questions sont dénuées de toute réalité, c’est de l’invention pure pour coller aux dessins de Philippe Katerine et aux photos que je trouvais amusantes. »

« Les animaux sont de bons clients parce que ce sont d’autres vivants que nous, avec des formes infinies, et qui trimballent tout un imaginaire. » A ce compte-là, l’auteur aurait pu tout aussi bien inventer un animal imaginaire mais a préféré « marcher sur le chemin de la rêverie avec un tapir à mes côtés. » Germaine Firmin a d’ailleurs noté que les parents se détournaient des livres sur les dragons ou les licornes.

Animaux vraiment imaginaires

« Mais il y a deux types d’animaux imaginaires, explique Sophie Liboux, de la librairie des Songes, à Lille. Les connus, comme les dragons ou les licornes, qui s’apparentent finalement à de vrais animaux. Et les inventions d’auteurs. Les parents préfèrent les animaux qui existent, au moins dans l’imaginaire collectif. Alors que les enfants adorent les animaux nouveaux, qui cumulent des traits d’animaux connus. A l’âge où ils s’amusent à tordre les mots, à les mélanger et les inverser, âge qui correspond souvent avec un gros développement du goût pour la lecture, ces livres-là marchent fort chez les enfants. » L’affreux moche Salétouflaire et les Ouloums-Pims (L’Ecole des loisirs), dernier ouvrage en date du grand Claude Ponti est ainsi promis à un grand succès.

Pour la libraire, « le trait sophistiqué compense, aux yeux des parents, la totale étrangeté de Ponti. Ils préféreront naturellement un livre sur lequel ils peuvent coller des références. » Le très bel album pop-up, Créatures fantastiques (Seuil Jeunesse) présente ainsi sept animaux mythologiques dont certains méconnus comme le Sphinx, Cerbère ou Pégase. Les parents avides d’apprendre des choses à leurs enfants seront ravis des notices explicatives sur le contexte mythologique. « Mais pour un enfant, un Salétouflaire fait aussi bien l’affaire. »