HUMOUREric Antoine au «Marrakech du Rire»: «Mon combat, c'est l'optimisme»

Eric Antoine au «Marrakech du Rire»: «Mon combat, c'est l'optimisme»

HUMOURLe magicien totalement barré participe pour la première fois à ce festival du MDR…
Clio Weickert

Clio Weickert

Impressionnant cet Eric Antoine, par sa taille (2m07 !), mais aussi son talent. Depuis quelques années, l’artiste dépoussière le monde de la magie et nous emmène dans un univers à la fois loufoque et poétique. Lors de sa première participation au « Marrakech du Rire », 20 Minutes a pu approcher ce géant de l’illusion.

Que représente pour vous ce festival ?

C’était le dernier grand festival où je n’avais pas encore mis les pieds. J’avais vraiment très envie de le faire. Je trouve que ce festival à une gueule monstrueuse ! Rien que le gala télé, en termes d’artistes, d’écriture, de réalisation, c’est génial ! Il y a de la modernité et une recherche dans l’humour. Comme moi j’essaie de renouveler l’image de la magie, de faire délirer avec ça, ça me tentait bien de venir dans ce festival un peu « rock » !

Vous êtes un peu à part dans ce domaine, à la fois magicien et humoriste, vous vous sentez vraiment à votre place ici ?

Oui car j’ai l’impression d’appartenir aux deux familles, celle du cabaret, du cirque, mais aussi celle du café-théâtre et du stand-up. Ce qui est génial aussi ici, c’est qu’il y a plein de gens qui me découvrent ! Je dois tout remettre à plat. Quand je venais sur mes premiers festivals, j’étais un peu obligé d’expliquer qui j’étais : un mec totalement barré, rock’n’roll, les cheveux hérissés, qui peut être un peu trash, un peu sexe, mais en même temps poétique et philosophique parfois… Ces clés, je les ai données au fur et à mesure des années au public francophone, c’est vrai qu’ici il y en a un paquet qui me découvrent. Je me suis donc posé beaucoup de questions pour être à la hauteur. C’est un peu flippant !

Vous avez un personnage très rentre-dedans, vous avez pu tout vous permettre ?

On m’a dit de faire gaffe mais j’y suis allé quand même. Par exemple, je rentre en scène avec mon fameux « check », et après je fais aussi un « check bite ». Je l’ai fait et ça a très bien marché !

Est-ce qu’on ne se mettrait pas des limites pour rien finalement ?

Si ! Mais la pire censure, c’est l’autocensure ! Les gens se convainquent de limites qui ne sont que des limites intérieures ! Et c’est un drame terrible. En ce moment, en France, on connaît énormément ça. Tout est en train de s’assagir, de s’égaliser, les discours se lissent et c’est évident que notre génération d’humoristes est beaucoup moins percutante que celle d’avant. Nous sommes beaucoup moins transgressifs. Et c’est un peu triste. Moi si j’ai un combat, c’est l’optimisme. Je pars de la ringardise la plus totale, la magie qui est un art poussiéreux. C’était un petit défi de ramener cet art au-devant de la scène. Aujourd’hui je veux que ce soit un orgasme festif et que les gens se disent s’il le fait, pourquoi pas nous ?