Art ContemporainPop art : Andy Warhol n’était pas seul au monde

Pop art : Andy Warhol n’était pas seul au monde

Art ContemporainUne exposition à Londres témoigne que ce courant artistique s’est disséminé sur plusieurs continents….
Joel Metreau

Joel Metreau

L’esprit du pop art a soufflé sur le monde. Il n’a pas seulement été cantonné à l’Amérique du Nord, avec Andy Warhol et Roy Lichtenstein en figures de proue. L’expo The World Goes Pop, qui se tient à la Tate Modern à Londres jusqu’au 24 janvier 2016, montre comment sur les différents continents les artistes se sont approprié cette forme d’expression d’artistique.

Valentine de Evelyne Axell et Guitarist de Cornel Brudascu. - Evelyne Axell/DACS 2015/Cornel Brudascu

Une femme à dézipper

Beaucoup de femmes artistes d’ailleurs. L’artiste belge Evelyne Axell, morte à 37 ans dans un accident de voiture en 1972, avait d’abord pour mentor René Magritte. Une de ses œuvres la plus célébre, Valentine (1966), montre la silhouette d’une femme avec une tirette sur le corps. On peut interagir avec elle, tout comme la pochette zippée de l’album Sticky Fingers imaginée cinq ans plus tard par Andy Warhol pour les Rolling Stones. Dans le monde, le pop art rejoint les préoccupations contemporaines sur l’émancipation de la femme.

Pilules capsules conciliabules - Bernard Rancillac/DACS 2015

Et il n’y a pas que les femmes pour interroger leur statut. En France, Bernard Rancillac livre un tableau aux couleurs criades et en deux parties : d’un côté un fœtus, de l’autre une femme qui chuchote à l’oreille d’une autre. Quel secret partagent-elles ? La réponse est peut-être dans le titre de l’œuvre : Pilules capsules conciliabules, qui fait à la fois référence à une méthode contraceptive qu’à une assemblée de prélats.

De la Pologne au Brésil

Andy Warhol questionnait l’avènement de la société de consommation. Dans les autres pays, on se fait aussi l’écho des combats politiques. En Pologne, pour dénoncer la censure du régime communiste, Jerzy Ryszard Zielinski peint des bouches cousues. Dans son œuvre Bez Buntu, une langue sort littéralement d’un tableau pour être clouée au sol. Au Brésil, l’artiste Marcello Nitsche réalise en 1967 Kill Fly. Cette sculpture en papier mâché représentant une main géante qui agrippe une tapette à mouches rappelle que le Brésil vit désormais sous la dictature.

American Interior #1 - Erró/Bildrecht Wien


La guerre du Vietnam marque les consciences à travers le monde. Le collectif espagnol Equipo Realidad détourne L’homme de Vitruve de Leonard de Vinci en plaçant un G.I au centre du cercle. De son côté, en 1968, l’Islandais Erró avec ses American Interiors renverse les perspectives. Dans American Interiors n°1, des soldats vietcongs se présentent aux fenêtres d’une chambre occidentale paisible et horriblement banale.

Doll Festival (1966) du Japonais Ushio Shinohara. - Ushio Shinohara

Tandis que le pop art à la Warhol célèbre les icônes (Marilyn Monroe, Elvis Presley…), dans le monde, c’est la foule contestataire qui est plutôt mise en valeur. Nicola L, née au Maroc, a créé une chose intrigante appelée Red Coat Skin For Everyone. Soit onze manteaux en vinyle rouge reliés les uns aux autres et dans lesquels se sont notamment glissés les musiciens brésiliens Caetano Veloso et Gilberto Gil lors du festival de Wight en 1969. Des années plus tard l’artiste Nicolas L raconte au Guardian : « L’idée, c’était de faire une œuvre d’art où tout le monde partage la même peau. » Une intention qui n’a pas perdu de sa pertinence aujourd’hui.