AVENTURESSepik : On a trouvé le lieu idéal pour le prochain Indiana Jones

Sepik : On a trouvé le lieu idéal pour le prochain Indiana Jones

AVENTURESLe musée du Quai Branly, à Paris, monte une exposition autour de l’art des peuples du Sepik...
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

C’est un fleuve mystérieux, en Papouasie, au bord duquel vivent de nombreuses tribus papous : le Sepik. Actuellement au musée du Quai Branly, l’art du Sepik est exposé dans toute sa splendeur. A 20 Minutes, en découvrant cette culture particulière, on a immédiatement pensé à Indiana Jones. Un cinquième film est sérieusement envisagé avec Harison Ford dans le rôle-titre de l’archéologue inoxydable bien sûr.

Il y a au moins sept bonnes raisons pour que Steven Spielberg prenne la direction de la Papouasie.

Des Japs et des Schleus

Le Sepik a été « découvert », ou plutôt colonisé par des Allemands dès 1880. Après quoi, il y eut une forte présence japonaise avant un long chemin vers l’indépendance. Or, dans le monde d’Indiana Jones, qui dit Allemands dit nazis, les ennemis héréditaires. Hollywood adore aussi les méchants japonais, alliés des Allemands pendant la seconde guerre mondiale.

Figure (exposition Sepik au musée du Quai Branly) - Musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado

Ouille, Sepik

Indiana Jones a peur des serpents. Ça tombe bien, le Speik, terre de marais, en a. Mais surtout, il y a de terribles crocodiles, animaux totem mais aussi source de protéines animales pour les habitants qui le chassent. « Mais l’animal le plus dangereux du Sepik, c’est quand même le moustique. Ils pullulent », raconte Philippe Peltier, spécialiste des peuples du Sepik et commissaire de l'exposition. Bon, les moustiques sont moins cinégéniques que les crocodiles mais ça ira. « Chaque objet est prétexte à sculpture. Les représentations d’animaux hybrides sont très variées. On peut y voir des crocodiles-araignées, des oiseaux avec des visages humains et des corps d’insectes… »

Cannibales !

« Je n’aime pas trop parler de l’anthropophagie des Sepik parce qu’eux-mêmes en parlent peu et qu’il s’agit d’une pratique rituelle très complexe à expliquer, qui échappe au raisonnement. On ne mange pas l’autre pour se nourrir mais pour accaparer symboliquement sa force. C’est codifié, on n’ingère qu’un tout petit peu de chair ou d’os pilé. » N’empêche : des cannibales !!! Indiana Jones aux prises avec les Sepik, ça donnerait quelque chose. « Ce sont des gens assez rudes, très machos. »

Statuette de femme debout (exposition Sepik au musée du Quai Branly) - Musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado

Une forêt dangereuse

Dans la forêt, il y a des crocodiles mais il faut surtout se méfier des humains. « On a vite fait de faire une mauvaise rencontre. Un Sepik a toujours son couteau avec lui et peut égorger un ennemi à tout moment, discrètement. Il va le décapiter, cacher le corps et ramener en secret la tête au village. Il y a de vieilles querelles entre villages à cause d’assassinat comme ça. Il y a beaucoup de prestige à décapiter un adversaire. Ce sont des sociétés violentes. »

Des rites étranges

Chez les Sepik, le rituel de passage à l’âge adulte donne lieu à des danses et des chants très impressionnants, lancinants. « Franchement, quand on y assiste, on n’en mène pas large », raconte Philippe Peltier. Les masques d’ancêtres, chargés de pouvoirs magiques, sont alors de sortie. Les initiés subissent des scarifications très violentes, les tambours géants et les tambours d'eau résonnent pendant des jours et des nuits. « Les masques Sepik ont en commun de faire très peur. Moi en tout cas, ils me foutent la trouille, je ne les touche pas ! Et ceux qui les portent se parent de costumes de feuilles et de plumes, on dirait des monstres. »

Un fleuve inaccessible, une nature hostile

Le Sepik serpente entre collines et marées de Nouvelle-Calédonie. Sur ses rives vivent de nombreuses tribus. On remonte le fleuve en pirogue monoxyde, seule embarcation à pouvoir s’y faufiler jusqu’à ses sources. L’exposition du Quai Branly simule l’entrée dans un village, depuis le fleuve jusqu’à la maison des hommes, grande bâtisse où sont conservés les masques et objets liés aux ancêtres. Certains sont cachés dans une partie taboue de la maison.

Figure féminine aux jambes écartées (exposition Sepik au musée du Quai Branly) - Linden-Museum Stuttgart, photo Ursula Didoni

Des mythes érotiques

La figure de l’ancêtre est centrale. Mais il existe également des figures mythiques comme Daria. « C’est une femme terrible, très puissante et assez malveillante, une déesse-mère autoritaire mais qui distribue aussi les richesses. Je n’aimerai pas me retrouver en face d’elle… » La maison des hommes, forcément interdite aux femmes, est, symboliquement, un corps de femme. Plusieurs masques et sculptures en bois érotiques représentent ce symbole. Quand on sait le rapport compliqué d’Indiana Jones aux femmes, on imagine la cocasserie d’un Indy face à ces représentations érotiques.