Opéra Garnier: Des travaux sur les loges suscitent une vive polémique
CULTURE•L’Académie des Beaux-Arts et autres défenseurs de l’édifice demendent l’abandon de ce projet. Une pétition a même été lancée en ligne…A.G. avec AFP
Les changements qui doivent être opérés à l’Opéra Garnier suscitent la colère. Des travaux sur les loges historiques de la salle de l’Opéra Garnier, à Paris, qui doivent permettre de gagner des places, suscitent les critiques de défenseurs du célèbre édifice qui demande l’abandon de ce projet.
« La salle de l’Opéra Garnier est un ensemble dont tous les éléments, structure, loges, balcons, cloisons, participent à l’ordonnance et à l’harmonie d’une architecture unique, conçue dans sa totalité par Charles Garnier », explique l’Académie des Beaux-Arts.
Élaboré au premier semestre 2014, le projet consiste à remplacer, sur certaines des loges de la salle, des cloisons « amovibles » et « très abîmées » par des cloisons « mobiles et facilement rétractables » permettant de gagner 30 places supplémentaires «, indique de son côté la direction de l’Opéra dans un communiqué. » Une fois le spectacle terminé, la cloison reprend sa place et l’apparence de la salle, avant et après les spectacles, ne sera en rien modifiée", précise la direction.
« Rompre un équilibre »
Mais pour l’Académie des Beaux-Arts, « supprimer les cloisons qui séparent les loges, c’est rompre un équilibre, porter atteinte à une harmonie architecturale mais ignorer aussi une fonction sociale propre à la fin du XIX siècle ». L’institution demande donc « que les travaux de démontage des cloisons soient immédiatement interrompus et le projet définitivement abandonné ».
« C’est une affaire mal conçue et une mauvaise action que l’on est en train de faire commettre à mon ami Stéphane Lissner, le directeur de l’Opéra », a déclaré l’un de ses prédécesseurs, Hugues Gall, qui est aussi membre de l’Académie des Beaux-Arts.
Digne des « destructions à Palmyre »
« Le Palais Garnier a cette particularité d’être resté inchangé depuis qu’il a été conçu par Charles Garnier et ses équipes, à l’exception du plafond de Chagall rajouté par André Malraux en 1964 », a-t-il ajouté. Pour lui, la suppression des loges de la salle est digne des « destructions à Palmyre ».
Hugues Gall est aussi signataire d’une pétition mise en ligne sur le site change.org, sous le titre « Non à la défiguration du Palais Garnier » et adressé à Stéphane Lissner. Elle avait reçu, samedi, quelque 2.300 soutiens.
Construit de 1861 à 1875, l'Opéra Garnier est un modèle d'architecture du Second Empire. Classé monument historique en 1923, il est visité chaque année par plus de 700.000 touristes et accueille environ 300.000 spectateurs.