Millenium 4: «On m’a traité comme l’ennemi public numéro 1», raconte David Lagercrantz
Rentrée littéraire•Le romancier suédois, qui a repris la saga culte « Millénium », explique à « 20Minutes » comment il a vécu la sortie du volume 4…Benjamin Chapon
La sortie d’un quatrième volume de la saga Millénium déchaîne les passions. En Suède, notamment, où le sujet a été, de loin, le plus suivi par les médias cet été et où nombreuses polémiques ont entouré le choix des ayants droit de Stieg Larsson, décédé en 2004, de confier à David Lagercrantz la destinée de la saga.
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Le charismatique auteur se défend d’avoir relevé le défi uniquement par appât du gain et explique sa démarche à 20 Minutes.
Paris est la première étape de votre tournée promotionnelle internationale. Vous êtes une sorte de rock star.
Hélas, je n’ai pas l’endurance des stars du rock. J’ai beaucoup de mal à me reposer. Mais ça va. Je suis soulagé de pouvoir enfin parler du livre. Même si je n’ai aucun problème à parler de la controverse qui a précédé la sortie.
Comment avez-vous ressenti cette polémique ?
Je savais que l’attente serait énorme, car Millénium est un monument national en Suède, mais la presse a été vraiment agressive à mon égard. J’ai été traité comme l’ennemi public numéro 1, comme un criminel. Les journalistes ont écrit des choses affreuses sur moi, sur ma famille. On m’a considéré comme un détrousseur de cadavre. C’était vraiment dur. Je suis d’autant plus soulagé, aujourd’hui, des critiques positives et des ventes si élevées.
C’est une revanche ?
Non, je ne suis pas comme ça. J’ai l’habitude d’être dans l’œil du cyclone. Avec ma biographie de Zlatan Ibrahimovic, qui est le livre le plus vendu de l’histoire en Suède, j’avais déjà été beaucoup attaqué. J’aime ce genre de challenge.
Etiez-vous fan de la trilogie de Stieg Larsson ?
Oui mais, à ma grande honte, pas un fan de la première heure. J’étais un peu snob à l’époque, mais je me soigne, et je ne voulais pas lire, par principe, ces livres que tout le monde adorait. Mais une fois que je m’y suis mis, je les ai dévorés.
Vous êtes donc bien placé pour comprendre la position de certains fans de la trilogie qui refusent, par principe, de lire votre roman.
Oui, je comprends, mais j’espère qu’ils finiront par changer d’avis. Je ne voulais pas heurter les fans de Millénium. Il était primordial qu’ils se sentent, dans mon roman, en terrain connu, avec les mêmes personnages principaux, la même ambiance. Ensuite, j’ai construit ma propre intrigue.
On sent bien que Lisbeth est votre personnage préféré.
Oui, c’est clairement mon genre de femme, même si je m’identifie plus à Mikael Blomkvist. Lisbeth Salander est un des personnages emblématiques du siècle, une icône populaire et une figure féministe importante. Elle est forte, elle se bat avec ses traumatismes, ses démons, elle comprend et maîtrise le monde d’aujourd’hui, elle ne succombe pas au règne de l’apparence. Je suis féministe et je sais que le combat passe par de petits et de grands combats. Un personnage comme Lisbeth aide la cause féministe, je pense.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans l’écriture de ce roman ?
J’ai trouvé mon intrigue assez vite, ensuite il a fallu écrire, trouver un rythme, un style, de nouveaux personnages. Ecrire un roman est toujours un travail difficile, et chaque romancier écrit avec des contraintes. La mienne était d’être fidèle à un univers.
On parle déjà d’un tome 5, d’une adaptation au cinéma… Mais vous, à quoi aspirez-vous ? Au calme ?
Non, j’attends le prochain défi. Je vis pour ça. Pour le cinquième tome, je ne sais pas encore. Je vais peut-être passer à autre chose. Je ne vais pas passer ma vie dans les chaussures de Stieg Larsson.