TÉLÉVISIONNatacha Polony: «Appeler une émission "Polonium", ça interdit la fadeur»

Natacha Polony: «Appeler une émission "Polonium", ça interdit la fadeur et les platitudes»

TÉLÉVISIONLa journaliste anime dès ce vendredi, à 22h45, sur Paris Première un nouveau talk show hebdomadaire...
Fabien Randanne

Propos recueillis par Fabien Randanne

Natacha Polony ne se sera pas éloignée du petit écran très longtemps. La saison dernière, elle était autour de la table du Grand Journal de Canal +, mais elle a choisi avant l’été de ne pas s’engager pour une année supplémentaire. La journaliste fait sa rentrée télévisuelle ce vendredi soir, à 22h45, sur Paris Première, et cette fois, c’est elle qui sera aux commandes. Dans Polonium, elle accueillera des invités aux Bains et tentera de renouer avec l’esprit des modèles cultes que sont Lunettes noires pour nuit blanches ou Droit de réponse. Avant le premier numéro, elle explique à 20 Minutes ce qu’elle attend de ce nouveau projet.

A quoi les téléspectateurs peuvent-ils s’attendre avec « Polonium » ?

Le concept, c’est « le rendez-vous des électrons libres ». L’idée est de faire une émission qui ne soit pas dans les codes habituels de la télévision - un plateau, un public qui applaudit, des magnétos… Polonium se déroulera aux Bains, un lieu emblématique de la nuit parisienne et très esthétique. On ne dit pas la même chose dans un cadre qui est beau que dans un décor froid conçu pour la télévision. Sur place, il y a la piscine, le bar, la salle de restaurant… Cela permet de s’adresser aux invités dans des décors différents, dans une ambiance chaleureuse. Et de discuter à bâtons rompus.

On vous imagine a priori peu noctambule… Aux Bains, vous vous sentez dans votre élément ?

J’aime ce qui est esthétique et ce lieu est beau. J’aime aussi les endroits où l’on se parle. Etre assise autour d’une table avec des gens et débattre, c’est mon bonheur.

Cet été, vous aviez présenté « Polonium » au « Parisien – Aujourd’hui en France » en disant que vous souhaitiez « un esprit frondeur », « de l’intelligence pétillante »…

(Elle éclate de rire) Arrêtez ! C’est la journaliste qui a condensé deux phrases, je n’y suis pour rien ! « De l’intelligence pétillante »… Je ne parle jamais de cette façon-là ! En revanche, « un esprit frondeur », oui. Je souhaite surtout que cela soit spontané et libre. Je ne veux pas que les invités se souviennent qu’ils sont à la télévision et ne disent pas ce qu’ils veulent, ce qu’ils ont dans les tripes.

Qui seront les premiers invités ?

Il y aura Arnaud Montebourg. L’émission parlera de la société française actuelle, de ce qui agite la société. Montebourg n’est plus en politique, donc on va lui parler du réel, tel qu’il le perçoit. La question du rapport au réel m’intéresse particulièrement.

Le polonium est un élément radioactif particulièrement redoutable. Les invités devront-ils être sur leurs gardes ?

C’est un élément chimique qui a valu un prix Nobel et l’entrée au Panthéon d’une femme [Marie Curie], c’est magnifique ! (Rires) Ce sont des amis qui m’ont donné ce surnom, ils pensent peut-être que je suis radioactive… (Rires) Ce titre est un clin d’œil, une forme d’ironie, et le fait qu’il choque certaines personnes, pensant qu’on ne peut pas plaisanter avec ça, me confirme que c’est un bon choix. Appeler une émission Polonium, ça interdit la fadeur et les platitudes. Il faut être à la hauteur.

Cette fois-ci, c’est vous qui êtes aux manettes d’une émission. Comment vous préparez-vous à ce nouveau rôle ?

En travaillant. C’est comme cela que je gère le stress. Si on veut acquérir la plus grande liberté possible il faut avoir beaucoup travaillé en amont, avoir bien préparé les questions… Il faut aussi du plaisir, parce qu’on est là pour s’amuser. Je veux quelque chose qui réveille les neurones, une émission où on joute, on discute, on s’énerve…

Comment obtenir un cocktail mêlant humour, légèreté, tout en évoquant l’actualité souvent dominée par des sujets clivants ?

Dans ma revue de presse sur Europe 1, je pratique beaucoup l’ironie, car je tiens à cette capacité d’avoir du second degré. Certains des sujets évoqués seront décalés et pourront paraître moins essentiels. Mais ça peut être léger, traité avec profondeur, et parler de la société. Leila Bekhti et Kheiron seront invités de la première émission pour parler de Nous trois ou rien, un film charmant qui raconte l’histoire des parents de l’acteur. Son père a vécu des choses très dures et a été obligé de fuir l’Iran, mais c’est filmé avec humour et tendresse. J’ai envie d’en parler.

Etes-vous heureuse de ne pas avoir signé pour une saison de plus au « Grand Journal » ?

Je suis heureuse parce que c’était ma décision et j’avais d’autres projets, donc je ne regarde pas en arrière. Je savais que je ne resterai pas longtemps au Grand Journal, que j’y allais pour l’expérience.

Quel regard portez-vous sur l’émission et les difficultés qu’elle rencontre du côté des audiences ?

Je connais Maïtena Biraben, je l’aime profondément et la respecte beaucoup. La manière dont les médias lui sont tombés dessus, c’est moche. La nouvelle forme du Grand Journal n’est, je pense, pas la bonne. Les émissions ont une certaine durée de vie. Maïtena n’est pas en cause.