Michelangelo Antonioni n'est plus
CINEMA•Décès du cinéaste italien...AA
Après les disparitions de Michel Serrault et Ingmar Bergman, le monde du cinéma s’endeuille de nouveau. Le cinéaste Michelangelo Antonioni est mort. A 94 ans, il s'est éteint à son domicile, lundi vers 18h, «paisiblement, dans son fauteuil, avec à ses côtés son épouse Enrica Fico».
Portrait d'un homme à poigne
Né en Italie, à Ferrare, le 29 septembre 1912, Antonioni fait des études d'économie à Bologne puis collabore en tant que critique à des revues de cinéma avant de se faire connaître grâce à «L'Avventura», son sixième film. Peinture de la société bourgoise italienne des années 50, «L'Avventura» provoque un scandale lorsqu'il est présenté à Cannes en 1960. Pourtant, pendant le festival cannois, des réalisateurs font alors circuler un texte pour défendre le film, loué pour «sa contribution remarquable à la recherche d’un nouveau langage cinématographique».
Puis Antonioni enchaîne avec, notamment, «Désert rouge», son premier film en couleurs, Lion d’or à Venise en 1964 ; «Blow Up», l'histoire d’un photographe londonien qui enquête sur un meurtre, Palme d'or à Cannes en 1966 ; et «Profession: reporter», un film d’espionnage avec Jack Nicholson, en 1975.
Antonioni a la réputation de mener de main de fer les actrices - dont Lucia Bosé, Gina Lollobrigida, Monica Vitti - qu’il fait jouer. Réputation dont il dit lui-même qu'elle n'est pas usurpée.
Le «cinéaste de l'incommunicabilité»
Paralysé en 1985 à la suite d’un accident cérébral, le maître italien ne peut plus réaliser des films seul. Celui que l'on surnomme le «cinéaste de l'incommunicabilité» se met à travailler en compagnie d’illustres confrères: Wim Wenders pour «Par-delà les nuages», en 1995, Wong Kar-Wai et Steven Soderbergh pour «Eros», en 2005.
Malgré ses succès, Hollywood lui pèse. «Hollywood c'est comme être nulle part et parler à personne au sujet de rien», disait-il.
Ses obsèques devraient être célébrées jeudi à Ferrare, sa ville natale.