FRISSONS« Revival » de Stephen King: Un cocktail d'expériences scientifiques, de blasphème et d'occultisme

« Revival » de Stephen King: Un cocktail d'expériences scientifiques, de blasphème et d'occultisme

FRISSONSLe 55e roman de l'écrivain américain Stephen King vient de sortir en France. Quels en sont les ingrédients? Et pour quelle recette ?
Joel Metreau

Joel Metreau

Après une incursion dans le polar avec Mr Mercedes, Stephen King est revenu à ses premières amours, celles que son lectorat préfère : le roman d’épouvante. Revival (Albin Michel, 23,50 euros) installe lentement une atmosphère étouffante autour des destins liés d’un pasteur et d’un guitariste devenu junkie. Avant de se jeter également dans la lecture de l’excellent trimestriel Bifrost, « revue des mondes imaginaires » consacré ce mois-ci à Stephen King, voyons comment l'auteur a mitonné son Revival.



Une bonne louchée d’Amérique profonde

Stephen King a un faible pour les petits coins tranquilles, cette Amérique des motels « trous à cafard », des culs-terreux et des bons patriotes, cette Amérique des fêtes foraines de guingois et des zones industrielles déprimantes. Revival se déroule dans la géographie fictive de l’auteur. Le roman débute à Harlow, dans le Maine, une ville déjà mentionnée dans Under The Dome et dans la nouvelle Le Corps.

Un saupoudrage de rock

L’intrigue démarre en 1962 pour s’achever de nos jours. De quoi couvrir un large pan de l’histoire musicale américaine, notamment du rock. Ça tombe bien, puisque le héros Jamie Morton embrasse une carrière de guitariste. Les tubes défilent dans Revival, on commence par le Palisades Park de Freddie Cannon et on finit notamment par une référence à Justin Bieber. La pop star canadienne à qui Stephen King adressait ce conseil l’an dernier : « Mémo pour Justin Bieber : pour la jeune célébrité, la vie est comme un banquet de nourriture gratuite. Ce qu’ils ne te disent pas, c’est que tu es souvent le dernier plat. »



Une pincée d’addiction

Qui connaît mieux le sujet de l’addiction que Stephen King ? Jusque dans les années 1980, l’auteur s’envoyait des rails et de la bibine à gogo. Dans Shining, mais aussi dans Docteur Sleep, l’écrivain a su retranscrire la soif inextinguible pour l’alcool. Dans Revival, l’héroïne pénètre le corps du musicien Jamie Morton par voie nasale et intraveineuse. Pour s’en défaire, il va s’en remettre à un autre, comme on signerait un pacte de sang avec un inconnu. La cure est parfois plus terrible que le mal.

Soixante-dix kilos de héros diabolique

Jack Torrance dans Shining ou Annie Wilkes dans Misery figurent au panthéon des êtres maléfiques imaginés par King. Ici, le révérend Charles Jacobs incarne une figure paternelle et onctueuse. Mais après la mort de ses proches, sa personnalité devient peu à peu vénéneuse et nauséabonde. A-t-il vraiment en foi en Dieu ou son souci de guérir les autres de leurs maladies n’est-il qu’un blasphème ?

Un concentré d’expériences scientifiques ou occultes

Il faut lire Revival avec les doigts dans la prise. Car le pouvoir magique de l’électricité est au centre de l’œuvre. Comme dans Frankenstein, les protagonistes font joujou avec des forces qui les dépassent. Stephen King dédie d’ailleurs fort justement son roman à Mary Shelley, mais aussi à H.P. Lovecraft, un de ses mentors. « Les sciences, dont chacune tend dans une direction particulière, ne nous ont pas fait trop de mal jusqu’à présent ; mais un jour viendra où la synthèse de ces connaissances dissociées nous ouvrira des perspectives terrifiantes sur la réalité et la place effroyable que nous y occupons », écrivait Lovecraft dans L’Appel de Cthulhu. Une citation à méditer une fois Revival terminé.

Un nappage de fin réussie

Chez Stephen King, ça se termine parfois mal pour le lecteur. Dans Under The Dome, la conclusion était tellement tirée par les cheveux que c’en était douloureux. Dans Revival, le final électrique est plus proche de celui, satisfaisant, de son roman Simetierre. Même si on regrette que l’auteur semble avoir traîné des pieds avant de livrer l’effroyable vérité.