Les politiques sont des petits Mickey comme les autres
BANDE DESSINEE•Avant la sortie du «Château», «20 Minutes» recense les albums consacrés à Hollande, Sarkozy et les autres…Olivier Mimran
«Croquer» les puissants pour faire rire le peuple est une tradition bien ancrée en France, et la bande dessinée est le support privilégié de ce genre d’exercice. Depuis quelques années, les titres consacrés aux «monstres» politiques hexagonaux suivent d’ailleurs une courbe exponentielle. Et les biographies classiques sont de plus en plus souvent remplacées par des récits caricaturaux, qui s’articulent essentiellement autour des travers de nos élus. 20 Minutes vous le prouve par l’exemple avec douze titres plus ou moins récents.
La fonction fait le volume
Rien ne vaut la magistrature suprême pour envahir les rayons des librairies spécialisées. François Hollande et Nicolas Sarkozy peuvent en témoigner, eux dont les (més)aventures graphiques se multiplient comme des petits pains. Depuis l'élection du premier, il n'y en a que pour lui dans Hollande et ses deux femmes, de Renaud Dély et Aurel (2013, éd. Glénat) ou Jusque-là tout est normal, de Martin Vidberg (éd. Delcourt). Fin 2012 était également sorti Campagne présidentielle, dans lequel Mathieu Sapin racontait sa couverture de la campagne dans les pas de François Hollande. Le même auteur publiera d’ailleurs, jeudi, Le Château (éd. Dargaud), dans lequel il relate son séjour à l’Elysée -sur invitation du président lui-même! (retrouvez mercredi une preview exclusive des 10 premières planches et l’interview de Mathieu Sapin sur 20 Minutes). Avant lui, l'ex-maire de Neuilly avait inspiré le Dico Sarko de Charb (2008, éd. 12bis), La face karchée de Sarkozy, de Richard Malka, Riss et Philippe Cohen (2006, éd. Vents d’Ouest) ou Sarkozy et ses femmes et Sarkozy et les riches, de Renaud Dély et Aurel (2011, éd. Glénat).
Les subalternes
Certain(e)s ont également eu droit à leur album, comme Rachida Dati (Rachida, au nom des pères, d’Y. Derai, M. Paulo et B. Swysen, 2013, éd. 12bis), mais surtout Dominique de Villepin, qui a inspiré à Abel Lanzac et Christophe Blain le génial Quai d’Orsay (2010-11, éd. Dargaud). Récemment adapté au cinéma par Bertrand Tavernier, ce gros succès éditorial a fait date puisque son premier tome a remporté le Grand Prix RTL de la BD 2010 et un dBD award en 2011, alors que le second volume a été couronné du Fauve d’or du meilleur album au festival d’Angoulême 2013.
Les «vilains», ou vus comme tels
Jean-Marie Le Pen (dès 1988 avec Le Gros Blond avec sa chemise noire, de Cabu - éd. Albin Michel) et sa fille Marine dans La Vie secrète de Marine Le Pen», de Caroline Fourest et Jean-Christophe Chauzy (2012, éd. Drugstore) ont bien sûr été croqués. Signalons également l’excellent Ahmadinejad atomisé», de Mohamed Sifaoui et Philippe Bercovici (2010, éd. Glénat), qui mettait en scène l’ancien président iranien dans une biographie non autorisée, mais absolument passionnante.
La légende
On imaginait que personne n’oserait écorner le mythe de Charles de Gaulle… et on avait (heureusement) tort! Jean-Yves Ferri, l’actuel scénariste du nouvel Astérix, s’est rendu coupable d’un hilarant De Gaulle à la plage en 2007 (éd. Dargaud) dans lequel on découvre comment le général (avec son épouse et son aide de camp) aurait passé son été 1956.
L’immense majorité des bandes dessinées consacrées à des personnages politiques se décline donc plutôt sur le ton de la farce. Mais quelques albums (comme ceux de Mathieu Sapin) s’essaient aussi désormais, et avec un certain succès, à la BD-reportage. En tout cas, quelle que soit la forme adoptée, force est de constater que nos dirigeants n’ont pas fini d’inspirer les créateurs de «petits Mickeys»!