Hip-hop à l'Institut du monde arabe: Yoshi Omori raconte les débuts du mouvement en images
INTERVIEW•Le photographe est devenu, malgré lui, l'archiviste des débuts de la culture hip-hop en France...Dolores Bakela
Yoshi Omori (Yoshi veut dire prospère, Omori grande forêt) est un photographe d'origine japonaise. Certaines de ses photos font partie de l'exposition Hip-Hop, du Bronx aux rues arabes. L'artiste a évoqué l'effervescence de ce mouvement alors naissant pour 20 Minutes.
Comment vous êtes-vous retrouvé à être l'un des témoins privilégiés du hip-hop en France?
Je suis venu à la photographie et au hip-hop par hasard! Arrivé en France en 1986, j'étais étudiant à Aix et je ne savais même pas que cela existait. Je suis entré une fois dans une librairie et j'ai regardé des photos de l'Agence Magnum. J'ai su que j'avais trouvé mon mode d'expression. Comme il ne se passait rien à Aix, j'ai «bougé» à Paris chez le frère d'un copain, Eric Boudet. Il vivait à Château-Rouge [un quartier du XVIIIe arrondissement] et il m'a entraîné à Stalingrad [un quartier à la limite des Xe et XIXe arrrondissements de Paris].
Qu'y avez-vous trouvé?
La scène hip-hop des débuts! C'était une explosion de couleurs, de créativité, avec les graffeurs, les danseurs. Ce qui me plaisait beaucoup, c'était les paysages. Je suis allé à Stalingrad jusqu'à ce qu'ils cassent le mur. A l'époque prendre des photos coûtait très cher, car il fallait les faire développer, les pelicules avaient un certain coût, mais j'ai adoré vivre ça. Même si je fais d'autres choses maintenant, je suis toujours photographe et je fais d'autres projets, mais j'ai grandi avec le hip-hop de l'époque.
Que pensez-vous du fait que la culture hip-hop investisse l'Institut du monde arabe?
Ca veut dire que le graffiti est reconnu comme un art et c'est très important.
C'est le bien le jeune Stomy Bugsy qu'on reconnaît sur la photo?
Oui, c'est bien lui, il est devenu célèbre depuis (rires)! J'ai pris cette photo lors du concert du groupe de rap américain Public Enemy. Je me suis retrouvé sur scène à côté des artistes pour prendre un cliché de la foule qui fait la couverture de l'ouvrage Mouvement. Du terrain vague au dancefloor 1984-89, avec mes photos et que Jay One et Marc Boudet ont écrit. Il a mis du temps à sortir car il a fallu demander à toutes les personnes qui figuraient sur les photos leur autorisation. Personne ne s'y est opposé, content de retrouver ces photos, ces moments de la jeunesse.
Y a-t-il une suite à ce livre?
Plein de projets sont en cours! J'ai encore beaucoup de photographies de l'époque, il y a encore des choses qui arriveront petit à petit.