BDGainsbarre fait des bulles

Preview BD: Gainsbarre fait des bulles

BDLes éditions Jungle et « 20 Minutes » ont le plaisir de vous présenter un biopic sobrement intitulé « Gainbourg »…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

«Gainsbarre », « L’homme à tête de choux », « Lucien Grix »… Même s’il est mort il y a près de 25 ans, on affuble toujours Serge Gainsbourg de ces surnoms qu’il affectionnait tant. C’est le signe que l’artiste et son œuvre demeurent dans le cœur du public, en France comme à l’étranger. Pour entretenir son souvenir - et satisfaire une vieille envie de fan -, le scénariste François Dimberton, assisté du dessinateur Alexis Chabert, signe une biographie de Lucien Ginsburg (le vrai patronyme de Gainsbourg) en bande dessinée. 20 Minutes vous en propose une preview des dix premières pages, à la suite de laquelle François Dimberton explique ses intentions. Bonne lecture !

Résumé : Fils d’émigrés russes, Serge Gainsbourg a révolutionné la variété française des années 1970. Son approche volontairement commerciale née de son propre échec dans la chanson à texte a bouleversé les codes de la chanson populaire. Cette rage de gagner sa place dans un domaine qui n’était pas le sien lui aura brûlé les ailes aussi sûrement qu’il nous aura donné des chefs-d’œuvre. Immense poète noyant dans l’alcool ses rêves d’enfance, Serge Gainsbourg fait partie de ces hommes qui nous rappellent que l’ambiguïté des sentiments est sans issue…

Un diamant à facettes multiples

Auteur-compositeur-interprète, pianiste, artiste peintre, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste… Les domaines d’activité de Gainsbourg étaient aussi nombreux que ses traits de personnalité : du compositeur virtuose, parfois visionnaire, au showman provocateur (on se souvient de l’épisode au cours duquel il brûla un billet de 500 francs en direct pour illustrer l’impôt auquel il était soumis, ou ses propos injurieux, toujours en direct, en direction de Whitney Houston), ça a souvent été « Je t’aime, moi non plus » entre Gainsbarre et le public. Tous ces aspects et bien d’autres, moins connus, sont passés en revue dans Gainsbourg, album qui relate, de manière admirablement neutre, la vie de l’artiste de sa naissance à sa disparition.

« Au départ, l’album est une demande des éditions Jungle pour qui j’ai déjà écrit deux bio en BD, sur Coluche et Johnny, concède François Dimberton. Bien entendu, je connaissais Gainsbourg. Ayant 62 ans, j’ai même, d’une certaine façon, grandi avec lui. C’était un poète, un immense musicien mais aussi un homme en grande souffrance. Donc un très beau sujet, très émouvant. »



Aucune révélation

Riche et mouvementée, la carrière de Gainsbourg semble pourtant difficilement synthétisable, malgré les 80 pages que compte le livre. « Il est certain qu’il a fallu résumer, simplifier, aller à l’essentiel et creuser pour aller chercher au plus profond de l’artiste », se souvient François Dimberton. Le récit s’apparente donc à un catalogue exhaustif des évènements qui ont jalonné la carrière de Gainsbourg. « Il n’y a pas de révélation, ce n’est pas l’objectif. L’art de la BD permet de « faire vivre » le personnage, de le mettre en scène gamin, ado, jeune homme. On le découvre avançant dans la vie, dans sa carrière, sa vie amoureuse, le tout en images, c’est très différent d’une bio classique qui va plus loin dans les détails mais qui peine à restituer une atmosphère, un climat ».

Une bio « non autorisée »

On se demande spontanément ce qu’on pensé les proches de Serge Gainsbourg de l’album. Jane Birkin, Charlotte, Bambou, Lulu l’ont-il seulement lu, ou en avaient-ils validé le projet ? « Non, nous n’avons pas contacté la famille, précise François Dimberton. C’est toujours tentant mais il est primordial de garder une certaine indépendance dans l’écriture. Et puis je crois que ce serait plus un poids qu’une aide. Je pense que pour écrire sur une personnage connu il faut garder une distance, une distance que la famille n’a évidemment pas. Nous verrons si nous avons un retour quand l’album sera sorti. Suspense… ».

Et L’homme à la tête de choux ? Aurait-il lui-même apprécié de venir un « petit Mickey » ? « Il avait écrit, il y a longtemps, une BD pour un copain dessinateur. Donc la bande dessinée ne lui était pas étrangère. J’espère qu’il aurait aimé notre biographie », confie François Dimberton. On n’en doute pas un instant tant l’ouvrage, richement documenté et empreint d’une vraie tendresse, rend admirablement hommage à l’immense artiste - et à l’homme - que fut Gainsbourg.

« Gainsbourg », de François Dimberton & Alexis Chabert - Éditions Jungle, 14,95 euros