HUMOUR«Marrakech du Rire» : Une carte blanche pour les artistes?

«Marrakech du Rire» : Une carte blanche pour les artistes?

HUMOURCette 5e édition du festival a réuni des humoristes venus d’univers divers et variés…
Clio Weickert

Clio Weickert

«Quel est le point commun entre le voile et la minijupe ? Si on voit les poils, c’est que c’est trop court ! » Sur la scène du gala de clôture de cette 5e édition du « Marrakech du Rire » ce samedi soir, la jeune Diana Roz n’y a pas été avec le dos de la cuillère et a fait rire le public aux éclats. Durant cinq jours, des artistes aux registres très différents ont enflammé les nombreuses scènes de la ville ocre. Des humoristes qui ont parfois la réputation de foncer dans le tas, comme Elie Semoun ou Alban Ivanov. Mais à Marrakech, jusqu’où peuvent-ils aller ?

Des sujets sensibles

Si Alban Ivanov est catégorique, « on peut rire de tout », d’autres reconnaissent que des sujets demeurent sensibles. Pour Nawell Madani, des terrains sont glissants, comme la virginité féminine et « la première fois », « des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre ici », explique-t-elle. Le magicien Eric Antoine s’accorde sur le fait qu’il y a des limites qui tiennent à « un rapport différent à la sexualité et au couple, à la politique et à l’autorité ». Mais doivent-ils se mettre des barrières pour autant ?

« Ne pas choquer pour choquer »

Au gala, Nawell débarque sur scène en Beyoncé, robe moulante et sexy à souhait. Pour elle, on peut tout se permettre, il « faut juste trouver une manière intelligente de le faire, et ne pas choquer pour choquer ». L’important : « s’imprégner du pays et parler aux gens ». Un point de vue que partage Anthony Kavanagh, persuadé que le problème se pose finalement partout. « Au Québec, c’est devenu compliqué de rire d’une personnalité alors qu’on peut le faire sur des communautés », explique l’humoriste. Question de codes et de parti pris donc.

Elargir les horizons de l’humour

Dans son « Marrakech du Rire », Jamel Debbouze invite des humoristes venus d’univers très différents. De l’humour noir comme Jérémy Ferrari en 2013, du comique de l’absurde comme Arnaud Tsamère, ou du rire féminin et féroce de Nawell Madani. Cette année pour la première fois, lors d’une scène africaine des jeunes talents, il a également convié de jeunes humoristes peu connus du public qu’il a été dénicher en Côte d’Ivoire, au Gabon ou au Sénégal. Et les paris de la découverte, de l’ouverture et de l’éclectisme payent. Que ce soit lors du grand gala ou sur les plus petites scènes, les rires fusent, quels que soient les thèmes abordés. Hommes, femmes, footballeurs, stars de télé, musulmans, catholiques, Français ou Marocains… Tous en prennent pour leur grade. Quand le public ne suit pas, c’est que ce n’est tout simplement pas drôle.