Françoise Hardy assure avoir tiré un trait sur la chanson car, dit-elle, « j’ai l’impression d’avoir donné ce que je pouvais donner de mieux » en cinquante ans de carrière. L’idole des sixties, 71 ans, se bat depuis 2004 contre un lymphome, un cancer du système lymphatique.
« C’est curieux car j’ai toujours vécu en sachant de quoi j’avais envie et là, pour la première fois, je ne vois pas ce que je pourrais faire », confiait l’interprète de Message personnel en recevant l’AFP il y a quelques jours dans la chambre d’une clinique francilienne où elle récupérait de nouvelles séances de chimiothérapie.
Deux mois de « cauchemar » dans une clinique
« S’il y a une raison pour laquelle je ne suis pas partie comme tout le monde le pensait, peut-être cette raison va-t-elle s’imposer d’ici quelque temps ? », s’interrogeait Françoise Hardy, voix ferme malgré la fatigue. Elle a pu rentrer chez elle le week-end dernier après deux mois passés dans cette clinique et un printemps qu’elle qualifie de « cauchemar ».
En mars, elle a brutalement interrompu la promotion de son dernier livre après une chute qui lui a causé de multiples fractures (fémur, coude, épaule). Hospitalisée, elle est restée inconsciente pendant près de trois semaines qui ont fait craindre le pire à ses proches : « Une partie des médecins pensaient que je n’avais aucune chance, ils ont appelé Thomas [Dutronc, son fils] pour lui dire que c’était la fin et qu’il prévienne tout de suite son père [Jacques Dutronc] ».
« Aujourd’hui ça va mieux », souligne-t-elle, précisant que son traitement va se poursuivre jusqu’à la fin de l’été : « Moi qui suis contre les médicaments, j’ai pris plus de médicaments en quatre mois que tout le reste de ma vie… ».
Un filon «épuisé»
Quant à la musique, elle assure n’avoir « plus envie » : « J’ai l’impression d’avoir donné ce que je pouvais donner de mieux. Faire des textes de chansons, c’est comme si on avait un petit filon en soi, et j’ai toujours su qu’un jour ce filon serait épuisé. »
« Une autre raison, c’est qu’à partir du moment où je ne fais pas de scène [elle a abandonné les concerts en 1968], on ne peut savoir ce que je fais que s’il y a une programmation radio et télé. Or, il y a de moins en moins d’émissions où je suis susceptible de passer »
Louane? « Elle est fraîche »
Ecrire ne serait-ce qu’une chanson pour le prochain album de Jacques Dutronc ? Pas question, « je n’ai pas son esprit… », dit-elle. « Il y a plein de textes de Thomas qui lui conviendraient. Chez le père et le fils, il y a la même forme d’esprit, mais pas chez moi. Moi, la seule chose qui m’intéresse, ce sont les belles chansons d’amour », évacue la chanteuse, qui a apprécié ces derniers temps les albums de son fils - « J’adore sa reprise d’Aragon » -, de Calogero - « un très grand mélodiste » - ou même de Louane - « elle est fraîche » - mais se méfie des « chanteurs intellos ».
Parler spiritualité et défendre l’euthanasie
Françoise Hardy préfère aujourd’hui raconter ses coups de cœur littéraires, débattre des chances d’un Juppé ou d’un Fillon pour 2017, parler spiritualité ou défendre l’euthanasie : autant de sujets qu’elle aborde dans son livre Avis non autorisés (Editions des Equateurs), succès du printemps en librairie avec 73.000 exemplaires écoulés. Une réponse, dit-elle, à l'« intelligentsia qui pense parfois détenir la vérité ».