Goncourt: Et si les finalistes étaient des prétendants au Ballon d'Or?
SPORT•Les jurés du Goncourt ont écarté l'ultra-favori Boualem Sansal. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan l'emportera mardi?...Romain Baheux et Annabelle Laurent
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
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[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
>> Retrouvez toute la rentrée littéraire 2015 par ici
Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
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Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
>> Retrouvez toute la rentrée littéraire 2015 par ici
Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
un roman foisonnant[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Com
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
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Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
>> Retrouvez toute la rentrée littéraire 2015 par ici
Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
>> Retrouvez toute la rentrée littéraire 2015 par ici
Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?
[Compétition, jeux d'influence et gros sous: les prix littéraires n'ont rien à envier à la course au Ballon d'Or, on vous a expliqué pourquoi par ici. En l'honneur du Goncourt, on a décidé de pousser la logique jusqu'au bout, à force de bons gros clichés de journaliste sportif...]
Ils ne sont plus que quatre. Après avoir écarté l'ultra-favori Boualem Sansal, les jurés du Goncourt rendent leur verdict chez Drouant ce mardi à 13h. En attendant, tout le monde spécule sur l'identité du futur lauréat du célèbre bandeau rouge. Qui de Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour ou Tobie Nathan sera sacré? Qui sera le poulain d'Edmonde Charles-Roux, 95 ans? Qui aura tapé dans l'oeil de Bernard Pivot? Analyses avant le verdict tant attendu.
>> Retrouvez toute la rentrée littéraire 2015 par ici
Hédi Kaddour, le favori
Hédi Kaddour n’a plus ses jambes de vingt ans mais en vieux roublard du circuit, il pourrait griller tous ses concurrents dans les derniers hectomètres. Poète, traducteur, professeur et critique, le franco-tunisien est l'élément polyvalent par excellence, celui dont l'entraîneur couche le nom automatiquement sur la feuille de match. Dans Les Prépondérants, son immense talent de conteur est mis au service d'une fresque d'une société coloniale des années 1920 au Maghreb. De quoi faire lever ses supporters et la presse, mais suffisant pour mettre de côté le principe de ne pas remettre le Goncourt au lauréat de l'Académie Française? Pas impossible: Kaddour n'a été «que» ex-aequo avec Sansal et d'autres cadors comme Jonathan Littell ou Patrick Raumbaud ont déjà réussi le doublé. Autre atout, un collectif bien huilé à son service. Ultra-solide dans les moments décisifs, son éditeur Gallimard présente des statistiques folles avec 36 victoires depuis 1903. Une équipe forte et un contenu solide, Kaddour a une belle gueule de favori.
Nathalie Azoulai, au four et au moulin
Nathalie Azoulai joue sur tous les tableaux. Egalement en lice pour les prix Médicis et Femina, la romancière est récompensée de sa superbe prestation sur Titus n’aimait pas Bérénice. Attention toutefois car si le livre ravit les puristes, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous dans ce sixième ouvrage de l'auteure qui ressuscite ici Racine à partir d'un chagrin d'amour contemporain. «Le roman n’est pas assez grand public, explique un connaisseur des arcanes du Goncourt. Les jurés tiennent à leur réputation et pourraient avoir envie d'un Goncourt un peu plus vendeur que celui de Lydie Salvayre l'an dernier, plus grand public. Comme Au revoir là-haut.» Autre grande question, les Goncourt sacreront-ils de nouveau une femme, faisant d’Azoulai la 12e représentante de la gente féminine à décrocher le titre suprême? Sur l’ensemble de la compétition, ce ne serait que justice mais en sport, le mérite n’a jamais couronné personne (remember les Pays-Bas 1974).
Mathias Enard, l’homme des grands rendez-vous
Son palmarès parle pour lui: un prix Décembre en 2008 pour Zone, un Goncourt des lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants. Collectivement, cela récompenserait le jeu offensif d’une valeur montante de notre championnat. Son éditeur Actes Sud titille depuis quelques années les grosses écuries comme Gallimard, et rêve de ressentir le parfum de la victoire, humé à deux reprises ces dernières années (Laurent Gaudé en 2004 et Jérôme Ferrari en 2012). Petit bémol: en esthète, l'amoureux de l'Orient a livré un roman foisonnant, oubliant l’essentiel: l’efficacité dans la zone de vérité qu'est le succès populaire. Boussole, c'est «une belle langue, mais un gros livre un peu ennuyeux, glisse un connaisseur du milieu. C’est très excluant pour un Goncourt». Pas dit que les adeptes du beau jeu apprécient.
Tobie Nathan, l'outsider
Et s'il coiffait tout le monde à la photo-finish? Avec Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan n'a pas les faveurs des bookmakers mais son profil atypique a le don de faire trembler les défenses adverses: diplomate et universitaire, l'écrivain né au Caire en 1948 est le principal représentant de l'ethnopsychiatrie en France et a déjà une carrière riche de sept romans et d'un Prix Femina essai pour Ethno-roman en 2012. Le jury pourrait récompenser sa liberté de pensée, d'autant que Ce pays qui te ressemble, itinéraire de son enfance égyptienne, est salué comme la plus belle prestation de la carrière de l'intéressé. Problème, son équipe n'est pas forcément à la hauteur de ses prétentions individuelles. Récompensé une seule fois du Goncourt, en 1930, Stock se traîne une image de finaliste maudit à la Clermont-Ferrand. Et si Tobie Nathan était l'homme capable de leur ramener enfin le trophée tant convoité?