Le philosophe André Glucksmann s’est éteint dans la nuit du 9 au 10 novembre. « Mon premier et meilleur ami n’est plus. J’ai eu la chance incroyable de connaître, rire, débattre, voyager, jouer, tout faire et ne rien faire du tout avec un homme aussi bon et aussi génial. Voilà, mon père est mort hier soir », a réagi son fils Raphaël Glucksmann sur Facebook.

« Cette nécessité qu’il avait à exprimer une solidarité »

Ce mardi, d’autres hommages sont rendus au philosophe antitotalitaire. Jack Lang, ancien ministre de la Culture et de l’Education nationale, a déclaré sur France Inter : « Ce qui est vraiment impressionnant dans le personnage d’André Glucksmann, même si on n’est pas en accord, comme ce fut mon cas, avec certaines de ses prises de position, notamment politiques, c’est cette rigueur intérieure, c’est cette nécessité qu’il avait à exprimer une solidarité. Par exemple, récemment et à plusieurs reprises, il a dit son sentiment sur les Roms, la façon dont la société les traite. Il trouvait les mots pour dire de quelle manière nous devions être vis-à-vis des Roms, pour nous comporter autrement. »

L’ex-ministre a poursuivi : « Ce qu’il a dit en son temps sur les boat-people vaudrait pour les migrants. La façon dont une bonne partie de la société occidentale se comporte vis-à-vis des migrants est comparable avec ce qu’il dénonçait avec force dans les mêmes pays vis-à-vis des boat-people. »

« Celui qui a porté le coup de boutoir définitif à l’idéologie communiste en France »

« André Glucksmann nous a quittés. Il était la figure même de l’engagement, qu’il a porté avec talent toute sa vie », a écrit l’essayiste Caroline Fourest sur Twitter.

« André Glucksmann nous a quitté. Il était la figure même de l’engagement, qu’il a porté avec talent toute sa vie. pic.twitter.com/yxRkN4vFos — Caroline Fourest (@CarolineFourest) November 10, 2015 »

Le philosophe et romancier Pascal Bruckner a à son tour réagi sur France Inter : « André Glucksmann a été surtout celui qui a porté le coup de boutoir définitif à l’idéologie communiste en France. Il a eu à l’époque énormément d’ennemis, d’opposants, mais il a tenu bon. André s’est ensuite engagé dans un certain nombre de combats. Les idées n’étaient pas des choses qui lui passaient par la tête, c’était véritablement un engagement physique de tous les jours. »

Fleur Pellerin, l’actuelle ministre de la Culture, a fait savoir sa « tristesse » :

« André Glucksmann, l’une des voix des Nouveaux Philosophes, militant internationaliste, s’est éteint… Tristesse. — Fleur Pellerin (@fleurpellerin) November 10, 2015 »

François Hollande a également salué la mémoire d’André Glucksmann ce mardi à travers un communiqué envoyé par l’Elysée. « André Glucksmann portait en lui tous les drames du XXe siècle. Fils de réfugiés dans les années 1930, il avait connu le sort des enfants juifs cachés pendant la deuxième guerre mondiale », peut-on lire. Il « a toute sa vie durant mis sa formation intellectuelle au service d’un engagement public pour la liberté.

Le chef de l’Etat ajoute : « Il ne se résignait pas à la fatalité des guerres et des massacres. Il était toujours en éveil et à l’écoute des souffrances des peuples. »

De son côté, l’intellectuel Bernard Henri-Lévy a déclaré : « Je suis très bouleversé et très secoué. Quarante ans de vie intellectuelle, de combats et de colères partagées ». Il était « le seul de mes contemporains avec lequel j’avais le sentiment de partager le même souci du monde et de l’autre », a ajouté BHL.